Pourquoi et comment le FCFA s’est réincarné chez les argentiers africains

[Africa Diligence] Par Cheickna Bounajim Cissé. Le 14 avril 2017, ministres des finances, gouverneurs des banques centrales et présidents des institutions régionales de la Zone franc se sont réunis à Abidjan. Le communiqué de presse diffusé à l’issue de cette réunion bisannuelle n’a dit mot ni du FCFA ni du projet de monnaie commune de la CEDEAO.

Pourtant, tout était écrit et dit pour que cette journée de vendredi soit historique pour les 155 millions d’Africains (plus de deux fois la population française) qui utilisent le franc CFA et qui vivent dans cet espace communautaire, dix fois plus grand que la France, dans lequel 10 enfants naissent chaque minute.

Dans le chaudron monétaire africain, des ruelles fumantes de Poto-Poto à Brazzaville à la lagune Ébrié en Côte d’Ivoire, du centre-ville bouillant de Douala au marché poissonneux de Soumbédioune à Dakar, l’odeur de la colère des cfobes [1] ne cesse de fumer et d’enfumer l’antre des cfiles [2] . Les dirigeants politiques de la Zone franc, trop affairés à conserver le pouvoir pour les uns ou à aller à sa conquête pour les autres, s’intéressent peu à la chose monétaire. Presque pour tous, la question du franc CFA est loin, très éloignée de leurs préoccupations et de celles de leur coterie. Interrogés par les médias et interpellés par leur opinion publique sur le franc CFA, ils détalent sans gêne, au mieux ils étalent leur gêne, préférant faire la politique de « l’oreille sourde », de la « bouche cousue » et de la « chaise vide ». L’économiste camerounais Joseph Tchundjang Pouemi aurait prévenu sur les conséquences d’une inertie des gouvernants : « Aujourd’hui, faute d’accorder aux questions monétaires l’attention qu’elles méritent, l’Afrique inflige à ses enfants, et plus encore à ceux qui ne sont pas encore nés, des souffrances tout à fait gratuites [3]. »

Quatre décennies après cette préconisation, c’est toujours le statu quo en Afrique francophone. La dernière réunion de la Zone franc est restée muette sur l’avenir du franc CFA. « Madame la Marquise, tout va très bien, surtout ne changeons rien du tout ! ». Voilà le message subliminal qui pourrait transparaître du communiqué de presse [4]  diffusé à l’issue de la réunion des argentiers de la Zone franc. Si c’est un canular, les arêtes de ce poisson sont toujours en travers de beaucoup de gorges. A contrario, si c’est un avatar, aucun antidote n’a été trouvé à ce jour pour remédier aux secrétions toxiques de ce fugu.

Cfobes versus cfiles

En marge du sommet extraordinaire de l’UEMOA qui s’est tenu le 10 avril dernier à Abidjan, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de l’organisation sous-régionale, avait donné le ton en déclarant que « le franc CFA est une monnaie saine et est entre de bonnes mains ». Venant de l’ancien gouverneur de la BCEAO et ex-directeur général adjoint du FMI, cette position n’est guère étonnante. D’ailleurs, son plaidoyer ne manquait pas d’épaisseur : « Notre constat est que le CFA se porte bien et la preuve est qu’il dispose de 5 mois d’impression de réserve alors que la norme est de 3 mois. […] La zone franc est bien gérée avec des réserves en devises très importantes, une croissance forte, une maîtrise de l’inflation et du déficit budgétaire. […] La dette extérieure est bien gérée avec une monnaie saine. » [5]  Louant les performances économiques de la zone, le dirigeant ivoirien a d’ailleurs dénoncé « toutes les informations fallacieuses qui circulent sur la solidité et la pérennité de notre monnaie » [6].

Une semaine après la sortie du dirigeant ivoirien, le président béninois, Patrice Talon, est monté au créneau pour défendre le franc CFA. « Le fait que le CFA soit en parité fixe avec l’euro n’est pas un handicap. Pas du tout. La stabilité d’une monnaie par rapport aux devises est un avantage », a soutenu Patrice Talon, lors de l’émission ‘‘Le débat africain’’ de Radio France Internationale (RFI) du 16 avril 2017. En décalage avec la position [7]  de son ministre de l’intérieur, l’ancien homme d’affaires devenu depuis peu président de la République a minimisé la portée des revendications des cfobes. « Ce débat m’amuse parfois » s’exclame-t-il, avant de poursuivre « Ce qu’il faut voir, (…) c’est si le franc CFA n’est pas trop fort, et s’il ne faut pas baisser la parité en maintenant sa stabilité avec cette grande devise qu’est l’euro ». Le dirigeant béninois plaide contre la dévaluation : « Cela va aggraver le niveau de pauvreté, parce que nos économies dans la zone UEMOA n’ont pas encore un niveau de production suffisant pour capter systématiquement les effets d’une dévaluation ou d’un ajustement monétaire » [8].

Pourtant, ils ont tort de sous-estimer le courant contestataire en imaginant que celui-ci restera à l’état de bulle de savon. Les vaguelettes de contestation d’aujourd’hui peuvent, à s’y méprendre, confluer et constituer des torrents plus crottés. En effet, la plume des frondeurs et les jérémiades de la rue peuvent former une combinaison très favorable à un mouvement plus élargi et mieux structuré. Les ondes de choc pourraient ainsi se propager dans tout l’espace communautaire. Jamais la contestation monétaire n’a été aussi forte dans la Zone franc. De quelques économistes et cadres clairsemés, presque égarés, se sont joints de nombreux jeunes étudiants, et une bonne partie de la société civile.

Face à cette revendication légitime et grandissante des populations africaines, la France a préféré calmé le jeu. Recevant son homologue ivoirien, le chef d’Etat français, François Hollande a mis la balle dans le camp des Africains. « En prévision de la réunion des Ministres de la zone franc CFA qui se tiendra en avril à Abidjan, François Hollande a réaffirmé son ouverture à toutes les propositions que les Etats membres de la zone pourraient formuler à cette occasion, rappelant que cette monnaie et cette zone appartenaient aux pays qui la composent » [9] , peut-on lire dans un communiqué de la présidence française datant du 15 mars 2017. Ainsi, le président français ne faisait que confirmer les propos de son ancien ministre des finances d’alors, Michel Sapin. Interrogé sur le sujet, en avril 2016, l’argentier français déclarait que l’avenir du franc CFA était entre les mains des pays africains : « La France est là pour accompagner. Elle est là pour garantir la stabilité de la monnaie […] C’est la décision des Africains qui s’impose, pas la décision de la France. Et j’ai toujours montré ma très grande disponibilité s’il y avait des propositions d’évolution dans telle ou telle direction, de la part de tel ou tel dirigeant » [10]

En marge d’une visite de travail au Burkina Faso le 23 mars 2017, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, arpentait dans le même sillage que son président de la République : « Il faut que l’on soit clair : la Françafrique, c’est fini. Je ne voudrais pas qu’au travers de cette question du franc CFA, on s’imagine des relations qui pourraient exister entre la France et l’Afrique qui sont d’un autre temps. Le franc CFA, c’est une monnaie africaine. Comme l’a dit le président François Hollande, nous sommes à la disposition de ces pays qui ont comme monnaie le franc CFA pour savoir ce qu’ils veulent comme orientation monétaire et économique. Il y a certes les réserves à la banque de France mais la France ne les utilise pas. Aujourd’hui, le lien qui existe entre le franc CFA et l’euro a permis une stabilité à garantir les échanges, la convertibilité. Et comme le président François Hollande a eu l’occasion de le repréciser, je le redis ici, s’il y a des propositions qui sont faites par les pays africains qui ont cette monnaie en partage, nous serons à leur disposition » [11] .

