L’Afrique de l’Est, terre d’attraction pour les investisseurs

[Africa Diligence] Dans la 16ème édition du rapport « Perspectives économiques en Afrique », publié par la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique de l’Est s’impose comme la sous-région la plus performante, avec une croissance moyenne du PIB réel de 5,3 %, tirée par les bonnes performances de l’Éthiopie, de la Tanzanie et de Djibouti.

Investir sur les marchés de l’Afrique de l’Est, c’est le pari d’investisseurs français qui, à l’initiative du Medef, est arrivée à Nairobi au Kenya, et qui se rendra ensuite à Addis Abeba en Éthiopie.  Quel intérêt à vouloir s’impliquer  dans ces pays qui ne sont pas des plus stables ? C’est qu’ils font partie des économies qui enregistrent des taux de croissance importants, entre 5 et 10 %, sans qu’on s’en aperçoive forcément du fait qu’ils sont distancés par les grands États, à commencer par l’Afrique du sud, l’Angola, le Mozambique, le Nigeria…Sauf que ces pays qui faisaient la course en tête marquent le pas depuis l’effondrement des cours du pétrole. Ce qui faisait leur force joue aujourd’hui comme un handicap, en plus des tensions qui traversent certains d’entre eux. C’est le cas de l’Afrique du sud.

Mais le Kenya et l’Éthiopie ont été secoués par des soulèvements et des attaques terroristes qui peuvent dissuader les investisseurs et l’Éthiopie a aussi connu des épisodes de sécheresse et de famine.

Au regard des investisseurs ce sont des marchés qui commencent à compter sérieusement.

L’un de 45 millions, le Kenya, la centaine de millions  pour l’Éthiopie qui est le second pays le plus peuplé d’Afrique dans une zone régionale qui est  principalement sous influence anglo-saxonne, et de plus en plus chinoise. Les Chinois qui revendiquent près de 300 entreprises en Éthiopie…Mais pas seulement eux, car l’Allemagne a manifesté ses ambitions vers ces pays au titre d’un plan Marshall rebaptisé plan Merkel sous forme d’encouragement à des contrats privés, les « compacts with Africa ». L’Italie veut tripler ses investissements en Afrique avec « l’Africa Act », qui est distinct de  l’aide au développement. Elle redouble d’ailleurs d’activité en direction de l’Éthiopie. Il y a de bonnes raisons à cela : une énergie qui est abondante, une main d’œuvre bon marché, un gouvernement qui attire les investisseurs par des exemptions fiscales. Et c’est comme cela que l’Éthiopie figure aujourd’hui parmi les cinq premiers pays d’Afrique à être destinataires d’investissements étrangers.

Cela n’en fait pas moins des pays encore fragiles 

Ces États compensent leurs fragilités par de grands  projets : L’Éthiopie en misant sur l’aménagement de parcs industriels calés sur les nouvelles normes environnementales pour devenir un grand exportateur textile…Le Kenya, lui, accélère les investissements dans le numérique avec des projets de développement au moment où il voit monter une classe moyenne qui pousse à l’installation de sociétés d’assurance. Mais dans tous les cas, cela suppose des investissements considérables pour la réalisation d’infrastructures. Pour ce faire l’État kenyan s’endette, au moins proclame-t-il  que c’est une dette pour l’investissement et non pour le fonctionnement. Autrement dit, des investissements censés doper l’activité, du commerce de gros à la réparation automobile…Et tout cela en dépit des lourdeurs bureaucratiques à l’heure où  les Européens ont compris qu’ils ont intérêt à passer d’une politique d’aide à l’Afrique à une politique d’investissement avec elle. C’est le sens d’ailleurs du forum qui s’ouvre aujourd’hui à Nairobi: « Stars in Africa » où patronats africains et français accompagnent des dizaines de start-up.

La Rédaction (avec Jean-Marc Chardon)