L’évolution des cours des matières premières en 2013

[Africa Diligence] De Morgan Stanley à Goldman Sachs, les spécialistes font leurs pronostics sur l’or, le cuivre, les céréales, le café et l’huile de palme. À surveiller en même temps que les produits financiers indexés sur ces cours. Comment vont évoluer les cours des matières premières en 2013?

Reprise des métaux de base

On assiste à un  « rally » de fin d’année sur le plomb, le zinc ou l’étain, signe que le supercycle des métaux n’a pas dit son dernier mot. Goldman Sachs évoque d’ailleurs   « une renaissance plutôt qu’une fin ». La banque ne croit pas trop à une flambée des prix, mais estime que la reprise pourrait créer des pénuries sur certains métaux, créant ainsi des opportunités. Son favori ? Le cuivre. Le métal rouge a aussi les faveurs de Morgan Stanley, qui vise un cours moyen à 8.600 dollars la tonne (+ 7 %). Les stocks ne sont pas très importants et, en cas de rebond de la demande industrielle, les prix pourraient grimper. La Société Générale table aussi sur une appréciation modérée du cuivre, alors que la Chine semble entrer en période de restockage. Malgré tout, Morgan Stanley se veut prudent sur les métaux de base, en raison du déséquilibre entre l’offre abondante et la demande atone. Il reste donc à l’écart de l’aluminium, du zinc et du nickel.

Inversion pour les céréales ?

2013 devrait être l’inverse de 2012 pour les céréales : un bon premier semestre et une chute des prix au second. Pour Rabobank,  « la faiblesse de la croissance économique et les incertitudes vont peser légèrement sur la demande de produits agricoles en 2013, même si la faiblesse du dollar va permettre de soutenir les prix. […] Nous attendons une baisse des prix de l’ordre de 10 % entre le premier et le quatrième trimestre de 2013 ». En début d’année, la faiblesse des stocks de blé ou de maïs devrait encore soutenir les cours, mais les prix élevés devraient encourager les agriculteurs à planter plus de maïs ou de soja aux Etats-Unis, ce qui devrait entraîner une hausse des récoltes en 2013. Même si Rabobank reconnaît que la sécheresse, la pire depuis cinquante ans, rend encore difficile l’exercice des prévisions. Morgan Stanley et Goldman Sachs restent aussi positifs sur le soja et le maïs, même si la deuxième vient de revoir en baisse ses prévisions. Goldman anticipe une hausse des prix en début d’année, jusqu’à 9 dollars pour le maïs et 10 dollars pour le blé, avant un retournement au second semestre.   « Nous avons vraiment la conviction que les prix du maïs sont trop bas», insiste Goldman Sachs. BofA Merrill Lynch conseille de son côté de   « se préparer à une récolte décevante de blé en 2013. La saison de mai à octobre a été la plus sèche depuis cent ans au Kansas, en Oklahoma et au Nebraska ». Elle mise aussi sur une hausse des prix du blé et du maïs en début d’année.

D’autres préfèrent parier sur des  « outsiders ». Ainsi, Commerzbank aime bien l’arabica, avec un objectif à 220 pences la livre (+ 50 %), malgré la très bonne récolte de café au Brésil. Mais, traditionnellement, l’année suivante, les rendements diminuent et l’arabica, qui a perdu 40 % en 2012, devrait rebondir. Le courtier estime aussi que les investisseurs sous-estiment le potentiel du coton, qui pourrait connaître son premier déficit de production en quatre ans. Le sucre a les faveurs de Commerzbank et de la Société Générale. Enfin Rabobank mise sur une mal-aimée : l’huile de palme.

L’or a encore des fans

Le métal jaune va connaître sa douzième année de hausse, mais, pour la première fois depuis 2007, il n’a pas inscrit un nouveau record annuel. Un avertissement ? Oui, pour Goldman Sachs, qui voit l’or s’installer autour de 1.750 dollars en 2013 et en 2014. Pour la banque, qui avait prédit la flambée des prix en 1990, les taux d’intérêt réels vont remonter aux Etats-Unis en 2013, l’or perdant alors l’un de ses principaux soutiens. Mais Goldman prêche un peu dans le désert. UBS, Société Générale, Morgan Stanley ou encore Natixis restent optimistes sur l’or avec un objectif compris entre 1850 et 1950 dollars. Morgan Stanley croit aussi dans l’argent (35 dollars, + 8 %). Enfin, Société Générale parie sur le palladium, qui devrait profiter de l’arrêt des ventes de la banque centrale russe.

Pierrick FAY