Le Sénégal peut devenir un pôle régional compétitif

(Africa Diligence) Le Sénégal aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à la prochaine décennie. Cependant, il est enlisé depuis 2006 dans un équilibre de faible croissance. Il n’a pas bénéficié de la croissance rapide que de nombreux autres pays d’Afrique au sud du Sahara ont connu au cours de la décennie écoulée. Alors que le taux de croissance moyen observé au niveau du reste de la région était de 6%, celui du Sénégal ne s’est élevé qu’à 4% entre 2000 et 2010, et à seulement 3.3% depuis 2006. Mais pour les experts en intelligence économique d’Africa Diligence, le Sénégal devrait, à moyen terme, retrouver son dynamisme économique.

La reprise de l’économie sénégalaise s’est confirmée en 2013 avec un taux de croissance estimé à 4%, contre 3.4% en 2012. La croissance devrait s’accélérer pour atteindre 4.8% en 2014 et 5.3 % en 2015. Ces perspectives reposent sur la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), la nouvelle stratégie de développement à l’horizon 2035.

Le PSE vise à intégrer toutes les politiques publiques de développement. Il comprend trois axes : i) transformation structurelle de l’économie et croissance ; ii) capital humain, protection sociale et développement durable ; iii) gouvernance, institutions, paix et sécurité. Sa mise en œuvre doit se faire en trois temps. Une phase de décollage économique (2014-2018) doit être suivie par une dynamique d’émergence à l’horizon 2023, avant une phase d’expansion d’ici 2035. Le PSE entend donc augmenter la productivité de l’ensemble de l’économie sénégalaise, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Des secteurs dont les performances sont en baisse par rapport à celles réalisées par le pays dans le passé et à celles des autres pays.

Le PSE remplace la Stratégie nationale de développement économique et social (SNDES 2013-2017) et il est assorti d’un plan d’actions prioritaires sur la période 2014-18. Le lancement de neuf projets phares à fort impact économique et social avait été annoncé pour avril 2014. Le PSE pourrait cependant se heurter à des retards dans son exécution et à des aléas climatiques. L’ouverture de l’économie expose par ailleurs le pays aux fluctuations des marchés internationaux, ainsi qu’aux effets de la crise économique en Europe ou de la situation sécuritaire au Mali.

Quoi qu’il en soit, le pays peut compter sur des avantages comparatifs certains, pour mieux se positionner comme pôle régional compétitif dans la logistique et la sous-traitance internationale. Il dispose également d’atouts pour améliorer ses circuits locaux et régionaux d’approvisionnement en fruits et légumes tropicaux, en vue d’une réexportation vers les marchés demandeurs. Les infrastructures de transport (port, aéroport, rail et routes) s’avèrent relativement bonnes et le système de télécommunications est de bonne qualité. Ces atouts peuvent servir à faire du Sénégal un « parc d’affaires » et un campus régional d’excellence, même si l’accès à l’électricité et son coût pénalisent le pays (115 XOF -Fcfa BCEAO- le kWh, presque deux fois plus cher qu’en Côte d’Ivoire -63 XOF le kWh-).

Au classement Doing Business 2014, le Sénégal a perdu 2 places (178) par rapport à 2013 (176). Selon l’Agence de Presse Sénégalaise, le programme de reforme de l’environnement des affaires et de la productivité a été lancé dans ce pays le vendredi 30 mai 2014. Pour le ministre de la Promotion des Investissements et des Partenariats, ce programme entend « hisser le Sénégal parmi les pays les plus attractifs d’Afrique à l’horizon 2015 ».

Les orientations stratégiques en matière de bonne gouvernance au Sénégal se sont traduites par une meilleure gestion des ressources publiques. L’émergence de chaînes de valeur mondiales (CVM) est perçue par les autorités comme une opportunité. Il s’agit de mieux insérer le pays dans l’économie globale, en particulier dans la logistique et l’accueil d’activités industrielles pour servir les marchés d’Europe et d’Afrique de l’ouest.

(Knowdys Database, avec Perspectives économiques en Afrique et Banque mondiale)