Le Mali, nouveau champion du coton africain

[Africa Diligence]  Le département américain de l’Agriculture (USDA) a annoncé jeudi 25 janvier 2018 que le nouveau champion africain, le Mali, a en plus d’augmenter sa récolte, rehaussé son niveau de rendement par hectare, passant en moyenne de 832 kilos par hectare en 2016 à 933 en 2017.

Avec déjà 721 000 tonnes de fibres récoltées, le pays est certain d’atteindre à la fin de la saison, au mois de mars 2018, son objectif initial fixé à 725 000. Cette saison, le pays a profité d’une météo plus clémente que prévue, lui permettant de dépasser le Burkina Faso, ex-leader de la filière. Cette année, le pays n’atteindra que 563 000 tonnes de coton récoltées, il avait pourtant planté davantage de graines que son concurrent malien. Mais des conditions climatiques défavorables associées à des attaques d’insectes ne lui permettent de récolter que 333 kilos à l’hectare, son plus mauvais score depuis 22 ans. Depuis la tentative ratée du coton OGM, qui a finalement été abandonné en 2016, le Burkina Faso peine à obtenir de bons rendements. Des difficultés qui profitent donc à son voisin.

 Le coton, moteur historique de l’économie malienne

Au cœur d’une économie encore largement dominée par l’agriculture, « l’or blanc » fournit des revenus à 40 % de la population rurale malienne. La filière contribue également à 22 % des recettes d’exportations. Des chiffres qui font de la culture du coton un levier économique majeur, derrière celle de l’or. Processus débuté au XXe siècle, les gouvernements successifs ont, depuis l’indépendance du pays en 1960, mis l’accent sur le développement de la production, gérée par la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT). L’institution fournit aux producteurs, qui lui vendent toute leur production, les équipements nécessaires. C’est également la CMDT qui fixe les prix du coton brut.

La pollution environnementale, une menace à long terme

Génératrice de revenus et d’emplois pour les familles, la culture du coton n’en n’est pas moins menacée par plusieurs facteurs. En premier lieu, l’épuisement des sols à long terme, et la pollution causée par la sur-utilisation d’engrais chimiques. Le coton attire en effet beaucoup de parasites qui dévorent les feuilles, les capsules et les racines, et l’utilisation des pesticides menace la qualité de la terre. C’est pour une de ces raisons que le Burkina avait adopté en 2008 le coton OGM Bt de la firme américaine Monsanto, avec pesticide intégré. La semence s’est pourtant révélée impuissante face aux ravageurs, et donnait un produit de bien moins bonne qualité que la fibre d’alors, réputée pour sa qualité supérieure. Des contraintes naturelles avec lesquelles il faut s’accommoder, tout comme il faut s’adapter au prix du coton sur le marché mondial, réputé instable.

Une filière motrice pour la région

Le coton est devenu un produit d’exportation agricole par excellence au Mali, mais aussi pour la sous-région. En valeur, c’est le troisième produit exporté d’Afrique de l’Ouest, derrière le cacao et le café. L’exportation ouest-africaine est presque totalement destinée à l’Asie : 90 % de la production y est consacrée, dont 60 % pour la Chine. Seulement 8 % de la production partira pour l’Europe, et 2 % sera traitée localement.

La Rédaction (avec Marlène Panara)