Obama: 100 jours de puissance douce à la Maison Blanche

Depuis une soixantaine de jours, la musique mexicaine s’est enrichie d’une nouvelle tendance. Le rythme et les sonorités sont restés les mêmes ; mais les textes des artistes qui passent sur les chaînes radio-tv locales racontent plus souvent les drames de l’immigration clandestine. Un storytelling sur mesure, conçu par les gardes-côtes américains et joués par des stars mexicaines sur financement du gouvernement fédéral des Etats-Unis. Partout où George Bush préconisait les forces armées (hard power), Barack Obama emprunte la culture et le dialogue (soft power) depuis bientôt 100 jours. Jamais exécutif américain n’est paru aussi « vulnérable », aussi conciliant et non moins conquérant à la face du monde.

Par Guy Gweth

Morceaux choisis :

Vendredi 17 avril 2009: la main tendue de Barack Obama au sommet des Amériques : « Je prends devant vous l’engagement d’un partenariat d’égal à égal… un dialogue fondé sur le respect mutuel, les intérêts communs et les valeurs partagées »

Jeudi 16 avril 2009: le  président américain reconnaît la responsabilité des Etats-Unis dans le trafic de drogue au Mexique. Avec Felipe Calderon, il entend s’attaquer aux puissants cartels.

Lundi 13 avril 2009: Barack Obama lève les restrictions sur les voyages et les transferts d’argent des Américano-Cubains vers leur pays d’origine, marquant un premier assouplissement de la politique américaine envers l’île depuis son arrivée au pouvoir.

Vendredi 20 mars 2009: le président des Etats-Unis tend la main à l’Iran «Mon administration est désormais résolue à pratiquer une diplomatie qui traite la totalité des problèmes que nous avons devant nous, et à chercher à établir des relations constructives entre les Etats-Unis, l’Iran et la communauté internationale. Ce processus ne progressera pas par la menace. Nous cherchons au contraire un dialogue honnête et fondé sur le respect mutuel», dit-il dans son message sous-titré en farsi.

Jeudi 19 mars 2009: Barack Obama présente ses excuses après une regrettable allusion aux  jeux paralympiques sur le plateau de NBC. « Il s’est dit déçu de ses propres propos et a présenté ses excuses d’une façon très émouvante. Il a dit qu’il n’avait pas eu l’intention d’humilier cette partie de la population« ,  devait déclarer Thim Shriver, parlant du président.

Mercredi 4 février 2009: « J’ai foiré… J’en assume la responsabilité. » Découvrant les ennuis fiscaux de celui qu’il avait choisi comme Secrétaire d’Etat à la santé, Barack Obama fait son mea culpa sur CNN au sujet du Sen. Daschle et promet plus de vigilance à l’avenir.

Jeudi 22 janvier 2009: Barack Obama signe la fermeture des prisons de Guantanamo et des tribunaux spéciaux après avoir suspendu les procès en cours 24 heures auparavant.

Si le consensualisme du président Obama reste dans le sillage de l’attitude constante des démocrates américains, sa diplomatie irrite considérablement la droite chrétienne (bastion républicain) traditionnellement va-t-en guerre. Mais nombre d’analystes du soft power sont intrigués qu’un leader européen ouvertement pro-américain ait récemment repris les thèses de l’extrême droite américaine pour parler de « faiblesse » du président des Etats-Unis. C’est un peu vite oublier que même dans un gant de velours, l’hyperpuissance américaine reste une redoutable main de fer à la conquête du monde. Pour l’instant, la méthode Obama fonctionne et semble hypnotiser y compris Al Qaeda. Reste à savoir ce qu’il en sera pour les 1300 prochains jours.