Il n’en fallu pas moins pour le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré d’inviter ses pairs à s’émanciper de la tutelle française (et européenne) pour construire une souveraineté monétaire africaine. Invité d’honneur de la 5e édition du Forum international Afrique Développement (FIAD) à Casablanca, il déclarait le 17 mars dernier : « C’est un gros défi lancé aux présidents de réfléchir pour qu’ensemble nous puissions avoir une monnaie qui permettra de réaffirmer notre indépendance, d’avoir une politique monétaire propre à nous et non pas attelée à une autre monnaie telle que l’euro ». Quelques jours après cette déclaration sentencieuse, le ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, Rémis Dandjinou s’est empressé de préciser les propos du chef d’Etat burkinabè : « La réponse du président s’inscrit dans une perspective pas à court terme mais il la pose dans une situation de réflexion dans un parcours à venir » [12]. Le coup était déjà parti ! D’ailleurs, le président burkinabè n’était pas à son premier essai. Il est resté cohérent dans ses propos. Un an plus tôt, le 7 avril 2016, dans un style moins fleuri, Roch Marc Christian Kaboré rebondissait sur la vague optative des cfobes en déclarant au sujet du franc CFA : « Il est clair que tôt ou tard c’est une discussion qu’il faudra ouvrir, au regard également des difficultés que traverse l’Europe depuis quelques années [13] . »

Sur les traces fumantes de feu Gnassingbé Eyadema, premier dirigeant africain à sonner le tocsin [14] ,  le président tchadien Idriss Déby Itno avait abordé en août 2015 le sujet tabou du franc CFA en des termes très incisifs : « Les clauses économiques entre l’Afrique francophone et la France […] tirent l’économie de l’Afrique vers le bas. […] Il faudra avoir le courage de dire que le moment est venu de couper un cordon qui empêche l’Afrique de décoller. […] Aucun chef d’État, aucun ministre, aucun Africain ne doit faire de cette question-là une question cadeau. On se pose la question, si c’est notre monnaie. Pourquoi cette monnaie n’est pas convertible. Pourquoi tous les échanges passent par la Banque Centrale de la France. Qu’est-ce que nous gagnons en mettant nos ressources dans des comptes d’opérations ? Quel est le taux d’intérêt que nous gagnons ? […] Nous avons la possibilité de frapper notre monnaie comme nous voulons. Le Franc CFA aujourd’hui c’est du papier. En deux ans, ça devient du chiffon, on ne peut même pas l’utiliser. Ça coûte cher pour frapper une monnaie, l’Afrique, les pays qui sont concernés doivent avoir la possibilité de faire un appel d’offre au meilleur offrant à qui l’on doit s’adresser pour frapper notre monnaie et cette monnaie doit être large sur toutes ses formes. Cette question n’est pas un tabou. Celui qui veut faire de cette question un tabou va tuer l’Afrique et demain on va être condamné par les générations futures » En un mot comme en mille, le chef de l’État tchadien demandait aux pays africains de se retirer de la Zone franc pour battre leur propre monnaie, sous peine de rester dans les liens de la « servitude volontaire ».

Cette sortie très médiatisée du président tchadien sur le sujet clivant du franc CFA avait été un coup de tonnerre dans le ciel bleu azur de la Zone franc. Près de deux ans après, qu’en reste-t-il ? Où sont donc passés les présidents tchadien et burkinabè ? Ont-ils été mis en minorité par leurs pairs ? Leur point de vue a-t-il évolué ? Voilà des questions de bon sens que les populations africaines pourraient, raisonnablement et légitimement, se poser sans se voir opposer un silence.

Rupture versus Réforme

La rupture, sans solution de continuité, dépourvue de tout réalisme et d’un minimum de lucidité, a un coût (politique, économique, social) rédhibitoire que les pays africains, à la situation sécuritaire précaire et aux économies anémiées, ne peuvent s’offrir, actuellement, au risque de dépasser le fond sans un fonds. Même certains « cfobes » recommandent la prudence. « À quoi cela rime-t-il de bomber le torse en prétendant avoir une nouvelle monnaie que nous serons incapables de gérer ? »[1], souligne l’économiste togolais Kako Nubukpo. Il y a près de quarante ans, le regretté professeur Joseph Tchundjang Pouemi, émérite économiste camerounais, mettait en garde contre une souveraineté monétaire mal préparée : « Une monnaie indépendante n’est pas seulement possible, elle est indispensable à une politique économique qui se voudrait nationale. Encore faut-il en faire un bon usage, bien la gérer et d’abord bien comprendre d’où elle vient et à quoi elle sert, faute de quoi elle a des chances d’être auto-réprimée[2]. »

C’est dire qu’en l’état actuel de la situation, nous privilégions à une logique de rupture brutale un impératif de changement, de renforcement, d’amélioration de l’existant pour résoudre les problèmes de développement. À ce niveau, il faut rappeler quelques notions simples d’économie monétaire en soulignant une évidence rarement mentionnée : la monnaie n’est pas la propriété des institutions financières, ni de la banque centrale encore moins des banques commerciales. Celles-ci créent de la monnaie à travers plusieurs mécanismes, dont le plus courant est l’octroi de crédit. Elles agissent aussi à mettre à la disposition des usagers les moyens nécessaires pour faciliter leurs échanges économiques. Entre le moment de sa création et celui de sa destruction, la monnaie échappe totalement à ses « géniteurs » pour se retrouver dans les mains de ses « vrais propriétaires », les agents non bancaires (les entreprises et les particuliers), qui sont les seuls habilités à la faire circuler, et cela hors du champ bancaire.

C’est dire qu’en restant dans les clous de l’Accord de coopération monétaire conclu avec la France le 4 décembre 1973, il y a bien des marges qui existent et que les Autorités monétaires et publiques de la Zone franc peuvent exploiter pour améliorer le quotidien des 155 millions d’Africains qui ont le franc CFA comme monnaie officielle. D’autant comme le Gouverneur de la BCEAO l’indique si bien « il ne faut pas confondre la gestion de la monnaie et celle des accords de coopération entre notre zone et l’Hexagone. […] Les Africains doivent gérer leur monnaie de manière qu’elle permette à leurs économies de prospérer. Nous sommes, et cela est clair pour tout le monde, dans une relation de partenariat, où chacun veille à défendre ses intérêts tout en honorant ses engagements. Nous ne demandons ni l’avis ni l’onction de la France quand nous décidons de mener des réformes. Et, lorsque nous estimons qu’il faut revoir les termes de la coopération, nous en discutons avec nos partenaires. » .

Pourtant, dans un article intitulé « L’indépendance de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest : une réforme souhaitable ? » et publié dans la Revue d’Economie du Développement 2006/1, le professeur émérite de sciences économiques Sylviane Guillaumont Jeanneney, co-fondatrice en 1976 du Centre d’Etudes et de Recherche en Développement International (CERDI), estime que « l’appartenance de l’Union Monétaire Ouest-africaine à la zone franc, qui implique le rattachement du franc CFA à l’euro et garantit sa convertibilité, est un facteur de crédibilité de la politique monétaire, qui pourrait rendre moins nécessaire un statut d’indépendance de la Banque centrale. »

Loin de s’aventurer davantage dans cette dyade entre théoriciens et praticiens de l’économie monétaire, formons l’espoir des peuples africains par des reformes simples, par ailleurs développées dans notre dernier ouvrage « Construire l’émergence, un pacte pour l’avenir ; Edition BoD ».

1-  Fabriquer sa propre monnaie

Après six décennies d’indépendance, pourquoi les pays africains de la Zone franc ne disposent-ils pas encore de leur propre imprimerie, bâtie intra-muros, pour fabriquer leur propre monnaie, si réellement le franc CFA leur appartient ? Les sommes colossales engagées pour entretenir la circulation fiduciaire ne pourraient-elles pas justifier, économiquement, l’installation d’une unité de production du franc CFA en Afrique ? Comment comprendre que les pays africains, gros producteurs de coton, ne puissent pas valoriser cette matière première en la transformant sur place pour en faire des billets de banque ?

Il semble, suivant plusieurs sources concordantes, que les francs CFA (XOF et XAF) soient fabriqués hors des frontières de ses zones d’utilisation (UEMOA et CEMAC). Ils seraient produits par les presses de l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières, une bourgade située dans l’aire urbaine de Clermont-Ferrand.

Récemment des rumeurs persistantes faisaient état de la décision des Autorités monétaires de la zone CEMAC d’imprimer sur leur sol le franc CFA (XAF). L’espoir que cela a suscité chez les populations africaines fut à la hauteur du désespoir qui s’en est suivi. En définitive, il n’en était rien, ainsi que l’a confirmé le démenti des autorités de la BEAC relayé par l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Pourtant, tout le monde le sait, l’externalisation de la fabrication du franc CFA en dehors du continent africain est une imposture économique et financière. Pour au moins deux raisons essentielles.

