Rendre les entreprises tunisiennes plus compétitives

[Africa Diligence] Les entreprises tunisiennes traversent une zone de turbulence ces derniers temps due à l’enlisement du conflit libyen. Situation qui ne devrait pas durer s’il faut croire à l’optimisme affiché par les patrons de sociétés.

Faire des affaires en Tunisie n’est pas facile… mais la situation s’améliore. C’est le constat des auditeurs de l’enquête Miqyes, destinée à mesurer l’état de santé de la PME tunisienne, sur la base d’indicateurs précis. Pour sa deuxième édition, les analystes de l’Institut One to One ainsi que les représentants de la Conect, du Pnud et du cabinet HLB GSAudit&Advisory se sont donc réunis à Tunis le 15 mars 2018, en présence du ministre de l’Industrie et des PME Slim Feriani et du Premier ministre Youssef Chahed. Ce dernier a d’ailleurs reconnu que la Tunisie traversait une « phase économique difficile », mais que « la mise en place d’un nouveau modèle économique » associé à l’élan de la société permettrait à la Tunisie d’atteindre son objectif de croissance, fixé à 5 % à l’horizon 2020 par le gouvernement. Entre 2011 et 2015, ce taux a stagné autour de 1,5 %, pour remonter en 2017 à 1,9 %, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS).

Une méthodologie pour mieux décrypter

L’enquête, lancée entre le 30 janvier et le 23 février 2018, a été réalisée auprès d’un échantillon de 500 PME des 24 gouvernorats du pays. Une édition spéciale baptisée « Miqyes Sud » est, elle, consacrée aux entreprises du Sud tunisien, une région qui vit principalement des échanges transfrontaliers, et qui a donc subi de plein fouet l’enlisement du conflit libyen. Les PME auditées, qui se situent donc pour une bonne partie d’entre elles dans le nord du pays, couvrent différents secteurs, de l’industrie au service, en passant par l’agriculture et le commerce.

Les questions qui leur ont été posées portent sur quatre axes d’études : le financement, le capital humain, l’accès au marché et le climat des affaires en général. Des réponses mises ensuite à la disposition des milieux économiques, dans le but de leur fournir un outil fiable leur permettant d’améliorer leur perception de l’environnement des affaires dans le pays.

Les Tunisiens optimistes malgré la conjoncture

Un état des lieux bienvenu dans un environnement entrepreneurial soumis à des difficultés de divers ordres. Des maux détaillés par Mourad Ben Mahmoud, auditeur chez GSAudit&Advisory, dans le rapport : « L’entreprise tunisienne peine à rester compétitive, ses clients sont en difficulté financière, et son rendement est directement affecté par la mauvaise qualité de son environnement direct (transport, santé, sécurité, logistique) et par ses problèmes financiers. » Si le tableau est plutôt sombre, un chiffre redonne tout de même un peu confiance : 65,3 % des dirigeants de PME interrogés se disent « plutôt optimistes » pour l’avenir de leur entreprise, malgré les difficultés pointées par le rapport. Et en premier celle du financement : en 2017, 33,5 % des patrons de sociétés passent ainsi plus d’une heure par semaine avec leur banquier, afin de négocier des demandes de crédits.

La Rédaction (avec Marlène Panara)