[Africa Diligence] Considérée comme un secteur stratégique pour l’économie tunisienne, la production d’huile d’olive enregistrera pour l’année 2017-2018, un record. « Les quantités produites permettront au pays de se maintenir à la deuxième place mondiale en termes de volume de production, après l’Espagne ».
Cette situation très favorable n’a cependant pas fait fléchir les prix, contrairement à ce que déclarait le ministre de l’Agriculture, Samir Taïeb, le 5 septembre sur Mosaïque FM. Le taux de change Euro-Dinar en serait-t-il la cause ?
En plus de l’augmentation vertigineuse des prix des fruits et légumes, relevée ces derniers mois par les médias, le Tunisien se retrouve aujourd’hui à payer 14 dinars le litre d’huile d’olive, soit 4,7 euros. Un prix qui paraîtra « normal » pour un Européen est « exorbitant » pour le consommateur tunisien. En 2014, le litre d’huile d’olive coutait seulement 6 dinars.
Interrogé par la TAP sur cette hausse des prix, le directeur général de l’Office national de l’huile (ONH), Chokri Bayoudh, a expliqué que le prix affiché à la vente est référé à la production de la saison écoulée (2016-2017), qui est jugée faible. Il a ajouté que le prix de vente sur le marché local est lié au volume de production nationale et internationale. La thèse selon laquelle le prix serait impacté par le taux de change se révèle, donc, être en partie vraie.
« Pour la saison 2017-2018, le prix diminuera étant donnée la bonne production et la forte offre qui en découlera. Nous surveillons continuellement les prix et nous interviendrons à travers l’ONH si cela se révèle être nécessaire, pour faire que le prix reste à un niveau acceptable pour le Tunisien » a déclaré, le 5 septembre 2017, le ministre de l’Agriculture, Samir Taïeb. Il a ajouté que la consommation interne du pays n’était pas très importante en comparaison avec les quantités exportées en dehors des frontières.
En cette fin octobre 2017, une autre déclaration de M. Taïeb, lors de laquelle il avait assuré sur la Radio Culturelle que le peuple tunisien n’utilise pas beaucoup l’huile d’olive dans son alimentation quotidienne, a déclenché un tôlé sur les réseaux sociaux. Et pour cause ! Étant l’un des premiers producteurs « d’or jaune » dans le monde, le « peuple tunisien » croit en consommer beaucoup. Il n’en est rien. En effet, selon le Conseil Oléicole International (COI), les Tunisiens ne consommeraient que 1% de la production mondiale. Le pays se place ainsi, loin derrière l’Italie et l’Espagne qui en consomment, à elles deux, près de 45% de la production mondiale. Loin derrière les Européens, les Tunisiens consomment le quart de ce que consomment les Syriens et la moitié de la consommation marocaine. Samir Taïeb, n’avait donc pas tout à fait tort.
En vue de la récolte record à venir, de 300 mille tonnes, les autorités tunisiennes font savoir aujourd’hui, qu’elles envisagent d’en exporter 220 mille tonnes (80%), dont le 1/8 serait conditionné. Une aubaine pour l’État tunisien qui réalisera, à opération conclue, une recette de plus de 1.500MD. Les autorités font également savoir que cette importante source de revenus que représente l’huile d’olive bénéficiera, pour les 5 prochaines années, d’un plan de renforcement et, ainsi, 1 million d’oliviers seront plantés annuellement.
Question qualité, l’huile d’olive tunisienne se défend tout aussi bien ! Ces dernières années les producteurs se sont de plus en plus déplacés vers les salons internationaux pour faire connaitre leurs produits. Le 27 avril 2017, l’huile d’olive extra vierge « Olivko », originaire de Dougga dans la région de Béja, a remporté la Médaille d’Or du plus grand concours au monde, en la matière, organisé à New York aux États Unis. En 2017, une huile originaire de la même région, dénommée «Triomphe de Tuccabor», avait également remporté la médaille d’or au « London Olive Oil 2017 ». Une série de victoires donc, qui arrivent peu de temps après une campagne de grande envergure qui avait été organisée en Italie pour discréditer la qualité de « l’or jaune » tunisien et que nous avions vivement dénoncée à l’époque. La revanche est un plat à base d’huile d’olive tunisienne, diront les taquins !
La sortie, ces dernières années, des producteurs tunisiens vers les manifestations internationales a permis à la Tunisie d’accéder à de nouveaux marchés prometteurs, à savoir les marchés russe, indien, japonais, africain et américain. Le travail fait en matière de conditionnement, de packaging et de recherches des meilleures variétés locales telles que le « Chatoui » est en train de porter ses fruits.
Aujourd’hui, un baril de pétrole contient 159 litres et coûte 58 dollars. Le même baril rempli d’huile d’olive extra vierge vaudrait 636 dollars sur le marché international. En 2020, la Tunisie aura dépassé les 100 millions de plants d’oliviers, une source de richesses renouvelables à l’infini qui reste encore malgré tout, peu exploitée. Au-delà des retombées financières, « l’or jaune », dont les vertus pour la santé sont innombrables, est en train de céder la place à des substituts peu salutaires dans les plats des Tunisiens et tout ça, pour une question de coût.
La Rédaction (avec Sofiene Ahres)