D’une part, la matière première utilisée pour fabriquer les billets du franc CFA est le coton. La France n’en produit pas un gramme sur son sol. L’UEMOA regorge de deux des plus gros producteurs de coton en Afrique, à savoir le Mali et le Burkina Faso. Ensuite, les dépenses d’entretien de la circulation fiduciaire pèsent sur les comptes de gestion de la BCEAO. Elles ont représenté 30 406 millions de FCFA pour l’année 2016, soit 18,4 % des charges d’exploitation générale et 11,1 % du produit net bancaire. Au total, sur la période 2004-2016, l’entretien de la circulation fiduciaire a coûté 319 660 millions de FCFA (soit 487 millions d’euros) à la BCEAO. Ce constat est partagé par l’institut d’émission qui indique que « les coûts d’approvisionnement en signes monétaires constituent une part importante des charges d’exploitation de la Banque Centrale, consécutivement à l’accroissement des prix de fabrication et des volumes de billets et pièces de monnaie à commander pour faire face à la demande. »

D’autre part, l’Afrique est censée regorger des compétences suffisantes pour fabriquer sa propre monnaie sur ses terres. Pourtant, il faut en douter. D’après le site de Jeune Afrique , les autorités de la BEAC justifieraient l’externalisation de la fabrication de leur monnaie par l’absence de « compétence pointue » en leur sein, avant de rappeler que « très peu de banques centrales impriment leurs propres billets. » Si cette information se confirmait, ce serait une véritable autoflagellation et surtout un cinglant discrédit pour le continent. Qu’on ne sache pas créer ou même innover, cela peut s’admettre – encore que… – mais qu’on ne puisse même pas copier ou seulement répéter ce qui se fait ailleurs depuis des siècles, ça s’est dramatique, à la limite offensant et avilissant. Après plusieurs siècles de domination extérieure, les pays africains de la Zone franc sont supposés être des États matures, « majeurs et vaccinés ». Ils ont subi plus de 400 ans d’esclavagisme et de colonisation, justifient d’au moins 160 ans d’expérience bancaire , utilisent depuis plus de 70 ans le franc CFA, et revendiquent près de six décennies d’indépendance politique. Si avec tout ce background, ils ne sont pas parvenus à acquérir la « compétence aigue » pour imprimer leur propre monnaie, alors il faut désespérer, envisager un « Afrexit », et les laisser définitivement sous la tutelle des « maîtres du monde » et de leur coterie, ceux au moins pour lesquels le mot « sérieux » a un sens et un contenu. Incroyable ! Nos bras nous tombent dans les mains. Comment le Maroc qui était dans la même configuration que les pays de la Zone CFA, a pu s’émanciper de la tutelle monétaire française en créant en mars 1987 sa propre unité de fabrication de billets de banque, de pièces de monnaie et de documents sécurisés (Dar As-Sikkah ), « bâtie sur un site hautement sécurisé, de dix hectares, à proximité de l’aéroport de Rabat Salé », selon les indications fournies par le site officiel de la Banque Centrale marocaine (Bank Al Maghrib ) ?

Il est donc urgent, et même vital, d’implémenter dans les zones UEMOA et CEMAC des imprimeries (fabrication et impression) du franc CFA, répondant aux meilleurs standards internationaux afin de pourvoir aux besoins des populations en monnaie fiduciaire.

Les statuts de la BCEAO encadrent l’activité d’émission monétaire en son article 12 : « En vertu des dispositions de l’article 26 du Traité de l’UMOA, la Banque Centrale a le privilège exclusif d’émettre des signes monétaires, billets et pièces ayant cours légal et pouvoir libératoire dans les États membres de l’UMOA » et en son article 15 : « La Banque Centrale veille à l’entretien de la circulation fiduciaire ». À ces missions, nous proposons d’ajouter expressément la fabrication de la monnaie fiduciaire, même si cela, implicitement, transparaît déjà dans les statuts actuels. Ce faisant, il sera nécessaire de revoir l’organisation de la BCEAO pour créer une « Direction Générale de la Fabrication des billets  ». Si par aventure, le changement institutionnel engendrerait une révision des textes de base de la BCEAO, alors l’unanimité des membres (y compris la France) sera requise.

L’objectif est d’assurer l’approvisionnement de l’économie des pays de la Zone franc en monnaie fiduciaire (billets de banque et pièces de monnaie) de haute qualité et à un coût compétitif. Les domaines de compétence de l’unité de production porteraient sur la conception des billets de banque et des documents sécurisés, l’impression de sécurité, la frappe des pièces de monnaie, le traitement et le conditionnement de la monnaie fiduciaire et le transport des fonds.

  • Par exemple, dans la zone UEMOA, les gains économiques de l’implantation de cette imprimerie communautaire seront nombreux :« à base de fibres de coton  ». En 2015, l’UEMOA a produit 2 062 093 tonnes de coton graine. Le Burkina Faso et le Mali sont les deux plus gros producteurs de coton en Afrique, avec repectivement 578 000 tonnes et 576 131 tonnes en 2015. À eux deux, ils représentent 56 % de la production de coton graine de la zone. Moins de 3 % de cette production est transformée sur place par les industries textiles locales. L’essentiel (97%) est exporté en l’état brut, avec une faible valeur ajoutée pour leurs économies nationales. Or, sauf erreur, la France n’est pas productrice de coton . Comment accepter que ce pays puisse importer notre coton à un prix modique pour fabriquer « notre propre monnaie » qu’elle nous revend à prix d’or ? La fabrication du franc CFA, intra-muros, est donc une belle opportunité et une occasion historique pour la BCEAO de « consommer local », en valorisant un produit local de grande qualité et surtout en grande quantité.
  • Création d’unités industrielles sous-traitantes dans la chaîne de valeur de la fabrication du billet de banque ;
  • Création de plusieurs emplois durables directs et indirects ;
  • Réduction sensible du coût de l’entretien du fiduciaire : sans disposer d’informations précises sur le coût d’un tel projet, on peut se référer aux chiffres officiels avancés par les responsables de la Banque de France pour délocaliser leur imprimerie de Chamalières (semble-t-il, entre autres, le lieu de confection du franc CFA) qui tourneraient autour de 100 millions d’euros, près de cinq fois moins que les sommes déboursées par la BCEAO (487 millions d’euros sur 13 ans) pour l’achat des signes monétaires. Sur cette base, on pourrait en déduire que l’investissement financier nécessaire à l’installation d’une unité de fabrique monétaire dans l’espace UEMOA pourrait être amorti en moins de 4 ans. Évidemment, c’est une indication. Plusieurs autres paramètres sont à prendre en compte notamment le know-how (formation du personnel technique et de gestion, les procédés, etc.). L’élément sécuritaire du site et des locaux de production est aussi un facteur important à intégrer. Il est même essentiel dans l’environnement actuel. Mais dans tous les cas, et quel que soit le scénario, c’est un investissement justifié sur le plan économique, financier et social.

     2-  Utiliser les avoirs en or de la Banque Centrale

Le volume du stock d’or actuellement détenu par la BCEAO est de 36,5 tonnes valorisées à 840 milliards de franc CFA à fin décembre 2016. Ce sont des avoirs oisifs dont seulement 10 % est détenu sur le territoire de l’UMOA. L’essentiel (90%) est en dépôt dans les coffres de la Banque de France pour une valeur estimée à 754 milliards de FCFA. Il faut mobiliser cette « épargne morte » au profit du financement des infrastructures des États membres de l’UEMOA.

Il y a deux solutions :

  • Vendre au moins le stock de 33 tonnes d’or détenu en France (valeur : 754 milliards de francs à fin 2016). La cession doit être faite pendant les périodes favorables du cours du métal jaune quitte à reconstituer le stock, intramuros, quand les cours se déprécieront ;
  • Monétiser le stock d’or pour lever des fonds importants sur le marché financier international à des taux concessionnels proches de 0 %.
  •  Vendre au moins le stock de 33 tonnes d’or détenu en France (valeur : 754 milliards de francs à fin 2016). La cession doit être faite pendant les périodes favorables du cours du métal jaune quitte à reconstituer le stock, intramuros, quand les cours se déprécieront ;
  • Monétiser le stock d’or pour lever des fonds importants sur le marché financier international à des taux concessionnels proches de 0 %.

Dans tous les cas, il faut rapatrier la totalité des avoirs communautaires en or dans les coffres de la BCEAO en zone UEMOA ou tout au moins, si un engagement contractuel le justifie, n’en détenir que 50 % en France.

Avec un stock de 2 435 tonnes d’or [valorisées à environ 110 milliards d’euros], soit près d’une année de production mondiale, la Banque de France est le 4e détenteur d’or dans le monde, derrière les banques centrales des États-Unis, d’Allemagne et d’Italie.  Interrogé sur les raisons de la détention de cet important stock d’or, le directeur général honoraire et Conseiller du Gouverneur de la Banque de France, Didier Bruneel, expliquait que « l’or reste le seul moyen de paiement que tout le monde acceptera quoi qu’il arrive.  » L’UMOA (huit pays réunis), avec 36,5 tonnes d’or, est classée à la 50e place mondiale, loin derrière certains pays africains : l’Algérie (25e, 173 tonnes), l’Afrique du Sud (29e, 125 tonnes), la Lybie (31e, 116 tonnes), l’Egypte (41e, 75 tonnes).

