Le Sénégal : pays à revenu intermédiaire d’ici la prochaine décennie ?

(Africa Diligence) Le Sénégal est une zone transitoire entre le désert du Sahara au nord et les forêts tropicales au sud de l’Afrique. Il dispose de peu de ressources naturelles (zircon, aluminium et or) mais il s’agit de l’un des plus industrialisés d’Afrique de l’Ouest. Le pays aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à la prochaine décennie. Pour les professionnels en intelligence économique d’Africa Diligence, le Sénégal devra fournir beaucoup d’efforts pour y arriver, car le pays est enlisé depuis 2006 dans un équilibre de faible croissance.

Le Sénégal a longtemps connu des taux de croissance parmi les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Elle était de 2.1% en 2011, contre 3.4% en 2012. Le taux de croissance progresse de 4.0% en 2013. L’activité devrait continuer à accélérer légèrement en 2014, tirée principalement par les investissements publics réalisés dans l’agriculture et l’achèvement des grands projets d’infrastructures. Les réformes structurelles ont permis une modification importante du paysage économique du Sénégal, notamment grâce aux privatisations de nombreuses entreprises publiques dans la filière agricole et dans les infrastructures. Il reste cependant un PMA (Pays les Moins Avancés), avec près de 50% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2014.

La production industrielle devrait bénéficier d’une amélioration de la fourniture d’électricité, grâce aux mesures prises depuis 2011 dans le cadre du plan Takkal. La production minière, notamment aurifère devrait s’accroître modérément. Le secteur tertiaire devrait poursuivre son expansion grâce à la bonne tenue du secteur bancaire et de celui des télécommunications, ainsi que grâce à l’augmentation des capacités logistiques de la capitale dans les domaines aérien et maritime. Les exportations, concentrées sur les produits pétroliers raffinés, l’or, l’acide phosphorique, les produits de la mer et le ciment, resteront vulnérables à l’évolution des cours internationaux et de la conjoncture au Mali, dans la zone euro et en Inde. Elles seront également confrontées à un problème de raréfaction des ressources, pour ce qui concerne la pêche. Les remises des travailleurs expatriés et le tourisme demeureront dépendants de la conjoncture aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

L’inflation (0.8%) devrait demeurer modérée et largement en deçà du critère de convergence de 3% édictée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine, sous réserve d’une campagne agricole satisfaisante.

La mise en œuvre du programme appuyé par l’accord conclu avec le FMI en 2010 (qui ne s’accompagne pas d’une assistance financière) reste satisfaisante, bien que l’avancement des réformes de structure enregistre des progrès mitigés. Les réformes de l’Etat et du secteur énergétique ont pris du retard, ce qui est préjudiciable à l’assainissement des finances publiques et à la croissance. Du fait du poids des subventions énergétiques et des dépenses exceptionnelles liées à la situation sécuritaire dans le Sahel, et en raison du lancement d’un programme de prévention des inondations, la situation budgétaire reste tendue. Toutefois, l’émission d’une nouvelle euro-obligation (après celles de 2009 et 2011) devrait permettre de combler un écart de financement et de réduire le recours au financement de court terme sur le marché régional. Le ratio de la dette publique a cependant presque retrouvé son niveau de 2006 (avant que le pays n’ait bénéficié de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale – IADM) et la dette ne demeurera viable qui si l’assainissement des finances publiques se poursuit et que si la gestion de la politique d’emprunt reste prudente.

Par ailleurs, en dépit de la hausse des exportations, due à celle de la production locale, et de la stabilisation des importations, liée notamment à de moindres achats de denrées alimentaires, le déficit courant reste élevé. Celui-ci est financé principalement par les dons et emprunts destinés au secteur public mais les autorités s’efforcent d’améliorer la qualité de l’environnement des affaires afin d’attirer davantage d’investissements étrangers. Les réserves de change demeurent stables.

Le Sénégal a fait la démonstration d’une alternance politique exemplaire à l’occasion de l’élection présidentielle de mars 2012, remportée par Macky Sall. Toutefois, les enquêtes menées sur des membres de l’ancien régime, soupçonnés d’enrichissement illicite, attisent les tensions avec l’opposition et des dissensions sont apparues au sein de la majorité. Ces dissensions risquent de s’accroître à l’approche des prochains scrutins (locaux en 2014 puis législatifs en 2017).

Les attentes de la population en matière d’emploi, de coût de la vie, de protection sociale, mais aussi d’amélioration de la gouvernance et de lutte contre la corruption restent très fortes. Par ailleurs, l’insécurité dans la région du Sahel, bien que la situation au Mali se soit stabilisée, reste une source d’inquiétude pour les autorités. La perspective d’un règlement du conflit avec la rébellion séparatiste en Casamance, vieux de plus de 30 ans, reste lointaine, en dépit d’une reprise des pourparlers avec la principale faction rebelle.

(Knowdys Database, avec la Banque mondiale, le FMI et Coface)