Faire de l’Afrique la mamelle nourricière du monde

[Africa Diligence] Akinwumi Adesina Président de la Banque Africaine de Développement (BAD) a vigoureusement dénoncé lundi 16 octobre 2017, à Des Moines, aux États-Unis, la situation actuelle où l’Afrique dépense chaque année 35 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires, la jugeant « inacceptable ».

« L’Afrique tient dans la main la clé pour nourrir les neuf milliards de personnes que comptera cette planète d’ici à 2050 » dès lors, avec tout son potentiel, il est inacceptable que le continent se contente d’importer a affirmé M. Akinwumi Adesina, en recevant le Prix Mondial de l’Alimentation, lors de sa conférence Norman Borlaug prononcée à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation.

« L’Afrique possède 65 % des terres arables non exploitées de la planète. C’est donc l’agriculture africaine qui déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde. Malheureusement si on n’aide pas l’Afrique à libérer son potentiel, elle devrait dépenser d’ici à 2030 près de 110 Milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires. Il n’y a donc absolument aucune raison pour que l’Afrique soit une région importatrice de produits alimentaires. Notre continent possède un potentiel énorme en matière d’agriculture mais, comme le disait M. Borlaug, le potentiel ne se mange pas !  » a soutenu le responsable de la banque panafricaine.

Pour libérer ce potentiel doit commencer par les savanes africaines, qui s’étendent sur « 600 millions d’hectares – un chiffre ahurissant ! –, dont 400 millions sont cultivables », a affirmé Akinwumi Adesina.

Sous ce rapport, pense le dirigeant d’origine nigériane, les agriculteurs africains ont besoin de bien plus qu’une main secourable. Pour eux, l’urgence majeure est d’obtenir un renouvellement des politiques.

C’est ainsi qu’il a fait allusion à la mise en place d’un impôt foncier sur les terres agricoles non exploitées ou sous-exploitées afin d’inciter à une commercialisation plus rapide des produits agricoles et de libérer tout le potentiel agricole en Afrique.

Si rien n’est fait, poursuit-il, malgré les progrès obtenus au niveau mondial en matière de production alimentaire (notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie), le chiffre des 700 millions de personnes qui  toujours, sur la planète, vivent dans une extrême pauvreté, va être vite dépassé.

« 800 millions de personnes, souffrent de famine chronique, 2 milliards de carence en micronutriments et 150 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints de retard de croissance. en Afrique, la sécurité alimentaire  sévit et de près de 300 millions de personnes sont sous-alimentées. Il s’agit aussi, de la seule région du monde où la part de la population confrontée à l’insécurité alimentaire a progressé »  a-t-il avancé.

Selon toujours Adesina, relever l’immense défi de nourrir la planète, dont la population atteindra 9 milliards de personnes d’ici à 2050, passera inéluctablement par une augmentation rapide de la production agricole mondiale, de la production d’aliments et de bio-nutriments.

Le président de la BAD a conclu en rendant un vibrant hommage à Norman Borlaug, à qui cette série de conférences doit son nom. Il a également rappelé que pour cette éminente personnalité, aujourd’hui disparue, l’Afrique représentait « l’ultime frontière » en matière d’agriculture.

 » Si M. Borlaug a pu nourrir à lui seul un milliard de personnes, nous pouvons sans aucun doute en nourrir 800 millions au niveau mondial et nous pouvons certainement nourrir 300 millions d’Africains. M. Borlaug serait déçu si nous n’y parvenons pas, avec toutes les technologies et les innovations à notre disposition, de la révolution génétique à la révolution des technologies de l’information et de la communication. Nous ne pourrions pas le regarder en face en lui disant que nous n’y sommes pas parvenus » a-t-il plaidé.

Norman Borlaug est le fondateur du Prix Mondial de l’Alimentation. Il avait reçu en 1970 le prix Nobel de la paix pour les efforts qu’il avait menés, durant toute sa vie, pour nourrir la planète.

Pour information, plus de 1 200 participants venant de près de 65 pays discuteront de problématiques majeures liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales au Symposium international du dialogue de Borlaug, du 18 au 20 octobre 2017.

La Rédaction (avec Cheikh Anta Seck)