En 2013, les autorités allemandes ont décidé de rapatrier toutes leurs réserves d’or détenues en France. « Cela représente une valeur de 16 milliards d’euros, soit 374 tonnes ou 11% du total des réserves allemandes d’or qui vont traverser le Rhin d’ici 2020, a communiqué la Bundesbank.  »

C’est tout de même curieux que toutes les banques centrales du monde puissent aimer l’or, ce “métal éternel”, et que sous nos tropiques, l’institut d’émission communautaire puisse presque s’en passer et même s’en lasser, au point d’en confier la garde à la France. D’abord, en ne conservant qu’une infime partie (0,12%) des réserves mondiales d’or des banques centrales (estimées à 30 000 tonnes ). Ensuite, que ce quantum puisse être pratiquement stable durant des décennies, alors que plusieurs de ses membres, comme le Mali (3e en Afrique) et le Burkina, sont des gros producteurs d’or.

     3-  Utiliser la partie libre des réserves de change

Sans bousculer les principes fondateurs de la Zone franc, il y a une importante partie des avoirs extérieurs qui peut être utilisée au bénéfice des économies africaines. Ainsi, sur la période 2004-2014, le surplus (au-delà du niveau conventionnel de 50 %) domicilié à tort sur le compte d’opérations au Trésor français a atteint la somme astronomique de 3 256 milliards de francs CFA. S’agissant de la marge sur le taux plancher de 20 % de couverture de l’émission monétaire, elle cumulerait à 61 000 milliards de francs CFA sur la période sous revue.

Ces énormes mannes financières auraient pu être utilisées pour le financement des économies des Etats membres de l’UEMOA. Aujourd’hui, ces pays lèvent des fonds sur le marché financier régional, sous forme de bons et obligations, avec beaucoup de peine à des taux moyens de 6 % alors qu’avec la mobilisation d’une partie des réserves de change le taux pourrait être ramené à 2,5 %, voire même moins. Face au tarissement de la liquidité bancaire dans la sous-région, les quelques « Etats chanceux » qui ont pu lever des fonds sur le marché international, porteront pendant de longues années les cicatrices inamissibles d’une escapade financière solitaire, presque suicidaire. Leurs créanciers leur tiendront en laisse aussi longtemps que le système perdurerait. Comment on peut s’endetter à un « taux d’enfer » alors qu’on dispose de ressources abondantes placées sur le compte d’opérations en France qui sont rémunérées à moins de 1 %  ?

N’est-il pas plus indiqué de faire bénéficier les États de l’UEMOA de ce taux extrêmement bas pour économiser des sommes importantes qui pourraient être réinjectées dans le circuit économique ? D’autant, qu’à y regarder de très près, c’est la BCEAO en dernier ressort qui finance (indirectement) les Etats même si elle s’en défend officiellement  depuis le 31 décembre 2001 (avec l’arrêt des avances statutaires aux Etats membres). Pour s’en convaincre, il faut juste suivre l’évolution de la taille du bilan de la banque centrale qui s’est hypertrophiée ces dernières années. Règles de jeu : les Etats laissent filer leur déficit budgétaire en le faisant financer par l’émission de bons et obligations du Trésor. Les banques y souscrivent à 5% ou à 6% en empruntant sur le marché monétaire à 2,5%, empochant au passage le « spread ». In fine, c’est la Banque centrale qui gloutonne de dettes publiques.  D’où la décision prise par le Comité de Politique Monétaire de l’UMOA du 6 décembre 2016 de durcir les conditions d’accès au marché monétaire : le taux du guichet de prêt marginal a été porté de 3,5% à 4,5%, et le recours à ce guichet a été plafonné à deux fois les fonds propres des banques à partir de juin 2017.

    4- Prendre des mesures urgentes contre la fuite des capitaux

La Zone franc a le défaut de sa qualité. L’un des principes majeurs de l’Accord de coopération monétaire qui lie les pays utilisant le franc CFA à la France est la « libre transférabilité ». Pour bien encadrer cette règle, les parties prenantes à l’Accord se sont engagées  à mettre en place un contrôle de change rigoureux et efficace pour éviter une sortie massive des capitaux vers l’étranger.

Sur ce point, il faut rappeler qu’il y a deux canaux de sortie des capitaux : le secteur formel et l’informel. Le secteur formel, dit structuré ou légal, est animé par les intermédiaires habilités – les intermédiaires agréés (l’autre nom des banques) et les agréés de change manuel (ou Bureaux de change) – qui sont autorisés à exécuter des opérations financières avec l’étranger dans des conditions déterminées par la réglementation. Ils font des transferts commerciaux qui requièrent pour leur exécution une liasse de documents nécessaires pour avoir la couverture de la Banque Centrale. Pour des cas précis, limitativement cités dans la réglementation, les établissements bancaires peuvent effectuer des « transferts non documentés » aussi appelés « transferts financiers ». Mais dans la pratique, les rôles sont pratiquement inversés. Plusieurs banques préfèrent garder leurs devises (euros, dollars en général) sur leurs comptes dans les banques étrangères pour nourrir les opérations de transferts de leur clientèle sans passer par la case officielle de la Banque Centrale, qui leur semble contraignante et trop administrative ; quitte à s’exposer à des risques de marché (pertes de change) dont la maîtrise technique reste à démontrer dans plusieurs établissements. Or, il est strictement interdit aux banques de garder une position extérieure positive dont le montant excéderait 5 % de l’encours des dépôts à vue de la clientèle. Les établissements de crédit sont aussi tenus au rapatriement effectif du produit des recettes d’exportation encaissées pour le compte de leurs clients.
Pourtant, selon les chiffres officiels  de la BCEAO, le taux de rapatriement des recettes d’exportation n’a été que de 23 % en 2014, contre 17,2 % un an plus tôt. Plus inquiétant, l’institution financière communautaire a déclaré que « moins de 5 % de taux de rapatriement des recettes » d’exportation d’or a été enregistré en 2014. L’essentiel a été maintenu « dans les comptes offshore détenus par les sociétés  ».

Il y a ensuite l’informel connu sous le nom de « marché noir » ou « marché parallèle ». C’est une véritable industrie du transfert qui concurrence déloyalement les établissements de crédit et qui nourrit « l’économie souterraine ». Ses animateurs du « black », agissant en toute illégalité, disposent de tout l’arsenal nécessaire pour répondre aux besoins de leurs clients. Ils fonctionnent 24h/24, disposent de relais de proximité, et agissent avec une rapidité déconcertante. Même si ce service a un coût plus élevé que celui du secteur bancaire, il est de plus en plus prisé. Autrefois, seuls les particuliers utilisaient ce service ; maintenant, c’est un lointain souvenir. Des grosses entreprises du secteur structuré y ont de plus en plus recourt. Sans disposer de chiffres précis sur l’ampleur du phénomène, eu égard à son opacité, on peut aisément comprendre que l’informel puisse représenter la plus grosse part du marché du transfert des ménages et du commerce général. Pourtant, l’exercice peut paraître facile. Il suffit juste au Régulateur de rapporter les financements bancaires consentis aux importateurs au volume des transferts bancaires effectués pour leurs comptes par leurs banques. Quant à l’Administration fiscale, la méthode est tout aussi aisée : rapprocher les achats de produits (marchandises et matières premières) effectués par les importateurs (commerçants et industriels) à l’étranger aux « intentions d’importation » délivrées par la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence, ce qui suppose évidemment que ces sources d’information soient fiables et exhaustives.

Cette nouvelle donne, exacerbée par la concurrence rude qui sévit dans le secteur financier et les rumeurs persistantes et épisodiques d’une dévaluation du franc CFA malgré les assurances molles des Autorités publiques et monétaires de la Zone franc et de la France, pourrait pousser les agents économiques à tutoyer la réglementation bancaire et à composer avec la réglementation de changes. Les montants exacts de cette fraude massive ne sont pas connus. Par définition, comme le rappelle les spécialistes, les flux dissimulés ne se prêtent pas à la mesure. Il y a pourtant un indice.

