Business | Combien rapporte la mort de Bambi

Alors que des centaines de millions de personnes aux quatre coins de la planète rendent un dernier hommage au plus brillant artiste de l’histoire de l’humanité, David Walsh de WSWS nous entraine dans les sombres couloirs de ce qu’il ne fait pas bon révéler en public : les dollars de la mort. Car c’est en milliards de dollars de bénéfices que s’évalue le retour au ciel de ce demi-dieu. Extraits :

« Assurément, un très grand nombre de personnes ont été émues par la mort de Jackson. Il fut après tout l’une des premières superstars mondiales et il aurait vendu environ 750 millions d’albums à travers le monde. Ceux qui aimaient sa musique et sa danse, et qui sympathisaient aussi peut-être avec ses évidents traumatismes personnels, vont être spontanément touchés par sa mort.

« A l’opposé, il y a les réactions des magnats de l’industrie du divertissement et les médias, accompagnés, de manière ridicule, de divers personnages politiques (du premier ministre britannique Gordon Brown et du ministre allemand de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg à l’ancien président de la Corée du Sud Kim Dae-jung et l’ancienne première dame des Philippines, Imelda Marcos). Ici, les calculs financiers (et même politiques) rivalisent avec le cynisme.

« La mort de Jackson le jeudi 25 juin après-midi, dans une maison de Los Angeles qu’il louait, a provoqué un élan massif d’intérêt sur divers services en ligne, ainsi qu’une montée rapide des ventes de sa musique. Les sources de nouvelles des chaînes câblées et d’Internet ne traitent pratiquement que de cet événement. MTV a rapporté vendredi que ‘ la musique de Jackson a réussi à occuper les 15 positions de tête de la liste des meilleurs vendeurs d’Amazon et la moitié des 20 albums et simples les plus téléchargés d’iTunes ‘.

« Ce ne serait pas commettre une injustice envers les cadres de l’industrie musicale, une couche réputée pour son comportement prédateur, que de supposer que la mort de Jackson fut immédiatement perçue dans certains milieux comme une occasion en or d’améliorer les ventes de disques de cette année qui sont en dégringolade (les analystes prévoient que les ventes globales de musique en 2009 totaliseront 23 milliards de dollars, soit une baisse de 16 pour cent par rapport à 2006).

« Dans une déclaration officielle, le directeur général de Sony, Howard Stringer, (dont la compagnie détient les droits de la musique de Jackson qui vend le mieux) a qualifié le chanteur de ‘brillant troubadour pour sa génération, un génie dont la musique fut le reflet de la passion et de la créativité d’une époque’. Bloomberg a pour sa part noté que Sony ‘pourrait voir ses revenus grimper par une reprise des ventes de CDs et de DVDs de l’ancienne icône de la pop’. Un analyste de Deutsche Bank AG de Tokyo a toutefois rafraîchit ces ardeurs en soulignant que l’apport du décès de Jackson aux gains totaux de la compagnie ‘sera limité et n’aura probablement pas d’impact  sur la valeur de l’action de Sony’.

« Après sa mort, le Los Angeles Times nota : « Les tabloïdes qui avaient tourmenté Jackson sans merci lorsqu’il était vivant, le surnommant “Wacko Jacko” pour son comportement instable, son apparence de plus en plus étrange et les accusations d’agression sur des enfants, se sont soudainement mis à louanger avec émotion un homme ‘qui a fourni la trame sonore d’un milliard de vies.' »

« Aujourd’hui, la machine des gigantesques médias et de l’industrie du spectacle tentera d’extraire tout ce qu’elle peut de la mort de Jackson tout en gardant l’œil ouvert pour trouver la prochaine victime (…)

Lire l’article complet de David Walsh (en version française) in Mondialisation.