Way-C : le concurrent africain de l’iPad est là !

Il sera peut-être le Steve Jobs africain. Sous sa marque VMK, le Congolais Verone Mankou fait rêver l’Afrique avec sa Way-C. Commercialisée depuis le 30 janvier 2012 à Brazzaville et Pointe-Noire au prix de 150 000 Fcfa, la tablette produite à Shenghzen, en Chine, est entièrement « engineered and designed in Congo ». Africa Diligence souhaite la bienvenue à ce jeune concurrent africain de l’iPad.

Way-C : « lumière des étoiles », dans un dialecte du nord-Congo, est un produit de 7 pouces – comme la première Galaxy Tab de Samsung, soit 18 cm de diagonale d’écran – sous Android 2.3 Gingerbread. La tablette est conçue pour attaquer le marché de l’entrée de gamme  sans pour autant sacrifier la qualité de l’appareil.

La Way-C est vendue exclusivement dans les boutiques Airtel Congo de Brazzaville et de Pointe-Noire, une société privée de téléphonie mobile filiale du groupe indien Bharti avec qui la société de Mankou – VMK (Vumbuka, réveillez-vous, en kituba, deuxième langue nationale) – a conclu un accord. « Avec cette société nous avons également conclu un partenariat pour l’utilisation de la 3G parce que la tablette n’a que le wifi intégré », précise l’inventeur.

Cela fait déjà un an qu’il planche sur le meilleur moyen de démocratiser Internet, sans forcément passer par des moyens « logiques » (PC, notebook…) que la logistique traditionnelle rend difficile à mettre en place en Afrique. L’iPhone, Verone Mankou le voit déjà dans sa tête en version XL. Un produit plus grand qu’un smartphone, facile à connecté, tactile et bon marché. L’idée germe vite, le concept se dessine précisément en quelques mois… mais le manque de moyens et d’investisseurs sur place laisse le rêve de tablette de Mankou dans un tiroir, en 2009. Sa révolution tactile attendra.

En 2011, le concept peut enfin se concrétiser. La réussite de l’iPad et surtout le manque de produits accessibles en Afrique – on trouve le haut de gamme, puis de l’entrée de gamme peu onéreuse mais de très mauvaise qualité – accélèrent la reprise du projet. « Le marché high-tech en Afrique est en pleine croissance, je dirais même que c’est le seul marché au monde où une croissance à quatre chiffres est encore possible», nous confie Verone Mankou. La Way-C prend vie, peu à peu, toujours dans l’espoir de toucher le plus grand nombre.

« L’Africain, n’ayant pas un grand pouvoir d’achat, souhaite un produit de même qualité que celui disponible  en Occident… pour un prix très bas », explique Mankou. « Le marché se joue donc sur le rapport qualité-prix. C’est là que nous allons tirer notre épingle du jeu. Nous n’allons proposer que des produits de très bonne qualité à des prix très abordables.»

VMK s’est associé avec une usine chinoise pour la production massive des appareils. La conception des circuits provient de l’esprit de l’entrepreneur, l’usine chinoise réalise la Way-C selon les plans fournis par VMK. Rien n’est acquis « clés-en-mains ». La tablette comprend l’Android Market, le catalogue officiel d’applications de Google, mais propose aussi un VMK Market qui « sélectionne le meilleur de l’Android Market, car il n’est pas simple de se retrouver avec des centaines de milliers d’applications. Le VMK Market met aussi en avant les applications développées par des développeurs africains », précise l’inventeur. Mankou est également attiré vers le smartphone. Logique. VMK travaille ainsi sur un modèle en forme de réplique miniature de la tablette.

Depuis le 30 janvier 2012, la tablette Way-C est en vente au Congo au prix de 150 000 francs CFA, soit 228 euros. Elle sera commercialisée dans 10 pays d’Afrique de l’ouest, en Belgique, en France et en Inde à compter du 15 février 2012, selon l’inventeur.  Mais Verone Mankou ne veut pas se cantonner au berceau de l’Humanité, il a des rêves d’Europe et cherche ainsi activement de nouveaux distributeurs afin que la Way-C – et son futur smartphone – trouvent leur place sur des sites web marchands en Asie, en Europe et aux Etats-Unis.

AD avec AFP et Romain Thuret

*

CINQ QUESTIONS A VERONE MANKOU

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

Mon père est ingénieur dans le pétrole. Ma mère, qui est décédée en 2003, était institutrice. Sinon, je suis fan de Gospel, de hip-hop et de jazz. J’ai effectué mes études à Pointe-Noire et je suis actuellement attaché aux nouvelles technologies au ministère des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de la communication. Enfin, j’ai créé une entreprise de conseil en technologies il y a plus de cinq ans.

Depuis quand travaillez-vous sur la tablette VMK ?

L’idée m’est venue fin 2005-début 2006. Après une longue période de réflexion, je me suis lancé mi-2010. Résultat, six personnes travaillent sur place et nous supervisons la production en Chine, qui se fait au même endroit qu’Apple. La phase recherche et développement nous a coûté près de 85 000 000 francs CFA, soit 130 000 euros.

Quels sont vos objectifs de vente ?

Nous espérons écouler 10 000 tablettes au Congo en un an. Nous comptons ensuite exporter au Kenya, au Cameroun, au Gabon, en Côte d’Ivoire ou encore au Sénégal via un réseau de distributeurs indépendants. Après, pourquoi ne pas viser plus loin ? Nous sommes parallèlement en discussion pour préparer le successeur de la tablette VMK.

En plus du magasin d’applications Android, planchez-vous sur votre propre magasin d’applications ?

Pour l’instant, nos moyens ne nous permettent pas d’aller plus loin dans la personnalisation de notre produit. Mais nous sommes en train de développer notre propre magasin d’applications, VMK Box, qui nous permettra de mettre en avant les applications développées par des développeurs africains, applications qui se retrouvent rarement dans Android Market. Je pense par exemple à une application qui donnerait les distances et les heures d’ouverture de la pharmacie la plus proche.

L’Afrique rime de plus en plus avec nouvelles technologies…

Quand je regarde l’Afrique, je vois un géant qui était dans un sommeil profond et qui, petit à petit, montre les signes d’un réveil. Celui-ci pourrait se produire dans la prochaine décennie. Et je compte faire tout ce qui est de mon possible pour que ce réveil puisse avoir lieu. En tant qu’employé du ministère des Télécommunications, je travaille, par exemple, sur un projet qui vise au renforcement du « backbone » d’Afrique centrale qui doit irriguer davantage en haut débit notre pays.