Le Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites (FFI) dirigé par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a évalué l’ampleur du phénomène et est arrivé à la conclusion que l’Afrique perd chaque année la somme colossale de 50 milliards de dollars (environ 25 000 milliards de franc CFA), soit plus que l’aide publique qu’elle a reçue en 2012 (46 milliards de dollars). Dans certains pays africains, il y a même plus de sorties de capitaux que d’entrées. À en croire ce groupe d’experts, la fuite des capitaux illicites représenterait 3 % du PIB au Mali, contre 6 % pour la Côte d’Ivoire et 1 % au Sénégal. Selon les auteurs du Rapport Thabo Mbeki, présenté et adopté lors du 24èmesommet de l’Union Africaine tenu les 30 et 31 janvier 2015 à Addis-Abeba, l’Afrique a perdu durant les cinquante dernières années, plus de 1 000 milliards de dollars du fait des flux financiers illicites. Et le phénomène a crû de 20,2 % par an durant la période 2002-2011, selon l’Association Global Financial Integrity. Le Rapport dénonce « la menace que représentent les FFI pour le développement inclusif de l’Afrique » et appelle à « une action politique urgente pour vaincre le phénomène ». Pour Thabo Mbeki, Président du Groupe de haut niveau, « l’un des moyens importants de trouver les ressources qui permettront de financer le programme de développement pour l’après-2015 consiste à retenir en Afrique les capitaux qui sont produits sur le continent et qui doivent donc légitimement rester en Afrique . » Le développement de ces activités financières illicites a des conséquences graves sur l’économie nationale.

Il faut prendre des mesures urgentes pour diminuer les fuites de devises :

  •  Résoudre l’interchangeabilité des deux francs CFA entre les zones UEMOA (CFA XOF) et CEMAC (CFA XAF) en interconnectant les systèmes de paiement des deux banques centrales ;
  • Renforcer les mécanismes de contrôle des changes au niveau de l’Administration publique et des agents bancaires ;
  • Assouplir les conditions de transferts commerciaux pour au moins une catégorie d’opérateurs économiques en règle avec l’administration fiscale et douanière ;
  • Assécher les marchés de change parallèles en résolvant le problème à l’amont et à travers des campagnes de communication et de sensibilisation ;
  • Rapatrier les capitaux sortis de façon illicite en mettant en place une amnistie sur les avoirs à l’étranger de citoyens maliens résidant au Mali pour inciter au rapatriement de ces fonds et à leur réinsertion dans le circuit de l’économie nationale. Les Autorités publiques peuvent s’inspirer de l’exemple marocain . Dans le cadre d’une opération d’amnistie financière inédite, l’Office des Changes du Maroc a réussi à rapatrier au 7 janvier 2015 l’équivalent de 27,85 milliards de dirhams (8,42 milliards en avoirs liquides, 9,56 milliards de biens immeubles et 9,87 milliards d’actifs financiers) sortis illégalement du pays, contre une prévision initiale de 5 milliards de dirhams. Cette opération financière, introduite par la loi de finances marocaine 2014, a été réalisée avec le concours des banques et a enregistré 18 973 déclarations. Les déclarants ont payé une « contribution libératoire » variant de 2 à 10 % selon la nature des déclarations. Ces contributions libératoires ont permis à l’État de récolter la somme de 2,3 milliards de dirhams (environ 138 milliards de FCFA) qui a été totalement reversée au Fonds de cohésion sociale et permettra, entre autres de financer l’opération « 1 million de cartables » et d’assurer un soutien aux orphelins. « La confidentialité et l’anonymat étaient un facteur essentiel de la réussite de l’opération. La banque ne divulgue, en effet, en aucun cas l’identité du déclarant ni à l’Office des changes ni à la Direction générale des impôts. Le seul document livré à ces deux administrations est un bordereau-avis de versement contenant uniquement le numéro d’enregistrement de la déclaration . »
  • Former les préposés des banques (surtout ceux des « Services étrangers », ou des « Transferts hors UEMOA » ou des « Opérations internationales ») à la maîtrise et à la stricte application des textes relatifs à la bonne exécution par l’établissement de crédit des opérations financières à l’extérieur.

      5-  Résoudre la « pénurie » récurrente de la petite monnaie

Pour le prix Nobel d’économie Joseph Eugene Stiglitz, la monnaie est un instrument social. Si elle n’est pas au service de la société, il faut la changer. Kako Nubukpo, chercheur à l’université d’Oxford, disait du franc CFA qu’il est « la monnaie des élites ». La remarque peut paraître sévère mais la réalité n’est pas loin. Sévère, parce que l’origine de la pénurie du numéraire n’est ni contemporaine ni spécifique à l’Afrique. Déjà dans la Rome antique, Cicéron utilisait l’expression de caritas nummorum  pour désigner la disette monétaire qui sévissait en Occident, plusieurs années avant Jésus-Christ. Réelle, du fait que les usagers du franc CFA ont très souvent du mal à effectuer leurs transactions, faute de petite monnaie. Le commerce du détail est fréquemment perturbé dans les pays de l’UEMOA par la rareté de petites coupures (billets de 500 francs et de 1 000 francs) et de pièces de monnaie (5, 10, 25, 50, 100 francs).

La monnaie fiduciaire est l’instrument indispensable du commerce dans les pays africains. Les difficultés actuelles des agents économiques à s’en procurer engendrent deux graves conséquences : le ralentissement de l’activité économique, la vente illicite de « petite monnaie », et le développement du faux-monnayage.

Des incompréhensions fréquentes opposent les vendeurs et leurs clients lors du règlement des opérations commerciales. Les commerçants détaillants (transporteurs, pharmacies, vendeurs ambulants, etc.) ont des difficultés à rendre la monnaie à leurs clients. Certaines ventes d’articles ne sont pas conclues lorsque l’acheteur tend un billet de grosse coupure. Par exemple, faute de piécettes, certaines pharmacies vous rendent en lieu et place de la monnaie, des bonbons et même… quelques comprimés de paracétamol ! C’est une réalité, les opérateurs économiques éprouvent de sérieuses difficultés à se procurer les précieux sésames auprès de leurs banquiers, pourtant indispensables à l’exercice de leur métier.

Et le problème, c’est que les banques commerciales en disposent peu, très peu pour couvrir les besoins immenses de leur clientèle. Pourtant, la « vraie banque », celle des consommateurs, est dans la rue. Le centre-ville de plusieurs capitales de la sous-région, fourmille de ces billets neufs et de ces pièces qui s’échangent, à la criée, contre une petite fortune : 10 % de rétention. Rien que ça ! Sinon, c’est parfois le système D. Au marché, on n’hésite pas à faire appel aux mendiants qui monnayent leurs « jetons » aux vendeurs ambulants et aux transporteurs.

Finalement, tous les yeux sont rivés sur la BCEAO et les questions et reproches fusent de partout. L’autorité monétaire a-t-elle déjà demandé aux usagers ce qu’ils pensent des coupures et des pièces qui sont en circulation  ? S’est-elle assurée si les populations se reconnaissent dans ces signes monétaires, les images qui y sont gravées, leur format et leur valeur faciale ? Si les besoins des consommateurs étaient pris en compte, comment expliquer cette pénurie, supposée « organisée et entretenue », de la petite monnaie ? Pourquoi, depuis des années et au nez et à la barbe des établissements bancaires, abondent sur les artères sensibles de plusieurs capitales de la sous-région, des « vendeurs à la sauvette » de petites coupures et des « détaillants » de pièces de monnaie ? Par quelle rouerie les billets neufs et les pièces de monnaie peuvent-ils déserter le confort douillet des coffres des banques pour se retrouver dans l’inconfort insécurisé de la rue ? Comment expliquer que lors des cérémonies sociales, les grosses coupures de monnaie locale et de devises étrangères puissent être utilisées comme parure, couronne et écharpe des marraines, et cela au vu et au su des autorités publiques et monétaires ? Pourquoi de telles pratiques illégales, faisant de la zone UEMOA une référence en la matière, n’existent-elles pas en France (le concepteur et le fabricant du franc CFA), et dans certains pays africains, à un jet de pierre de la sous-région ? Comment peut-on opposer une indiscipline sécuritaire voulue à une discipline monétaire imposée ? Quel crédit, l’étranger et le résident peuvent-ils accorder au franc CFA lorsque cette monnaie est exhibée et commercée, en pleine rue et en plein jour, par des agents non-bancaires, dans des pays qui négocient des sorties de crise difficile ? En un mot comme en mille, qui doit assurer la disponibilité et la sécurité du franc CFA ?

Les responsabilités de cette situation ubuesque sont partagées entre les acteurs de la circulation fiduciaire. Conformément à ses statuts, la BCEAO est la première responsable du franc CFA, la monnaie ayant « cours légal et pouvoir libératoire dans les États membres de l’UMOA ».

