Le polygone du risque de fraude en Afrique subsaharienne

[Africa Diligence] Dans un pays comme le Cameroun, une centaine d’anciens hauts responsables sont sous les verrous pour des faits de corruption et de détournement de deniers publics. Parmi eux, des « êtres généreux » capables de donner le triple de leur salaire aux pauvres. De l’argent public… Parti du triangle de Cressey, le polygone de Knowdys aide à identifier et à préserver les personnalités politiquement exposées (PPE).

Le triangle de la fraude conçu en 1953 par Donal Cressey dans « Other People’s Money : A Study in the Social Psychology of Embezzlement » a été récemment complété par les investigations de Knowdys Consulting Group sur le continent africain.

Pour l’auteur de « Other People’s Money : A Study in the Social Psychology of Embezzlement », le triptyque Opportunité, Pression et Rationalisation doit être pris en compte pour analyser le risque de commission d’une fraude. Les recherches du N°1 du conseil en intelligence économique et due diligence en Afrique, en revanche, vont plus loin « en ajoutant la Solidarité et le non-respect de la Res publica » explique Guy Gweth, fondateur du groupe de conseil et professeur de due diligence au sein du MBA « Stratégie et Consulting » de l’ESG Management School de Paris.

Avant d’aller sur le terrain, les analystes de Knowdys ont dû balayer les travaux de Hollinger et Clark qui ont longtemps laissé croire que le degré de satisfaction à l’égard de l’environnement de travail constitue un indicateur de résistance à l’égard de la tentation frauduleuse. C’est loin d’être le cas sur le continent noir. Car sur les 63 cas étudiés en Afrique centrale et de l’Ouest, de janvier à mai 2015, la satisfaction au travail n’a été un facteur dissuasif à aucun moment.

« Les résultats auxquels sont parvenus nos analystes en passant par les théories de Hollinger et Clark, explique Guy Gweth, ont été complétés par l’identification des facteurs individuels de risques et les signaux d’alerte comportementaux classiques que sont : les difficultés financières, la conscience arrangeante et la pression de l’organisation. C’est en les complétant par nos investigations que nous sommes parvenus au polygone de la fraude en Afrique.» L’exemple du Cameroun (où une centaine d’anciens hauts dirigeants sont emprisonnés pour des faits de corruption et de détournement des deniers publics) montre la pertinence du polygone de Knowdys comme nouvelle grille de lecture du phénomène de la fraude en Afrique.

Les enquêtes de Knowdys en Afrique centrale et de l’Ouest révèlent par ailleurs que 70% des cas de fraudes perpétrés par des hauts responsables des administrations publiques et privées dans les pays de la CEMAC et de l’UEMOA le sont au nom de la « soumission à l’autorité », sans d’autre avantage pour le salarié que d’obéir à son supérieur hiérarchique. Selon le cabinet de conseil, cette situation met à l’abri de nombreuses personnalités politiques qui n’ont, par conséquent, pas intérêt à l’instauration d’instruments de surveillance réellement efficaces et transparents.

Les outils de prévention et de surveillance de la fraude qui sont mobilisés par le leader du conseil en intelligence économique et due diligence en Afrique au profit des États et des organisations d’aide au développement parviennent tous à la même conclusion : plus les indices de présence du polygone de fraude sont élevés, plus le risque est avéré. Pour Guy Gweth, « les personnalités politiquement exposées doivent absolument être identifiées, sensibilisées et surveillées pour minimiser le risque de passage aux actes frauduleux. »

Selon les résultats de Knowdys, le profil du fraudeur africain moyen fait ressortir un cadre quinquagénaire, sans casier judiciaire, diplômé de l’enseignement supérieur, régulièrement connecté à internet et ayant une vie de famille. Dans deux cas sur cinq, il s’agit de femmes ayant des liens familiaux ou affectifs au sein de la direction générale de l’entreprise victime.

Awa Diallo