Un consortium franco-chinois remporte la gestion du terminal à conteneurs de Kribi

[Africa Diligence] Bolloré apprend vite. Après l’échec de 2008, l’armateur français CMA CGM s’est rapproché du chinois CHEC pour remporter l’appel d’offres du port de Kribi au Cameroun. Le terminal accueille déjà de grands navires de 8 000 conteneurs. Un regroupement de transitaires et de professionnels de la manutention camerounais s’est contenté de l’exploitation et la maintenance du terminal polyvalent du port.

C’est l’aboutissement d’un projet vieux de sept ans quand, en 2008, l’État camerounais lançait un premier appel d’offres sur « le financement, la construction et l’exploitation du port en eau profonde de Kribi », au sud du pays. Bolloré Africa Logistics (BAL), la filiale de transport et logistique en Afrique du groupe Bolloré, l’avait emporté mais en janvier 2014 le gouvernement camerounais avait déclaré cet appel d’offres infructueux. En réponse au nouvel appel d’offres international alors lancé, BAL a constitué un consortium avec l’armateur français CMA CGM et le constructeur chinois CHEC.

Dans la « short list » avec le danois APM Terminals, filiale du numéro un mondial du transport maritime de conteneur AP Moeller, et le philippin International Container Terminal Services (ICTSI), le trio franco-chinois a finalement été désigné adjudicataire de l’exploitation du terminal à conteneurs du port en eaux profondes de Kribi. Selon le magazine « Jeune Afrique », il aurait mis près de 620 millions d’euros sur la table. Un autre consortium constitué du français Necotrans et de Kribi Port Multi Operators (KPMO), un regroupement de transitaires et de professionnels de la manutention camerounais, a pour sa part obtenu l’exploitation et la maintenance du terminal polyvalent du port.

Il s’agit d’une étape majeure pour ce méga projet qui va offrir une porte d’entrée incomparable en Afrique centrale. Développé ex nihilo sur un terrain vierge à une trentaine de kilomètres de la station balnéaire de Kribi, ce « greenfield » dans le jargon portuaire est, en effet, le premier sur la côte Atlantique africaine. « Un autre projet doit voir le jour au Nigeria, mais il n’est pas fait », commente une porte-parole de BAL.

Le consortium franco-chinois va donc assurer au cours des vingt prochaines années la gestion du terminal à conteneurs de Kribi. Celui-ci dispose déjà d’un quai de 350 mètres construit et équipé par le chinois CHEC. Il sera complété par un quai supplémentaire de 700 mètres, qui sera construit dans un délai maximum de cinq ans, précise BAL dans un communiqué. Le port de Kribi avec une profondeur de 15 mètres et un accès direct à la mer permet, d’ores et déjà, au Cameroun d’accueillir de grands navires, contenant jusqu’à 8 000 conteneurs. Ce qui n’est pas possible pour le port de Pointe Noire, plus au nord du pays (Congo), car il est situé sur un estuaire et n’a que dix mètres de tirant d’eau.

« Nous sommes fiers de la confiance accordée par le Cameroun au groupement Bolloré Africa Logistics/CMA CGM/CHEC. Avec le nouveau port de Kribi, le Cameroun dispose désormais d’un deuxième pôle portuaire qui vient compléter son réseau d’infrastructures. Notre groupement, grâce à son savoir-faire maritime, portuaire et logistique, va permettre à la plateforme portuaire de Kribi de jouer son rôle d’accélérateur de croissance pour le Cameroun et la région », a déclaré Philippe Labonne, directeur général de Bolloré Africa Logistics, cité dans un communiqué publié vendredi 30 août 2015.

Ce terminal en eau profonde fait partie d’un immense projet de complexe industriel (mines, matières premières, etc.) derrière le port. En outre, l’infrastructure portuaire irriguera la région de nouveaux corridors logistiques grâce à des connections directes entre le port de Kribi, le rail et la route, fait valoir BAL, tandis que CMA CGM, troisième transporteur de conteneurs maritime fera de Kribi un hub de transbordement portuaire.

(Avec Antoine Boudet et Knowdys Database)