Pour résoudre ce problème récurrent de petite monnaie, il est important qu’il y ait une large concertation entre les différents acteurs et que chacun assume sa part de responsabilité. En attendant, la BCEAO doit alimenter en quantités suffisantes de piécettes et de petites coupures. Les établissements bancaires doivent eux-aussi faire le ménage à leurs guichets et dans leur riveraineté (avec l’aide de la force publique), en réservant prioritairement la petite monnaie à leurs clients besogneux.

   6-    Mettre en place un mécanisme incitatif de soutien aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME)

Toutes les études soutiennent que le poumon de l’économie malienne, à l’instar de celle des autres pays de la Zone CFA, est constitué des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Elles sont les plus nombreuses et, à ce titre, sont les premiers employeurs du pays. Ces entreprises ont des difficultés importantes pour accéder au crédit bancaire. Elles opèrent dans l’informel et se font financer par l’informel. Les services d’assiette n’arrivent pas à les fiscaliser, ce qui constitue un important manque à gagner pour les caisses de l’État. C’est une réalité que l’on ne peut plus continuer à gérer à la marge, en espérant que les mécanismes classiques du marché les structureront un jour en les amenant dans le giron du secteur formel. Il faut sortir des modèles primaires et imaginer d’autres concepts plus novateurs.

Au Maroc, la Banque Centrale a mis en place depuis quelques années un mécanisme robuste, incitatif et volontariste en faveur des petites et moyennes entreprises. Selon les chiffres officiels , Bank Al-Maghrib a injecté un montant de 16 milliards de dirhams (environ 960 milliards de francs CFA) par le biais des prêts garantis accordés dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME. Les Autorités de l’UEMOA peuvent s’inspirer du modèle marocain en l’adaptant aux réalités sous régionales.

Il s’agit par exemple de traiter les prêts accordés par le secteur bancaire aux TPME aux mêmes conditions que les crédits bancaires bénéficiant des accords de classement. Ainsi, en rendant éligibles les prêts aux TPME aux guichets de refinancement de la BCEAO au taux de l’adjudication hebdomadaire (environ 2,5 %), les établissements de crédit seront plus incités à bancariser et à financer cette catégorie d’entreprises, essentielle pour le tissu économique et industriel du pays. L’objectif de ce nouveau dispositif est de soutenir et d’accompagner les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) majoritairement dans les régions rurales, en finançant leurs investissements et leurs besoins d’exploitation dans le but d’augmenter leur productivité et leur compétitivité, de générer de l’emploi et créer des revenus dans le pays. Les banques doivent accorder des crédits aux TPME qui répondent aux critères suivants :

  • crédits octroyés aux TPME ayant un chiffre d’affaires inférieur à 1 milliard de francs CFA;
  • crédits dont le montant est inférieur ou égal à 500 millions de francs CFA;
  • crédits (besoins en fonds de roulement et investissements) dont la durée est comprise entre 2 et 7 ans.

Le montant de l’avance mobilisable par les banques créancières auprès des guichets de la Banque Centrale sera d’un montant maximum égal au volume des crédits octroyés aux TPME, conformément aux conditions ci-dessus définies. Les établissements bancaires qui auraient octroyé des crédits à des TPME exerçant dans le secteur de l’industrie ou dont au moins 40 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, pourraient bénéficier d’une seconde tranche de refinancement additionnel équivalent au volume des crédits consentis.

 7-  Créer un fonds spécial de soutien à l’agriculture et à l’industrie

Dans la zone UEMOA, l’agriculture ne représente que 2,8 % du volume global des crédits bancaires à fin 2014 tandis que la part du secteur industriel est de 17,1 %. Le constat est plus amer sur le compartiment des crédits à moyen et long terme, nécessaires au financement de l’investissement. Sur ce point, la part du secteur agricole n’est que de 1,5 %, et celle des industries de 15,9 %. Pourtant, ces deux secteurs stratégiques sont vitaux pour le développement des économies nationales, au regard de leur employabilité et de leur poids dans la formation du PIB.

Toutes les études ont démontré qu’aucune émergence n’est envisageable pour les pays africains des Zones CFA sans ces deux moteurs de la croissance et de l’emploi.

C’est dire que la responsabilité du système bancaire est totale et entière dans la situation économique actuelle et future de l’Afrique. La BCEAO, en concertation avec les établissements de crédit, doit créer un fonds spécial de soutien à l’agriculture et aux industries locales avec l’objectif de permettre aux agriculteurs et industriels d’accéder aux crédits bancaires dans les meilleures conditions :

  • Bonification des taux d’intérêt (maximum 7 % pour le TEG) ;
  • Allongement de la durée de remboursement sur du long terme (jusqu’à 15 ans) avec des modalités de remboursement adaptées à l’activité financée (échéances et différé) ;
  • Garanties souples n’affectant pas le patrimoine du promoteur (nantissement des équipements, hypothèque du bâtiment industriel ou de l’exploitation agricole) ;
  • Réduction de la durée de traitement des dossiers de crédit (projet ou affaire existante, besoins d’investissement ou de fonds de roulement).

    8- Améliorer la communication de la Banque Centrale

Colbert disait : « Tout homme qui est mal informé ne peut s’empêcher de mal raisonner. » Nous ajoutons : « Tout homme qui raisonne mal ne peut que mal agir. » Il est concevable – cela a été déjà rappelé – que la Banque Centrale, au regard de la sensibilité de sa mission, soit sobre dans ses propos et moins exposée dans le champ médiatique. Cette posture ne doit nullement aboutir à un déficit de communication. De tout ce qui se dit et s’écrit sur le franc CFA, il y a certainement des inexactitudes et des approximations. Dans un monde de plus en plus interconnecté, la communication est vitale. On ne peut pas en faire l’économie. La BCEAO a donc intérêt à être plus audible. On peut rester ferme sur ses principes tout en ne donnant pas l’impression d’être fermé.
L’institution monétaire gagnerait donc à améliorer sa communication, en se dotant d’un dispositif adapté et de structures appropriées, capables de porter sa voix et de distribuer la saine information au public. Elle doit accepter la critique, et même la susciter pour en tirer le meilleur parti.

Citons quelques pays qui ont rompu avec le « silence monétaire ». Par exemple, en France, la Banque Centrale est dotée d’une direction de la Communication. Le Gouverneur de la Banque de France dispose aussi au sein de son cabinet d’une Conseillère pour la Communication . La Banque Centrale marocaine (Bank Al-Maghrib) a aussi un département Communication . La Banque Centrale Européenne (BCE) a poussé le concept plus loin. Son organigramme  fait apparaître une Direction Générale de la Communication comprenant les Divisions : Information, Internet et numérique, Relations avec les médias, Services linguistiques. D’ailleurs, d’après ses rapports annuels de 2009 et de 2010, le Gouverneur de la BCEAO disposait bien dans son cabinet d’un « Conseiller en communication  ». Pourquoi ce poste a été supprimé ? Par ailleurs, l’article 115 des statuts de la BCEAO autorise le Gouverneur, à son initiative ou à la demande du Président du Parlement de l’UEMOA, à s’adresser audit Parlement (représentation des peuples ouest-africains) ou à ses commissions compétentes. Combien de fois ce levier communicationnel a-t-il été actionné ?

Les canaux de communication doivent être choisis. Ils doivent toucher le cœur de la cible : les populations et le monde de l’entreprise. Il faut que l’Institut d’émission adopte une démarche proactive, et multiplie les initiatives de dialogue et d’échanges en direction du public. Les chefs d’entreprise, les hommes de média et les leaders d’opinion doivent être régulièrement consultés. Pourquoi ne pas organiser des journées portes ouvertes dans les agences de la Banque Centrale, à travers par exemple un « programme d’éducation financière » comme cela se fait au Maroc et ailleurs ?
Il ne faut pas l’oublier, la BCEAO est une institution monétaire certes, mais c’est un établissement public avant tout. Les populations pour lesquelles elle a été créée éprouvent des besoins d’informations monétaires que seule elle est en mesure de satisfaire. Mieux informées et plus impliquées, elles adhéreront naturellement aux politiques publiques qui sont élaborées et mises en œuvre en leur nom.

Conclusion

« Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus » ! Quand notre muse côtoya cette pensée immarcescible d’Horace, nous fûmes à mille lieues d’en trouver une application concupiscible. L’attente des conclusions de la dernière réunion de la Zone franc fut irascible. Le communiqué final qui s’ensuivit, haut comme trois pommes à genoux, est imprédictible de l’avenir du franc CFA. Sous cette sérénade, autorisons-nous une aiguade, et même une œillade, en cette veille d’élection présidentielle française, en citant Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie éponyme : « Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’une Nation, et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois ».

