Les 4è assises françaises de la formation en IE

Le 12 mai 2011, l’Institut de la Gestion publique et du développement économique (IGPDE) et le service de coordination à l’intelligence économique  (SCIE) auprès des ministères économique et financier ont organisé  au centre de conférences  Pierre Mendès- France à Bercy les quatrièmes Assises nationales de la formation en intelligence économique. Christophe F. Condette était nos yeux et nos oreilles. Voici son résumé et ses impressions.

Après l’allocution d’ouverture du délégué interministériel à l’IE auprès de la présidence de la République française et de Bercy, les débats de la matinée ont porté dans un premier temps sur les nouveaux outils pédagogiques en matière de formations( E-learning, méthodes d’autoévaluation, d’audit et de jeux de rôle) et dans un second temps sur des retours d’expériences sur les formations à l’IE dans les pays francophones.

Vous pouvez retrouver la documentation et les supports visuels des tables rondes sur le site de l’ IGPDE ou directement ICI:

Les débats de l’après-midi ont porté sur la sensibilisation des chefs d’entreprises à l’IE avec des interventions animées et instructives de formateurs, de consultants, de professeurs et directeurs d’école liés à l’activité IE.

(Vigilances, Acrie Bordeaux, ADBS, Ecole de commerce INSEEC, Ecole européenne d’intelligence économique, ISTIA/université d’Angers).

La dernière table ronde a traité du recrutement de personnes formées à l’IE, aux profils recherchés par les entreprises ou autres organisations avec la participation de professionnels et de praticiens de la discipline.

(Groupe La fontaine, SCOR, SNCF, Cassidian/EADS, COFACE)

De cette journée intense et instructive, il en ressort les observations et remarques suivantes :

–         Nécessité de mutualiser l’intelligence économique,

–         Le concept IE fait toujours l’objet en 2011 de clichés (barbouzes, affaire d’espionnage, vols d’informations),

–         Naïveté des entreprises  françaises en matière de menaces extérieures et de protection des informations stratégiques au sein de l’entreprise,

–         L’intelligence économique ne s’inscrit pas en France dans les processus décisionnels,

–         Absence de culture IE dans l’entreprise,

–         Urgence à former et à sensibiliser l’ensemble du personnel des entreprises aux menaces et risques par une approche IE,

–         Nécessité de former les dirigeants car absence de « Sponsor IE’» au plus haut niveau,

–         Les chefs d’entreprise doivent s’approprier  l’ IE comme un outil d’aide à la décision,

–         Méconnaissance des acteurs économiques de ce que l’IE est et de ce que le concept, les outils peuvent apporter au sein d’une organisation,

–         Confusion de certains acteurs de la vie économique (entrepreneurs, journalistes et ministres) entre intelligence économique et espionnage,

–         les méthodes de l’IE se déploient difficilement au sein des PME et PMI.

–         Nécessité urgente de sensibiliser le concept, les outils et méthodes de l’IE au niveau des TPE/TPI,

–         Travailler sur les normes de la profession (norme veille, norme SI, norme intelligence stratégique, benchmarking, E-reputation),

–         L’IE ne se résume pas à des recherches sur internet, c’est aussi aller sur le terrain, aller au contact de l’autre,

–         La France n’a pas de culture stratégique par rapport aux anglo-saxons,

–         Formation des hauts fonctionnaires (préfets, ambassadeurs) au concept et à l’intelligence culturelle,

–         Nécessité d’une collaboration Public/Privé au niveau de L’IE,

–         L’IE est-elle considérée aujourd’hui comme une fonction ou des compétences ?

Enfin ce qui me paraît le plus important à retenir de cette journée et qui a été évoqué par un praticien lors de la dernière table ronde sur le recrutement, c’est une méconnaissance totale des Directions de Ressources Humaines sur le concept IE, les fonctions et activités qui s’y rattachent (Risques, lobbying, sécurité informatique, veille, knowledge management, etc…), avec en parallèle une inadéquation depuis 2005 entre, d’une part, les personnes recherchées par les organisations dans cette activité et d’autre part,  les étudiants formés à cette discipline.

A cet effet, un article du supplément au Monde daté du 29 mars 2011 (Campus) évoquait l’entrée timide de l’IE  dans les entreprises et les débouchés restreints des étudiants formés à l’intelligence économique.

L’intelligence économique n’est pas perçue dans les PME comme une question prioritaire en période de crise, par manque de temps ou de moyens.

Le développement des formations et Masters dans cette discipline ’  ne doit pas faire perdre de vue que l’activité IE reste une niche et que les entreprises recherchent pour ce type de poste des personnes au parcours riche, et avec une double compétence, pas des juniors’. (Le Monde Campus n° 20584 page 55 mardi 29 mars 2011).

Après une présentation sur les enjeux stratégiques de l’avènement économique de la Chine par le directeur de la publication au Monde, Erik Izraelewicz, le colloque s’est terminé par une allocution du président du syndicat français de l’intelligence économique, Hervé Seveno, et la synthèse de la journée par le coordinateur ministériel à l’IE auprès de Bercy, Frédéric Lacave.

 Christophe Condette.