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L’Afrique face au lucratif marché du cajou

[Africa Diligence] Depuis une dizaine d’années, le marché mondial du cajou est en plein développement. Les noix de cajou figurent dans le trio de tête des fruits à coques les plus consommés dans le monde, derrière les amandes et les noix. Suivi par nos experts en veille et intelligence économique, cet appétit grandissant s’est traduit par un doublement du commerce mondial de la noix de cajou brute entre 2000 et 2018 pour atteindre 2,1 millions de tonnes (Mt).

En valeur, le volume du marché de la noix de cajou a presque quintuplé sur la même période reflétant la hausse des prix dans les années 2010. Une progression du commerce qui a largement profité aux pays africains, et en premier lieu la Côte d’Ivoire. En effet, la production africaine de noix de cajou est passée de 1,53 Mt en 2000 à 3,9 Mt en 2018, soit 63% de la production mondiale, l’Asie- Inde, Vietnam, Cambodge- comptant pour 35%.  Quel pourrait être son apport dans la croissance de l’économie africaine ?

Si l’Afrique a certes bénéficié de ce développement du marché du cajou, elle n’en a retiré qu’une faible fraction constate la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) dans son dernier rapport Coup d’œil sur les produits de base : numéro spécial sur les noix de cajou. Tant les agriculteurs que les exportateurs africains n’obtiennent qu’une fraction du prix de détail final.

L’Afrique, comme pour d’autres matières premières, comme le cacao, le coton ou encore le café, transforme peu ses noix de cajou. Environ 90% des noix de cajou brutes produites en Afrique sont commercialisées sur le marché mondial.  La valeur ajoutée est essentiellement créée an Asie, en premier lieu au Vietnam, le 1er transformateur mondial, puis l’Inde et très loin derrière le Brésil. Une valeur ajoutée aussi créée en Europe et en Amérique du Nord, principaux marchés d’importation des amandes de cajou, où 60% des noix commercialisées sont torréfiées, salées, emballées et consommées en accompagnement d’apéritifs ou incorporées dans une boisson, une barre nutritive ou dans d’autre produit.

Un manque à gagner pour l’Afrique

Ainsi, observe la Cnuced, le prix à l’exportation des noix de cajou de l’Inde vers l’Union européenne (UE) était environ 3,5 fois plus élevé que celui payé aux producteurs ivoiriens de noix de cajou – une différence de prix de 250%. Ou encore après une deuxième étape de transformation dans l’UE, le prix des noix de cajou était environ 2,5 fois plus élevé que lorsqu’elles étaient exportées de l’Inde – et environ 8,5 fois plus qu’à la sortie de la ferme en Côte d’Ivoire.

Si le manque à gagner est bien réel, l’Afrique a toutefois fortement accru la transformation de ses noix de cajou ces dernières années même si la part transformée se situe aujourd’hui à moins de 8%. En effet, les exportations d’amandes de cajou de l’Afrique vers l’UE ont augmenté de plus de vingt fois, passant de 445 tonnes en 2000 à 9 125 tonnes en 2019. Ceci représente 5,9% des importations totales d’amande de l’UE, contre 1,15% en 2000. De même pour les Etats-Unis où les importations africaines d’amande de cajou sont passées d’une moyenne annuelle de 2 053 tonnes sur la période 2000-2009 à 6 862 tonnes sur la période 2 010 à 2019. Des exportations africaines d’amandes de cajou en hausse, signe d’une volonté de plusieurs Etats de mieux valoriser la production de cajou avec au premier chef la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de noix de cajou brute (Lire notamment : La Côte d’Ivoire confirme la montée en puissance de la transformation du cajou).

L’Afrique doit davantage exploiter le fort potentiel du cajou

Le continent africain présente le plus grand potentiel pour davantage transformer les noix de cajou, qui procurent déjà des revenus à environ 3millions de petits exploitants agricoles, et réduire la pauvreté. En effet, sur les vingt pays africains qui couvrent plus de 50% de la production mondiale de noix de cajou  brute, 14 figurent dans la catégorie des Pays les moins avancés. Augmenter la transformation des noix en amande mais aussi développer davantage les autres sous-produits de la noix de cajou, comme le jus des pommes de cajou, le baume de cajou, les extraits de coques de la noix pour l’industrie chimique, et autres produits alimentaires comme le beurre de cajou, l’huile ou encore la confiture ou chutneys parmi d’autres.

Pour la Cnuced, l’Afrique peut y parvenir en prenant en compte l’ensemble de la chaîne de valeur de la noix de cajou. Ainsi, elle recommande notamment d’assurer aux agriculteurs l’accès à des semis de qualité, au savoir-faire technologique et aux informations de marché ; à former les agriculteurs à l’entrepreneuriat et à la gestion des exploitations ; à soutenir la recherche publique ; à améliorer les infrastructures rurales ; à renforcer la capacité des transformateurs pour répondre aux normes des marchés étrangers.

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La Rédaction (avec Commodafrique et MS)