Gageons, conjurons, adjurons que les gouvernants africains de la Zone franc puissent en faire une lecture heureuse !

Cheickna Bounajim Cissé
Président de la Commission Banques & Compétitivité

Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique

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[1] Les « cfobes » : néologisme pour désigner les pourfendeurs, les contempteurs, les frondeurs, les opposants du franc CFA.
[2] Les « cfiles » : néologisme pour désigner les défenseurs et les partisans du maintien du franc CFA.
[3] Joseph Tchuindjang Pouemi, Monnaie, servitude et liberté. La répression monétaire de l’Afrique, Cameroun, Éditions Jeune Afrique, Paris, 1980, réédition par les Éditions Menaibuc, Paris, 2000
[4] http://proxy-pubminefi.diffusion.finances.gouv.fr/pub/document/18/22410.pdf

[5] http://afrique.latribune.fr/politique/leadership/2017-04-11/le-franc-cfa-se-porte-bien-selon-ouattara.html
[6] http://apr-news.fr/fr/actualites/cote-divoire-ouattara-denonce-une-campagne-de-denigrement-visant-le-franc-cfa
[7] « Le Ministre de l’Intérieur chargé de la sécurité publique, Sacca Lafia déclarait « …le Fcfa serait l’une des sources de pauvreté au Bénin ». C’était, au cours des consultations entrant dans le cadre de l’élaboration d’un Diagnostic Systématique Pays pour le Bénin initié par la Banque mondiale le 13 mars 2017 à Cotonou. Rencontre qui a vu la présence d’une dizaine de ministres ayant à leur tête le ministre d’Etat, Chargé de la Prospective, Abdoulaye Bio Tchané. A l’occasion, le ministre de l’Intérieur a fustigé le taux fixe imposé depuis plus décennies au Franc Cfa. Pire, Sacca Lafia a débouté Paris qui impose à la monnaie des pays de la Zone Franc son taux de fixité par rapport aux paniers monétaires africain et international. » (Source :https://beninwebtv.com/2017/04/debat-sur-le-franc-cfa-patrice-talon-soppose-a-son-ministre-de-linterieur/)

[8]http://www.financialafrik.com/2017/04/17/patrice-talon-sur-le-franc-cfa-la-parite-fixe-avec-leuro-nest-pas-handicap/#.WQZP8IXXLIU

[9] http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/entretien-avec-alassane-ouattara-president-de-cote-d-ivoire/

[10] Le Monde.fr avec AFP Le 10.04.2016, En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/10/la-france-se-dit-ouverte-a-des-propositions-d-evolution-du-franc-cfa_4899636_3212.html#udJAHAP8lPaE33WO.99
[11] http://lefaso.net/spip.php?article76304
[12] http://www.afrik.com/burkina-kabore-un-allie-de-plus-dans-la-lutte-contre-le-fcfa
[13]Agence France Presse (AFP), À Yaoundé, ministres et experts au chevet de l’économie de la zone franc, 9 avril 2016, en ligne : www.afp.com/fr/info/yaounde-ministres-et-experts-au-chevet-de-leconomie-de-la-zone-franc
[14]Extrait du Discours prononcé le 22 novembre 1972 par le Chef de l’État togolais, Gnassingbé Eyadéma, à l’occasion de la visite officielle au Togo du Président de la République française, Georges Pompidou, à Lomé : « À l’intérieur de la zone franc, nous voudrions que la parité du franc CFA par rapport au franc français soit reconsidérée. […] C’est une question de justice, et nous souhaitons qu’une étude exhaustive, basée sur des critères objectifs, permette de fixer dans les meilleurs délais une nouvelle parité plus favorable à nos peuples. […] Enfin, plus grave et plus gênant encore est le fait que, malgré la garantie apportée par le Trésor français au franc CFA, celui-ci n’est pas accepté dans les pays européens – ne parlons pas de l’Amérique – au même titre que le franc français. […] on est donc en droit de se poser la question de savoir où est la garantie apportée par la convertibilité. »

[15]« Le franc CFA freine le développement de l’Afrique », Entretien avec Kako Nubukpo, op. cit.
[16]Joseph Tchundjang Pouemi, Monnaie, servitude et liberté. La répression monétaire de l’Afrique, Cameroun, op. cit.

[17] http://www.jeuneafrique.com/mag/371694/economie/tiemoko-meyliet-kone-gouverneur-de-bceao-franc-cfa-gere-africains/

[18] https://www.cairn.info/revue-d-economie-du-developpement-2006-1-page-45.htm
[19]Cheickna Bounajim Cissé, « Construire l’émergence, Un pacte pour l’avenir : 12 axes d’action, 100 propositions pour booster le financement de l’économie », Editions BoD, 2016, 736 pages.
[20]« Le Franc CFA est toujours fabriqué dans l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières, une bourgade située dans la région de Clermont-Ferrand », Le Point Afrique, Viviane Forson, Monnaie – Franc CFA : 70 ans d’histoire contrastée, 28 décembre 2015, en ligne : afrique.lepoint.fr ; « les pays de la zone franc continuent d’avoir une monnaie physiquement fabriquée en France », en ligne : lemonde.fr, « Le franc CFA freine le développement de l’Afrique », Entretien avec Kako Nubukpo, propos recueillis par Raoul Mbog, 8 juillet 2015, en ligne : www.lemonde.fr ; « les nouveaux billets [de francs CFA] fabriqués par l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières », en ligne : liberation.fr, Christophe Ayad, « Francs CFA : l’Afrique fait sa grande lessive », 15 septembre 2004, en ligne : www.liberation.fr ; « La fabrication des euros pèse lourd dans notre chiffre d’affaires, reconnait Erick Lacourrège, même si aujourd’hui le tiers, voire la moitié de notre production est tournée vers l’export, grâce à la fabrication de billets pour les pays d’Afrique », en ligne : usinenouvelle.com, Un nouveau billet de 10 euros pour les rotatives auvergnates, Geneviève Colonna d’Istria, 26 novembre 2013, en ligne : www.usinenouvelle.com

[21] http://www.jeuneafrique.com/430034/economie/desintox-non-franc-cfa-ne-sera-fabrique-cameroun/
[22]BCEAO, Note d’information n° 1, Emission des signes monétaires et entretien de la circulation fiduciaire, novembre 2016.

[23] http://www.jeuneafrique.com/430034/economie/desintox-non-franc-cfa-ne-sera-fabrique-cameroun/
[24]L’activité d’émission monétaire en Afrique de l’Ouest a une histoire vieille de plus de 150 ans. Son origine remonte à la Banque du Sénégal, créée par décret du 21 décembre 1853, signé par Louis Napoléon Bonaparte. (BCEAO, Chronologie des évènements marquants de l’histoire de la BCEAO et de l’UMOA, en ligne : www.bceao.int/Tableau-chronologique-des.html)

[25] http://www.jeuneafrique.com/430034/economie/desintox-non-franc-cfa-ne-sera-fabrique-cameroun/

[26]À ses débuts, Dar As-Sikkah (l’Hôtel des monnaies) a démarré avec une première ligne de production de 140 millions de dirhams [actuellement FCFA 8,4 milliards], puis une deuxième au début des années 1990. En 1997, un nouveau parc de presses monétaires a été acquis, et en 2001, une chaîne automatique de confection de passeports. Hormis la fabrication de passeports et de timbres fiscaux, Dar As-Sikkah, produit également des documents sécurisés ainsi que des objets spécifiques. Elle fabrique également les vignettes automobiles. (wikipédia.org) Depuis son inauguration en date du 5 mars 1987, Dar As-Sikkah n’a cessé de voir ses activités se développer puisque plusieurs ministères et établissements publics ont eu recours à ses services pour la fabrication de documents sécurisés tel que les timbres fiscaux, les vignettes automobiles, les permis de chasse et de port d’armes, et les chéquiers. (site institutionnel de Bank Al Maghrib, en ligne : www.bkam.ma)

[27]Site institutionnel de Bank Al Maghrib (en ligne : www.bkam.ma)

[28] D’après l’organigramme de la Banque de France au 13 mars 2015, la Direction générale de la Fabrication des billets comprend : la Direction du site de Chamalières, de l’Administration et des Ressources humaines ; la Direction de l’Impression ; la Direction de l’Industrialisation, de la Recherche et des Affaires scientifiques ; la Direction des Finances et du Contrôle de gestion ; la Direction de la Qualité et des Affaires européennes ; la Direction commerciale ; et la Direction de la Papeterie. (Banque de France, Rapport annuel 2014, en ligne : www.banque-france.fr)

