Régis Nkodia : ce Congolais mesure l’émergence africaine à partir de son empreinte carbone

[Africa Diligence] Enfant de Brazzaville, cet expert parisien est l’un des rares Africains à calculer l’émergence grâce à l’évaluation de la quantité de gaz nocifs émis dans la nature par chaque humain ou entreprise présent sur le continent noir. Alimentation, logement ou transport, Régis Nkodia analyse l’impact de toute la chaîne d’activités des sociétés locales et des multinationales sur l’environnement africain et en déduit les responsabilités.

Ancien du 3ème cycle en relations internationales approfondies du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques de Paris, Régis Nkodia est également titulaire d’un Master « Administration Économique et Sociale » de l’université Paris XII et d’une Licence « Sciences de gestion » de l’université Paris Dauphine.

Après avoir exercé chez Bouygues, il a travaillé deux ans comme analyste chez Natixis, au sein du département LBO. Son expérience y couvre le financement de projets dans les secteurs des infrastructures de télécom et transport, des énergies renouvelables et du bâtiment réalisés en France et à l’international.

En 2015, il rejoint le groupe Caisse des Dépôts (CDC) au sein du service développement durable, en tant qu’expert investisseur chargé d’accompagner le développement des projets TIC et en charge de l’incubation de projets catalyseurs de transition énergétique.

Peu bavard, l’homme qui a accepté de répondre à nos questions n’accompagne pas seulement le directeur des investissements dans le développement de l’activité de CDC Climat et de ses filiales. Non. Il évalue aussi l’émergence de l’Afrique à partir de son empreinte carbone.

Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Oui j’y crois, car pour moi l’Afrique est incontestablement le continent d’avenir. Il suffit de contempler ses 30 millions de km2 pour se rendre compte de son immensité, de la richesse de son sol et de son sous-sol, de la diversité de ses peuples et du caractère universel de sa biodiversité. Bien sur l’Afrique c’est à ; la fois tout cela mais bien plus encore…bien que la classe moyenne est extrêmement faible et qu’elle ne croit pas véritablement mais quelque chose est en train de changer.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Pour moi, il faut de manière générale permettre d’ « actionner » les leviers qui permettraient aux jeunes entrepreneurs du continent africain de transformer des idées innovantes africaines en entreprise performante. Et par ailleurs axer des efforts sur l’amélioration du climat des affaires en Afrique.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Prendre des décisions qui faciliteraient des efforts sur l’amélioration du climat des affaires au Congo ; orienter les financements publiques du Congo vers une économie bas carbone ; et permettre au Congo de devenir un boulevard énergétique dans la sous-région.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique (CAVIE) ? 

En toute humilité, je n’ai pas la prétention de connaitre ici mieux que quiconque sur cette question de la réflexion prospective. Mais, à mon humble niveau, c’est une initiative innovante pour l’Afrique. C’est d’ailleurs quelque-chose qui aurait dû se faire depuis bien longtemps. L’Afrique en général ne manque pas d’idées, mais de lieux d’expressions où celles-ci peuvent circuler, où les dirigeants peuvent s’exposer à de nouvelles manières de penser et de gouverner ; aussi bien pour les responsables politiques, universitaires, chefs d’entreprises et acteurs de la société civile. Aux États-Unis par exemple, vous avez des centaines d’organisations créatives, influentes et intégrées dans le processus de formation des politiques publiques. Comme nous le rappelait Auguste Comte, ce sont les idées qui gouvernent le monde. Sans la vision des pères fondateurs de l’Union européenne, L’Europe n’aurait pas connu cinq décennies de paix, ni un tel degré de prospérité. Sans l’imagination et le dévouement de quelques personnes éclairées, des idées autrefois utopiques ou radicales le seraient restées : abolition de l’esclavage, fin de la peine de mort, autorisation de l’interruption volontaire de grossesse, revenu minimum pour les plus pauvres, etc. On échange aujourd’hui des « permis de polluer » pour réduire les émissions polluantes. Aucun progrès social ou économique n’a vu le jour sans émerger d’abord dans l’esprit de quelques-uns pour être ensuite débattu largement. Il est donc essentiel de se pencher sur les conditions dans lesquelles les idées politiques naissent et se diffusent, tant auprès de l’opinion que des autorités susceptibles de les mettre en œuvre. Les Think tank, comme le CAVIE) peuvent être un pont entre différentes formes de connaissances qui permettent d’analyser des problèmes complexes de manière transversale.

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