Monsieur Lopez, ce n’est pas le moment d’investir au Burundi

[Africa Diligence] Depuis la tumultueuse réélection de Pierre Nkurunziza, fin juillet 2015, et l’assassinat à la roquette de son bras droit, le général Adolphe Nshimirimana, le 2 août suivant, il ne se passe plus une nuit sans un meurtre à Bujumbura. Alors que la déflagration semble imminente, seuls quelques investisseurs « spéciaux » peuvent se risquer à y aller. ‎ Pour les autres, ce n’est pas le moment de mettre des billes au Burundi.

Pierre Nkurunziza a été réélu, fin juillet 2015, à la magistrature suprême du Burundi. Très populaire auprès des classes défavorisées, il a remporté l’élection, dès le premier tour, avec plus de 69% des voix pour un troisième mandat. Très controversé, le scrutin s’est tenu dans climat tendu après trois mois d’une grave crise politique déclenchée par sa candidature et un coup d’État manqué en mai de la même année. Un défi à la « communauté internationale ».

Plus d’une centaine de Burundais ont perdu la vie durant ces événements et près de 175 000 personnes – dont des investisseurs étrangers – ont fui vers les pays voisins. L’assassinat à l’arme lourde, le 2 août 2015, du général Adolphe Nshimirimana, n°2 du régime et bras droit du président, a plongé le pays dans une vendetta sourde qui rappelle le début d’un film macabre. Depuis, il ne se passe plus une nuit sans un meurtre à Bujumbura.

Face aux tentatives de déstabilisation de certaines puissances occidentales dont certaines ont entrepris d’assécher les finances publiques et l’économie du pays, Nkurunziza a choisi de s’appuyer sur ses alliés chinois et tanzaniens. « Devant l’hostilité des Occidentaux relayée, par Kigali, ce sont les seuls pays que Bujumbura écoute… », explique un analyste. Transferts compris, le déficit du compte courant est passé de 8,3% du PIB en 2013 à 9,5% en 2014.

Avant le déclenchement des troubles, l’adoption et la mise en œuvre de la seconde génération du cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté depuis 2012, avait commencé à enregistrer d’excellents résultats en termes de développement humain. L’année dernière, la croissance du PIB burundais s’est établie à 4,7% contre 4,5% en 2013, principalement portée par l’agriculture et le BTP. Les projets structurants initiés dans les domaines de l’énergie et des transports et des télécommunications et soumis aux partenaires techniques et financiers pour la période 2015-2016 sont en standby. En 2014, les efforts de politique monétaire avaient réussi à stabiliser le franc burundais par rapport au dollar américain, situation compromise désormais.

Reste à savoir comment le régime de Pierre Nkurunziza sortira de l’étau de violence qui l’entoure pour redonner confiance aux investisseurs. « C’est un contexte où seules prospèrent les entreprises liées à l’industrie de l’armement et des premiers secours, explique un analyste de Knowdys qui cite pêle-mêle les produits les plus rentables : tentes, eau minérale, aliments hyperprotéinés, matériels de premiers secours, pétrole lampant, carburant et médicaments. »

Leader du conseil en intelligence économique et due diligence en Afrique subsaharienne, Knowdys Consulting Group est l’un des rares cabinets à délivrer le profiling des dirigeants locaux, des notes de veille géopolitique et des études de marché pointues sur les secteurs les plus rentables de l’économie africaine. Le Burundi est plus que jamais dans sa ligne de mire.

La Rédaction