[29]« Le papier utilisé pour la fabrication des billets de banque est un papier spécial, à base de fibres de coton à 100 %, ce qui lui confère une bonne résistance aux aléas de la circulation. » (Bank Al Maghrib, Livret de Dar As-sikkah, en ligne : www.bkam.ma)

« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les billets de banque ne sont pas faits en papier. Ils sont réalisés en pâte de coton. Les euros sont 100% coton tandis que les dollars sont faits à 75% de coton et 25% de lin ce qui leur donne un toucher plus doux. » (En ligne : www.letribunaldunet.fr/rendez-vous/le-saviez-vous/le-saviez-vous-102-en-quoi-sont-faits-les-billets-de-banque.html)

[30]Selon la Commission Européenne, le coton est encore cultivé dans l’Union Européenne dans deux pays : la Grèce (230 000 tonnes) et l’Espagne (40 000 tonnes). La Bulgarie produit du coton sur moins de 1 000 hectares. (En ligne : www.planetoscope.com/agriculture-alimentation/1178-production-mondiale-de-coton.html)

[31] www.banque-france.fr/la-banque-de-france/histoire/1940-lor-de-la-france-a-disparu.html
[32] www.tresordupatrimoine.fr/content/101-interview-didier-bruneel
[33]Les Echos, op. cit.
[34] Au total, les réserves d’or mondiales dépassent les 31 347 tonnes, selon le Conseil mondial de l’or, soit environ 20 % du stock d’or de la planète ! (en ligne:www.lefigaro.fr/societes/2012/08/17/20005-20120817ARTFIG00409-l-immense-tresor-cache-des-banques-centrales.php)

[35] La rémunération du Compte d’opérations est basée sur le taux de la facilité de prêt marginal de la Banque centrale européenne (BCE). Le rapport spécial sur le contrôle du compte d’opérations des Commissaires aux comptes (Mazars et Ernst & Young) du 17 mars 2014 fait état d’un taux de 0,87 % au 4e trimestre 2013. (BEAC, Rapport spécial sur le contrôle du compte d’opérations, exercice clos le 31 décembre 2013). Au niveau de la zone UMOA, même si le taux de rémunération n’est pas explicitement indiqué, le montant des intérêts créditeurs perçus par la BCEAO sur le compte d’opérations s’est chiffré à 17 458 millions CFA à fin décembre 2014. (BCEAO, États financiers au 31 décembre 2014)
[36]« La suppression des concours monétaires directs aux États est par exemple une décision du Conseil des ministres de l’UEMOA. La BCEAO a arrêté cette pratique et créé un marché de la dette publique. » (Source : http://www.jeuneafrique.com/mag/371694/economie/tiemoko-meyliet-kone-gouverneur-de-bceao-franc-cfa-gere-africains/)
[37]L’Accord de coopération monétaire du 4 décembre 1973 entre la France et les pays membres de l’UMOA dispose en son article 7 : « Les autorités de la République française et celles des États membres de l’Union [UMOA] collaboreront à la recherche et à la répression des infractions à la réglementation des changes selon les modalités qui seront précisées par un protocole particulier. »
[38]Article 3 de l’Annexe I au Règlement n° 09/2010/CM/UEMOA/ du 1er octobre 2010 relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA.

[39] Article 4 (Paiements courants à destination de l’étranger) du Règlement n° 09/2010/CM/UEMOA/ du 1er octobre 2010 relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA.
[40]L’Instruction n° 10/07/2011/RFE du 13 juillet 2011 relative aux avoirs détenus auprès des banques installées hors de UMOA au titre des besoins courants des établissements de crédit dispose en son article 2 : « Le montant cumulé des avoirs [détenus par l’établissement de crédit auprès de banques installées hors de l’UEMOA pour les besoins courants en disponibilités en devises affectées à la couverture des opérations courantes de la clientèle] ne peut, en tout état de cause, excéder cinq pour cent (5 %) de l’encours des dépôts à vue de la clientèle de l’établissement de crédit. Les avoirs excédant les besoins courants de l’établissement de crédit doivent être cédés à la BCEAO ».
[41]Article11de l’Annexe II (procédures particulières d’exécution de certains règlements) du Règlement n° 09/2010/CM/UEMOA/ du 1er octobre 2010 relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA : « Les opérateurs économiques résidents sont tenus d’encaisser et de rapatrier dans le pays d’origine, auprès de la banque domiciliataire, l’intégralité des sommes provenant des ventes de marchandises à l’étranger, dans un délai d’un  mois à compter de la date d’exigibilité du paiement. » L’Instruction n° 03/07/2011/RFE du 13 juillet 2011 relative à la constitution des dossiers de domiciliation des exportations et à leur apurement dispose en son Article 4 : « En application des dispositions de l’Article 11 de l’Annexe II du Règlement n°09/2010/CM/UEMOA, la banque domiciliataire est tenue de procéder au rapatriement effectif, via les comptes de correspondants étrangers de la BCEAO, d’au moins 80 % des recettes d’exportation encaissées. »
[42]BCEAO, Rapport sur la politique monétaire dans l’UEMOA, mars 2015, en ligne : www.bceao.int
[43]BCEAO, Ministère de l’Économie et des Finances du Mali, Balance des paiements et position extérieure globale, encadré 2 : Filière or, Mali 2014, en ligne : www.bceao.int

[44] Prenant conscience des effets néfastes des flux financiers sur l’Afrique, la 4ème Réunion annuelle conjointe de l’Union africaine et de la Conférence des ministres des finances, de la planification et du développement économique de l’UA/CEA a adopté la résolution 886 qui crée le Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique. Le Groupe est présidé par M. Thabo Mbeki, ancien président de la République d’Afrique du Sud, et comprend neuf autres membres, Africains ou non. (FFI : Flux financiers illicites, Rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, en ligne : www.francophonie.org)
[45]FFI : Flux financiers illicites, Rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, Avant-propos de Thabo Mbeki, en ligne : www.francophonie.org/IMG/pdf/fluxfinanciersillicites_rapport_francais.pdf

[46]« Grande première, le Ministère de l’Économie et des Finances a introduit, hier, un projet d’amendement à la Chambre des Conseillers instaurant une amnistie des sanctions relatives aux infractions de change et aux infractions fiscales au titre de la détention d’avoirs immobiliers ou financiers à l’étranger par des marocains domiciliés au Maroc. Et autre nouveauté, le rapatriement des avoirs liquides donne droit à l’ouverture d’un compte en devises ou en dirhams convertible et à leur alimentation à hauteur de 50 % de la somme rapatriée. » (Alerte : Boussaid propose une amnistie sur les avoirs à l’étranger des marocains, Infomédiaire, 15 décembre 2012, en ligne : www.infomediaire.ma)
[47] Sara El Majhad, Détention d’avoir et de liquidités à l’étranger. L’Office des changes promet un durcissement des mesures de contrôle, 9 janvier 2015, en ligne : aujourdhui.ma
[48]Jean-Baptiste Giard, « La pénurie de petite monnaie en Gaule au début du Haut-Empire », Journal des savants, vol. 2, 1975.

[49]Pour Tidiane Ly, « […] ce n’est que parce qu’un grand nombre d’Africains utilisent le franc CFA que ce dernier est reconnu et accepté par chacun ». (Tidiane Ly, Faut-il enterrer le franc CFA ?,en ligne : terangaweb.com/faut-il-enterrer-le-franc-cfa/)

[50]Royaume du Maroc, Ministère de l’Économie et des Finances, Note de conjoncture, en ligne : www.finances.gov.ma/Docs/dtfe/2015/NC-DTFE-09_2015.pdf
[51]Les chiffres donnés sont indicatifs. Une étude plus poussée pourrait en préciser les contours.

[52]Banque de France, Rapport annuel 2014, Organigramme au 13 mars 2015, en ligne : www.banque-france.fr
[53]Bank Al-Maghrib, Organigramme détaillé, en ligne : www.bkam.ma
[54]Banque Centrale Européenne (BCE), Organigramme au 1er mars 2016, en ligne : www.ecb.europa.eu
[55]Mme Marie-Laure Digbeu était le Conseiller en Communication du Gouverneur de la BCEAO. Journaliste de son état (Ebony en 1998), elle a travaillé dans la presse écrite, puis comme présentatrice des journaux télévisés de 20 heures sur la première chaîne de télévision ivoirienne (RTI), dans les années 2000. Avant de se retrouver sur une chaîne de télévision en Afrique du Sud. Depuis peu, elle travaille à la rédaction de radio BBC Afrique à Dakar