Le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique au Burkina Faso

[Africa Diligence] Le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) a organisé une conférence-débat, le 07 septembre 2017, à Ouagadougou sur le thème : « les leviers de l’intelligence économique en Afrique ». Cette rencontre avait pour but de lancer officiellement le CAVIE-Burkina et recueillir les attentes des professionnels participants pour un Master class à venir.

 La conférence était animée par Guy GWETH, le président du CAVIE, par ailleurs fondateur de Knowdys Consulting group, un cabinet de conseil en intelligence économique et de due diligence, spécialiste des marchés subsahariens.

La question de la veille et de l’intelligence économique prend de plus en plus de l’importance dans le monde. Les entreprises et autres organisations doivent désormais inclure cette donne dans leur management pour faire face à la concurrence. Et, au niveau de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, on semble avoir pris la mesure de l’importance du sujet en développant une expertise interne. Déjà en 2011, elle avait organisé la première conférence internationale sur l’intelligence économique. Et c’est encore dans les locaux de la CCI-BF que s’est tenue cette première conférence-débat du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE). Une conférence qui devrait être suivie dans les prochains jours par un master class. Toutes choses qui permettront aux acteurs du monde économique burkinabè de mieux cerner la problématique et avoir des rudiments nécessaires pour développer sereinement leurs entreprises.

« L’intelligence économique est une guerre, pour laquelle nos entreprises ne sont pas préparées. Je crois qu’au Burkina notamment dans le secteur des banques, les managers ne dorment plus. Parmi les instruments pour pouvoir faire face à cette guerre économique, le management a mis en place au niveau des pays développés la fonction d’intelligence économique. Nous devons protéger l’information. Et Dieu seul sait que dans nos structures, l’information n’est pas protégée. Même les stagiaires qui entrent dans nos entreprises ont accès à tout. Et si l’on veut vous attaquer, c’est facile. Nos systèmes informatiques ne sont pas non plus protégés », a rappelé, d’entrée Issaka Kargougou, DG de la chambre de Commerce et de l’Industrie du Burkina Faso.

Prévue pour une heure et demie, la conférence-débat a finalement duré plus de deux heures. Elle a connu la participation de dirigeants d’organisations publiques et privées, de cadres supérieurs occupant des fonctions d’orientation et de prise de décisions stratégiques, d’officiers de l’armée burkinabè, d’enseignants et d’étudiants. Tous ces participants évoluent sur des marchés concurrentiels et pratiquent déjà la veille stratégique et l’intelligence économique à un certain niveau de la discipline.

Le CAVIE a pour objet de promouvoir les bonnes pratiques de veille et d’intelligence économique en Afrique et leur implication dans la compétitivité. Ainsi, il vise à aider les entreprises à mieux connaître le marché africain en vue d’y développer des relations commerciales. La conférence-débat du 07 septembre a permis avant tout de présenter le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) aux acteurs de l’économie burkinabè. « Le Centre africain de veille et d’intelligence économique est une association internationale à but non lucratif, qui se donne pour mission de promouvoir l’intelligence économique dans le but de permettre à l’entreprise d’avoir un mot à dire dans le concert des nations au plan économique notamment. Cela permet de réunir un certains nombres d’experts qui vont mutualiser leur savoir-faire pour que l’l’Afrique puisse subir moins les effets de la mondialisation et au contraire en tirer profit », a souligné Honoré Kietyeta, le représentant du CAVIE au Burkina Faso.

Ensuite, le conférencier du jour, est revenu sur l’approche africaine de l’intelligence économique (IE), essentiellement basée sur le renseignement humain. La troisième séquence de la conférence a permis de présenter les cinq surveillances de base, mais aussi quelques outils, méthodes et l’état d’esprit grâce auxquels on mobilise les moyens permettant de faire, soit la veille concurrentielle, soit la veille technologique, soit la veille environnementale. Pour contribuer à la compétitivité des entreprises dans lesquelles opèrent les participants, le conférencier a abordé aussi l’aspect influence. « On a brossé très rapidement les tenants et les aboutissants du lobbying à la fois au niveau international, et plus spécifiquement au niveau africain », a rappelé Guy Gweth.

« En termes d’intelligence économique, il y a chez nous un devoir impérieux de sensibilisations pour que cette thématique devienne centrale au sein de nos entreprises car nous sommes aujourd’hui dans une économie monde. Jamais dans l’histoire de l’humanité l’Afrique n’a été aussi courtisée qu’elle est aujourd’hui. Donc, si nous n’avons pas un système de défense par la protection de nos intérêts, je pense à la sanctuarisation de nos intérêts stratégiques, si nous ne mettons pas un dispositif de défense, mais aussi un dispositif offensif pour aller à la conquête des marchés extérieurs l’on risque de connaître ce que nous avons jadis connu c’est-à-dire une colonisation, mais sous un angle purement économique. Et ce sera bien dommage qu’il en soit ainsi alors que l’on a eu tous les signaux montrant qu’il fallait fait attention. Et Dieu merci il est encore temps de faire attention et de prendre toutes les mesures qui s’imposent », a prévenu Guy Gweth, le président du CAVIE.

Pour leur donner les moyens de résister à la concurrence, de protéger leur réputation, de promouvoir leur image, d’évaluer leurs forces et faibles et d’anticiper les tendances futures du marché, le CAVIE accompagne les institutions et les entreprises dans la création de cellules de veille et d’intelligence économique au sein de leur organisation.

Dans la démarche de promotion de l’intelligence économique, organiser des rencontres de ce types avec le secteur privé, échanger sur la problématique de l’intelligence économique permet donc de diffuser cette thématique au sein du secteur privé et d’accompagner le secteur privé à la mise en œuvre de démarche IE au sein de leurs entreprises.

Après la sensibilisation, l’étape suivante, c’est la formation. Et c’est dans ce cadre qu’un master class sur l’IE sera organisé dans les prochains jours par le CAVIE-Burkina.

Moussa Diallo (Lefaso.net)