Sénégal : arachide et pétrole, 2 leviers inattendus de l’émergence

[Africa Diligence] L’économie sénégalaise s’est longtemps appuyée sur le secteur primaire, en surfant notamment sur l’agriculture. Depuis un an, la découverte de pétrole occupe une place de choix dans la dynamisation de l’économie locale. Au premier semestre 2015, les produits arachidiers n’ont pas été en reste. Les leviers inattendus de l’émergence.

Le secteur primaire Le secteur primaire emploie 50% de la population active et contribue pour près de 16,0% à la formation du PIB. Les performances du secteur primaire demeurent fragiles, car elles dépendent des aléas climatiques et de la volatilité des cours mondiaux des matières premières. Son taux de croissance projeté en 2015 est de 5,2 %.

L’agriculture sénégalaise est essentiellement pluviale et saisonnière. Elle repose à la fois sur des cultures de rente (arachide et coton) et sur des cultures vivrières de subsistance (mil, sorgho, maïs).

La filière arachide, longtemps le moteur de l’économie sénégalaise, a traversé une crise importante. Selon Omar Sané, directeur de l’Agriculture, le bilan de la campagne arachidière 2014-2015 pourrait être considéré comme positif avec une production de 2015 qui avoisine les 660 000 tonnes. Au premier semestre 2015, les produits arachidiers (tourteaux et huiles) ont connu une forte augmentation de 67,9% comparés à la période correspondante de 2014. Le cumul de ces produits est passé de 18 700 tonnes (2014) à 31 400 tonnes (2015). Séparément, la production de tourteaux a ainsi fortement progressé de 70,9% à 16 200 tonnes contre 9 500 tonnes en 2014. L’huile brute quant à elle se situe à 49,4%, s’établissant à 12 600 tonnes contre 8 400 tonnes en 2014. Concernant la production d’huile raffinée, elle s’est établie à 2 700 tonnes en 2015 contre 800 tonnes en 2014.

Dans la filière riz, le gouvernement du Sénégal, pour la campagne 2014-2015 entend mettre tout en œuvre pour atteindre l’autosuffisance à l’horizon 2017. Le pays souhaite produire 900 000 tonnes de paddy dont 60% (540 000 tonnes) en irrigué et 40% (360 000 tonnes) en pluvial. Pour y parvenir, le gouvernement a estimé les besoins à environ 74 milliards XOF.

En ce qui concerne les autres cultures, la production annuelle de mil et de sorgho varie entre 400 et 600 000 tonnes. Pour la campagne 2015/16 en cours, le directeur Horticulture, Macomb Diouf a annoncé que le Sénégal produirait 350 000 tonnes d’oignons. De ce total, 175 000 tonnes seraient destinées à l’export.

Le sous-secteur de l’élevage enregistre également un ralentissement en 2014, avec la contraction des abattages de bovins (-1,8%) et d’ovins (-30,3%), mais aussi de la production de volaille (-0,7%). La production de lait brut, en revanche, a connu une hausse estimée à 8,3% en 2014, grâce aux importantes mesures prises par les autorités pour promouvoir le lait local, notamment l’insémination artificielle. Le cheptel national est assez diversifié. Il compte 3,1 millions de bovins, près de 9 millions de petits ruminants (dont près de 5 millions d’ovins et 4 millions de caprins), 504 000 équins, 412 000 asins, 300 000 porcins, 5 000 camelins, 35 millions têtes de volailles.

La pêche est également source de recettes importantes. Les activités de la pêche sont en hausse de près de 1,5% en 2014, après une croissance de 0,9% en 2013. Elles sont tirées par la pêche industrielle, dont les débarquements ont nettement augmenté au cours du premier semestre 2014 (10,1%).

Le secteur secondaire – Le secteur secondaire aura contribué à 22,1%, avec une croissance estimée à 4,9% en 2014, après une contraction de 1,5% en 2013. Cette hausse doit beaucoup à la relance des sous-secteurs des corps gras alimentaires (huilerie), + 6,5% après le recul de 26,1% en 2013 et de la bonne performance de la production de sucre, + 25%, contre 10,7% en 2013.

Il est fondé essentiellement sur la production d’engrais et d’acide phosphorique à destination de l’Inde et sur la transformation de l’arachide (huile et tourteaux pour le bétail) et des produits de la mer (malgré une raréfaction croissante de la ressource). Aujourd’hui, le secteur secondaire est entravé, en raison des insuffisances du secteur de l’énergie.

Le secteur industriel sénégalais a enregistré en juin 2015 une croissance mensuelle de 3,8% comparé au mois de mai 2015. Selon la Direction de la prévision et des études économiques, cette évolution est particulièrement tirée par la construction (+4,3%), les conserveries de viandes et de poissons (+ 51,3%), la fabrication de sucre (+40,3%), la production de papier et carton (+21,2%), l’énergie (+4,2%) et la métallurgie-fonderie (+ 15,7%). En revanche, le travail de bois (-38,2%), la fabrication de produits alimentaires (-11,6%) et les activités extractives (-5,7%) se sont principalement repliées, en glissement annuel.

Avec la découverte du pétrole par l’entreprise britannique Cairn Energy, les perspectives de production futures sont bonnes. Selon Cairn Energy, les réserves tourneraient autour de 250 millions de barils. La société a annoncé que la production de l’or noir pourrait commencer en 2016 au plus tard 2017-2018. La Société africaine de raffinage (SAR) qui semble se préparer à cette éventualité, a décidé en 2015, d’augmenter sa capacité de raffinage pour passer à 1,5 million de tonnes. Et avant 2020, SAR entend réaliser l’extension complète pour faire une raffinerie aux standards internationaux qui produira 3 millions de tonnes l’année, annonce Abdoul Aziz Dème, chef de département à la SAR.

Gaétan Awa (Avec Knowdys Database, BM, PEA, COMMODAFRICA et Portail agroalimentaire du Sénégal)