L’audit interne et l’environnement culturel de l’entreprise

[Africa Diligence] Par Hermann Kwitou. Traditionnellement, l’audit interne se focalise sur l’assurance apportée quant à l’adéquation et l’effectivité des contrôles internes à l’entreprise. Les considérations d’ordre organisationnelle et stratégique sont longtemps restées en marge du travail de l’auditeur interne.

Avec l’émergence et la diversification des catégories du risque, ainsi que le renforcement de l’action du régulateur, la fonction d’audit interne a profondément évolué.Désormais, elle doit également considérer les facteurs qualitatifs intrinsèques à l’entreprise, au même titre que les contrôles internes. Cette démarche nécessite une approche d’analyse holistique des implications de l’action « humaine » au sein de l’entreprise, cette dernière n’étant pas toujours envisagée. Une approche inefficace fausse alors la perception qu’a l’auditeur sur l’exposition au risque opérationnel.

Le risque opérationnel englobe plusieurs sous catégories de risque à considérer en fonction de l’entreprise et du domaine audité. Il se définit comme le risque de perte suite à une carence ou défaillance attribuable à des procédures, personnels et systèmes internes ou à des événements extérieurs [1]. L’audit interne dans sa fonction de troisième ligne de défense, doit identifier les principales composantes du risque opérationnel relevantes pour l’entreprise. Ainsi, les auditeurs ont à leur disposition une cartographie du risque opérationnnel qu’ils utiliseront comme repère dans leur travail d’audit. Les facteurs du risque opérationnel liés aux personnels sont particulièrement importants dans ce contexte, dans la mesure où ils sont difficiles à matérialiser. Leur intensité et leur portée sont liées à l’environnement culturel de l’entreprise. Cet article décrit ce lien à double sens, pas toujours évident à cerner.

L’environnement culturel ou organisationnel et ses implications sur le personnel

L’entreprise en temps qu’entité sociale, évolue autour de valeurs plus ou moins explicites et partagées par la majorité, qui en définissent le cadre culturel. Ces valeurs, qu’elles soient inscrites dans une charte ou pas, sont très souvent présentées comme l’ « ADN » de l’entreprise. Tout employé, indépendamment de ses fonctions ou de sa hiérarchie dans l’organisation, se doit de les respecter.

En pratique, les valeurs constitutives du cadre organisationnel de l’entreprise se déclinent en un ensemble de qualités ou aptitudes attendues des personnes qui la composent. Elles sont donc une composante déterminante dans la conduite des activités de l’entreprise. Ce lien de cause à effet s’explique très souvent par le rôle prépondérant qu’elles occupent dans l’évaluation des performances individuelles. En se les appropriant, l’auditeur interne a une meilleure compréhension des attitudes personnelles et ou collectives dans l’accomplissement des tâches professionnelles. De ce fait, il a la capacité de mieux évaluer le risque associé et les facteurs sous-jacents.

L’autre dimension de l’environnement organisationnel qui impacte le risque opérationnel du personnel, est la(les) méthode(s) de travail prônée(s). Plus elle(s) est(sont) formalisée(s), plus il sera déterminant pour limiter l’utilisation du jugement personnel dans les procédures standardisées. De ce fait, l’individu peut davantage se concentrer sur les tâches analytiques, dont seule la méthodologie peut être formalisée. L’auditeur a là encore davantage d’éléments pour se juger du rôle des personnels dans l’activité auditée.

Le personnel au centre du cadre organisationnel de l’entreprise

Nous l’avons souligné plus haut, le cadre organisationnel de l’entreprise est accepté et partagé par la majorité. De ce fait, les individus qui la composent, de par leurs caractéristiques sociales et culturels, ont une influence sur cet environnement. Tout comme la société, son cadre organisationnel est susceptible d’évoluer sous l’influence des changements affectant directement ou non le personnel.

Il est important pour l’auditeur de comprendre ce lien, en particulier dans un contexte multiculturel. Un individu c’est avant toute chose un vécu, qui implique des préférences, très souvent incompatibles au sein d’une même équipe. Ces différences peuvent à leur tour impacter le travail collaboratif. Pour en limiter les effets négatifs, le management doit ériger des valeurs communes de travail, afin de faciliter le cadre collaboratif.

Le cadre organisationnel n’est pas toujours inscrit dans une charte. Cependant, il est important pour l’auditeur interne d’en comprendre les piliers au sein de l’organisation dans laquelle il exerce. Dans sa démarche, l’auditeur interne doit identifier le lien existent entre l’environnement culturel de l’entreprise et ses employés.

Hermann Kwitou

Ingénieur statisticien

Auditeur Interne

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[1] Définition de l’Autorité Bancaire Européenne.