Coletta Nyawira Wanjohi, journaliste Kenyane, ou la passion d’une Afrique unie et patriotique

[Africa Diligence] Après bientôt 10 ans d’activité journalistique au profit des chaines de radio et de télévision africaines au Kenya, en Ouganda et en Éthiopie, Coletta Nyawira Wanjohi travaille aujourd’hui pour le Groupe iranien Press TV et comme correspondante pour le média sud-africain Channel Africa Radio. Depuis Addis-Abeba, où elle est exposée à l’Union Africaine, elle ne voit l’Afrique qu’unie, indivisible, et capable du meilleure.

Coletta Nyawira Wanjohi se décrit comme une citoyenne Africaine d’origine Kenyane. Cela fait plus de 9 ans qu’elle est journaliste professionnelle, un métier qu’elle pratique avec passion aussi bien à la radio qu’à la télévision. Après avoir travaillé au Kenya et en Ouganda, Coletta Nyawira débarque en Éthiopie où elle s’installe et devient la correspondante du groupe iranien Press TV. La jeune Kenyane occupe cette fonction cumulativement avec celle de correspondante de Channel Africa Radio, un média basé en Afrique du Sud. Exposée à l’Union Africaine, elle ne voit véritablement l’Afrique qu’unie, indivisible, et capable de se dépasser.

Ambitieuse, elle fourmille de projets panafricanistes qui sont essentiellement liés à la communication audiovisuelle. Sur sa table, les piles de dossiers vont de la production de reportages de terrain aux émissions en studio en passant par des documentaires. Titulaire d’une Licence en communication de masse, elle s’apprête à obtenir un Master en gestion de paix et sécurité. « Je veux vraiment être impliquée sur la scène africaine. Je veux représenter un maillon fort au service de l’Afrique qui émerge » martèle celle qui a accepté de répondre à nos questions.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence de l’Afrique ?

Coletta Nyawira Wanjohi : Bien sûr que j’y crois ! J’y crois d’autant plus que l’Afrique est l’une des places d’investissements les plus rentables aujourd’hui dans le monde. Nous avons toutes sortes de ressources. Les ressources humaines, en particulier, apparaissent comme le fer de lance de notre croissance économique. Et notre démographie a vocation à croître. Nos ressources naturelles, comme toutes les autres, peuvent rapidement faire de notre continent un lieu de richesses et de prospérité si elles sont bien gérées. Comment expliquer qu’en 2015, nous continuons d’exporter des matières premières au lieu de créer de la valeur sur place ? Avec une gestion appropriée de nos États, les jeunes Africains n’auraient même pas idée d’aller risquer leur vie en mer Méditerranée dans la quête d’une « meilleure vie en Europe ». Les drames de l’émigration africaine sont la preuve que nos gouvernements ont failli. Nos économies sont certes jeunes, mais elles ont déjà la force et le potentiel nécessaires pour qu’un grand nombre d’Africains puissent contribuer à leur émergence et bénéficier des fruits de leur croissance.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

La plupart des jeunes leaders Africains ont une vision assez claire de ce qui doit être fait pour rendre l’Afrique meilleure. Mais comment matérialiser cela ? Là est le vrai challenge. Un certain nombre a les aptitudes nécessaires à la réalisation de grands projets pour le continent. Mais avoir l’accès à l’information à haute valeur ajoutée qui nous permettrait de nous impliquer davantage, et d’être plus utiles, demeure un défi. S’ils étaient mieux informés, un grand nombre d’Africains ayant les compétences et un intérêt à s’impliquer dans les projets constructifs auraient déjà fait réaliser des sauts quantiques à notre continent.

Sur un autre volet, les entreprises et autres organisations pouvant offrir des opportunités de travail et d’épanouissement aux Africains du continent sont quasiment toutes obsédées par les parcours académiques. C’est le règne de la diplomatie. Je reconnais qu’il est important d’avoir des qualifications académiques, mais il est encore plus important que ces entités donnent la chance aux Africains désireux de prouver ce dont ils sont capables. Il est de notoriété publique que ce ne sont pas tous ceux qui brandissent des diplômes qui ont la faculté d’exécuter de manière pratique un certain nombre de choses. Il y a donc clairement une nécessité pour les organisations concernées de permettre aux individus de montrer ce qu’ils peuvent faire sur le plan pratique au lieu de les refouler simplement en regardant leur background académique.

Par ailleurs, les organisations doivent avoir le courage de donner la chance à ceux qui n’ont pas d’expérience professionnelle. Il faut bien commencer quelque part un jour… Parmi ceux-ci certains sont compétents et ont la passion de convaincre. Je pense qu’ils méritent d’avoir la chance d’exercer. Si cela est appliqué, nous aurons plus de jeunes Africains travaillant sur des projets africains. La mise en œuvre d’une telle dynamique pourrait booster notre économie.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Concrètement, lorsque je considère ce qui se passe actuellement dans mon pays, le Kenya, où le gouvernement est littéralement en train de faire des coupes budgétaires à des postes névralgiques, comme de ne pas payer les enseignants à leur juste valeur, cela me donne envie de devenir président de la République. Oui, je rêve de mettre de l’ordre dans ce secteur clé que représente la fonction publique. Laisser ce gigantesque segment à la traine, c’est assurément ouvrir la voie à la corruption, à l’inégalité, à l’arbitraire et à la désillusion, autant de facteurs qui peuvent nous entrainer dans une spirale de troubles, et nous l’avons déjà vécue dans ce pays.

Deuxièmement, je m’attèlerais rapidement à créer de l’emploi durable. Nos gouvernements disent très souvent qu’ils créeront des emplois cependant nous avons toujours des milliers sinon des millions de chômeurs particulièrement parmi les jeunes. Moi, Présidente, je mettrai les intelligences nécessaires au sein du gouvernement afin qu’elles me produisent une stratégie tangible qui indiquera comment amener les citoyens à se surpasser, apprécier leurs efforts, aussi minimes soient-ils, et donc apprécier leur contribution à la croissance économique du pays.

Troisièmement, je réfléchirais à la meilleure manière d’optimiser les politiques d’investissements pour donner à mes concitoyens plus de contrôle sur la marche de notre économie. Je regarderais les secteurs au sein desquels nous avons des citoyens qui ont des compétences et j’insisterais que ces secteurs soient contrôlés par nous-mêmes. Cela dans l’optique de rejeter l’idée de voir mes concitoyens dépendre des étrangers pour survivre ou de se soumettre à leurs politiques. Je mettrais en place une stratégie donnant la priorité à mon peuple devant les étrangers dans les bénéfices des investissements. Nos concurrents le font très bien. Cela ne développerait pas seulement une relation de confiance avec le peuple, cela lui donnerait aussi un sens des responsabilités. C’est cela dont mon pays a besoin. Pour les compétences dans les nouveaux secteurs tels les industries extractives, j’investirais dans la formation de mes concitoyens en les envoyant dans des pays plus avancés dans ces domaines afin qu’ils acquièrent les aptitudes nécessaires et reviennent chez-nous opérer dans ces secteurs.

Et pour les secteurs où nous ne pouvons pas éviter d’avoir l’engagement de capitaux étrangers, les accords et les contrats signés seraient ceux qui avantagent aussi réellement mon pays. L’argent des investisseurs étrangers serait dirigé vers les secteurs défaillants afin qu’on n’assiste pas à une multiplication des investissements étrangers à la défaveur du pays qui les accueille.

Propos recueillis par la Rédaction

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