Rachid El Hassouni, expert Marocain : « Bâtir l’Homme Africain est la priorité des priorités »

[Africa Diligence] A 38 ans, Rachid El Hassouni est chargé de la coopération au Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique du Maroc. Diplômé de l’Université de Laval au Canada et de l’École Nationale de Commerce et de Gestion de Settat, au Maroc, cet ancien Manager RH de multinationales analyse essentiellement le défi de l’émergence africaine au prisme du développement humain.

Ayant vécu et étudié au Maroc, en Tunisie et en Algérie, Rachid El Hassouni est doté d’une grande connaissance du Maghreb malgré son jeune âge. Mais en même temps, précise-t-il, « je suis très ouvert sur le modèle européen et nord-américain. » Et pour cause… Titulaire d’un diplôme en Marketing de la première promotion de l’École Nationale de Commerce et de Gestion de Settat, au Maroc, obtenu en 1998, il est également nanti d’un MBA de l’Université Laval obtenu en 2002 au Canada.

«Entrepreneur, poursuit-il, j’ai fondé en 2005, à Tanger, une institution d’enseignement primaire comptant sur la confiance de plus de cent familles aujourd’hui. Il faut dire que c’est la formation et le développent humain qui m’ont permis de poursuivre ma carrière de Manager RH dans le milieu des multinationales industrielles à Tanger. »

Entré en 2013 au Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique du Maroc, il y est actuellement en charge du service de la coopération. Les propos qu’il tient dans cette interview exclusive n’engagent pas l’État marocain.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Rachid El Hassouni : Oui. La nouvelle géographie des relations commerciales et d’investissement fait apparaître, dans la carte économique mondiale, le continent Africain comme un nouveau pôle de croissance, créant, ainsi, un monde véritablement multipolaire.

L’Afrique a aujourd’hui d’autres atouts que sa position géographique ou ses ressources naturelles pour intéresser les investisseurs des pays développés comme ceux des pays émergents. Son retard économique en fait la seule région du monde à peu près épargnée par la crise, et affiche des prévisions de croissance suffisamment impressionnantes pour attirer les économies en mal de débouchés.

En effet, l’Afrique intéresse les investisseurs émergents d’autant plus qu’il a amorcé sa transition démographique, son urbanisation et qu’il devra s’industrialiser tôt ou tard. Le continent représente actuellement un formidable moteur de croissance et un espace d’opportunités économiques.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

La coopération économique et commerciale peut constituer un levier d’action important à l’égard de l’Afrique. Plusieurs actions pourraient être menées pour promouvoir les relations économiques et commerciales entre les différents partenaires africains, telles la participation à des foires internationales et des salons d’affaires, l’organisation de missions de prospections, et enfin la réalisation d’études de marchés africains au profit des hommes d’affaires. Néanmoins, la formation me parait le levier le plus important pour le développement de l’Afrique. Bâtir l’Homme africain est la priorité des priorités à mon avis.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Primo, la réforme du système scolaire et de l’enseignement ; deuxio, La réforme du système juridique ; tercio, la promotion des investissements vers l’Afrique.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?

Je salue l’initiative de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique. J’ai moi-même préparé ma thèse de MBA sur le thème de la pratique de la veille technologique par les PME marocaine du domaine des TIC. Dans une économie marquée par l’interdépendance des opérateurs économiques, où il est incertain de connaître tous ses concurrents actuels ou potentiels et où le changement des moyens de production et les innovations des technologies sont quasi-quotidiennes, l’entreprise se doit d’être à l’écoute de son environnement avant d’établir sa stratégie. Le fait de limiter la veille à l’environnement externe direct et connu dans le moment présent, risque d’être inutile, voire dangereux, puisqu’il y aura toujours des compagnies qui nous surprendront par de nouvelles technologies ou de nouveaux procédés, rendant ainsi nos connaissances et notre technologie obsolètes. D’où la nécessité d’élargir la veille au-delà de l’environnement immédiat – d’ailleurs crucial pour la survie de l’entreprise – à celui plus global, à savoir, l’évolution de la démographie et des habitudes de consommation dans nos marchés.

Propos recueillis par la Rédaction

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