Afrique, terre d’émigration pour Européens sans emploi

(Africa Diligence) Alors que la crise se prolonge en Europe, l’Afrique s’affirme comme la nouvelle frontière de la croissance mondiale. Des Européens sans travail traversent de plus en plus la Méditerranée. La proximité géographique et l’histoire entre les deux continents sont-elles les seuls facteurs explicatifs de cette tendance ?

Le gros des migrations des cinquante dernières années était à sens unique : les Africains allaient en Europe pour bénéficier d’un enseignement de qualité et d’un travail pour améliorer leurs conditions de vie. Dans le contexte actuel, où l’Europe s’est installée dans une récession économique plus durable et doit faire face à des réformes structurelles, l’Afrique connaît un taux de croissance qui dépassera 6% en 2014, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).

Cette vigueur économique rend l’Afrique de plus en plus attrayante. Ce qui pourrait bouleverser les idées reçues concernant la réalité des flux migratoires. De nombreux cadres européens au chômage sont sollicités par des entreprises françaises, portugaises, anglaises et africaines installées en Afrique, pour leurs compétences, notamment en management. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur.

On estime à 55 000 le nombre de Français installés au Maroc pour des raisons professionnelles, dont 60% sont des binationaux ; 20 000 jeunes Français d’origine algérienne auraient fait le choix de s’installer sur la terre de leurs parents, une tendance qui serait à la hausse.

Pour des raisons professionnelles, plus de 100 000 Portugais ont choisi de résider en Angola, ancienne colonie portugaise, un chiffre qui a été multiplié par cinq en dix ans. L’Afrique de l’Ouest présente également un intérêt particulier pour ces nouveaux migrants venus du Nord.

Cette migration « à front renversé » traduit une nouvelle donne, celle de l’émergence du continent africain.

(Avec Noël Ndong)