Rwanda : l’art de plaire aux investisseurs internationaux

[Africa Diligence] Les autorités rwandaises ont tout misé sur le secteur privé, jouissant d’une croissance économique forte (4,7% en 2013 contre 7,0% en 2014). Une fiscalité orientée vers l’investissement, l’adoption d’un nouveau code des investissements, des incitations ciblées et un climat des affaires amélioré. L’économie la plus compétitive de l’Afrique de l’est, selon Doing Business, a tout pour plaire aux investisseurs.

La fiscalité rwandaise repose sur un ensemble de taxes :

  • l’impôt sur le revenu des personnes physiques qui est calculé sur la base d’un barème progressif, suivant des tranches de revenu allant de 0% à 30%
  • l’impôt sur les sociétés qui est de 30%
  • la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est au taux de 18%
  • les droits de douane, répartis suivant les barèmes : 0% pour les matières premières, 10% pour les biens intermédiaires et 25% pour les produits finis.

Incitations à l’investissement

Le nouveau Code des investissements adopté en février 2015 prévoit de nombreuses incitations et une bonne flexibilité aux investisseurs locaux et étrangers :

  • une réduction des taxes de 50% dans les secteurs suivants : les TIC, l’énergie, les transports, l’agriculture, et le tourisme
  • des exonérations d’impôts sur une période pouvant être supérieure à 7 ans
  • un rabais d’investissement de 30% de la valeur du capital investi au cours de la première année de fonctionnement
  • une exonération des droits d’importations dans l’union douanière de l’East African Community (EAC).

Environnement des affaires

Les autorités rwandaises ont compris que l’émergence d’un secteur privé viable est essentielle pour le développement du pays. En 2009, le gouvernement rwandais a mis en place le Rwanda Development Board (RDB), un organisme gouvernemental lié à l’investissement. Le RDB offre l’un des processus les plus rapides d’enregistrement des entreprises en Afrique : les nouveaux investisseurs peuvent s’enregistrer en ligne sur le site Web de RDB et recevoir l’approbation pour opérer dans moins de 24 heures. Et le one-stop-shop de l’agence aide les investisseurs étrangers à obtenir les approbations nécessaires, les certificats et les permis de travail.

Une série de réformes politiques pro-investissement destinées à améliorer le climat des affaires ont vu le jour. En 2015, un nouveau code des investissements a été adopté. Il vise à travers des mesures attractives à augmenter les recettes annuelles pour atteindre 1,5 milliard USD. Bien avant, entre 2008 et 2011, le gouvernement rwandais avait réformé les processus de paiement de l’impôt et promulgué des lois supplémentaires sur l’insolvabilité et de l’arbitrage ; adopté une loi sur la propriété intellectuelle et une loi de réforme de l’entreprise qui comprenait de nouveaux règlements sur les faillites et les lois d’arbitrage.

Cette stratégie a obtenu un franc succès. Selon le dernier classement Doing Business 2015 de la Banque mondiale, le Rwanda est le troisième pays africain offrant un bon environnement des affaires après l’Ile Maurice et l’Afrique du Sud. Sur 189 pays, il est classé 46e.

Les IDE en chiffres

Les investissements directs étrangers (IDE) selon la CNUCED ont régressé entre 2012 (160 millions USD) et 2013 (111 millions USD). En 2014, une reprise a été enregistrée, les flux d’IDE étaient à 159 millions USD. Cette situation est justifiée par le faible niveau des ressources humaines, la mauvaise qualité des infrastructures, l’absence de côte maritime, les coûts élevés d’exploitation, l’insuffisance des ressources naturelles et l’instabilité politique de la région (en RD Congo) sont les facteurs qui ont joué négativement sur les flux d’IDE.

Le Rwanda possède néanmoins des atouts : une importante réserve de gaz méthane, un potentiel minier en expansion encore peu exploré et une réputation de pays figurant parmi les moins corrompus d’Afrique. Le café, le thé, l’étain, l’énergie et les télécommunications sont les secteurs cibles des investissements étrangers. La Chine, l’Indonésie et l’Allemagne sont les principaux pays investisseurs.

Un marché ouvert et concurrentiel

Le programme de libéralisation économique du Rwanda vise à améliorer l’efficacité et la compétitivité du marché intérieur. Afin de créer un environnement favorable et concurrentiel pour les entreprises, le Rwanda a signé un certain nombre de traités bilatéraux, régionaux et multilatéraux, conventions et accords. Le pays est également membre de plusieurs organismes régionaux et internationaux tels que la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Rwanda jouit d’un accès préférentiel aux marchés régionaux et internationaux suivants :

  • l’East African Community (EAC) qui compte 149 millions de consommateurs
  • le Common Market of Eastern and Southern Africa (COMESA) avec 19 États membres et plus de 400 millions de consommateurs
  • le groupe Afrique Caraïbe Pacifique (ACP) qui compte plus de 700 millions de consommateurs
  • les États-Unis (AGOA, le Système généralisé de préférences) et l’Union européenne sous l’Initiative Tout sauf les armes.

Gaétan Awa (Avec Knowdys Database, BM, PEA, RRA, RDB et RIEPA)