Grace Kelly Azizet, la princesse Gabonaise qui vend du luxe à l’africaine

[Africa Diligence] À 25 ans, Grace Kelly Azizet créé Wild Flowers, cabinet de conseil en stratégie de marque et communication 360°. Quatre ans plus tard, elle compte parmi ses clients de grands groupes de luxe internationaux tels que LVMH et L’Oréal. Co-organisatrice, en août 2015, de la Brazza Fashion Night, la Gabonaise semble avoir trouvé dans la culture africaine, les strasses et paillettes qui feront briller la face du continent.

Diplômée d’un Master 2 en marketing et stratégies commerciales, Grace Kelly Azizet a passé ses six premières années d’expérience professionnelle dans la distribution sélective à la communication dans l’industrie de la mode et du luxe. À l’âge de 25 ans, elle décide de se lancer dans l‘aventure entrepreneuriale en créant Wild Flowers, un cabinet de conseil en stratégie de marque et communication 360°.

Consultante en stratégie, animée par le désir de construire des marques africaines fortes, la jeune Gabonaise, âgée aujourd’hui de 29 ans, compte parmi ses clients et partenaires de renom, des entreprises dont des grands groupes de luxe tels que LVMH et L’Oréal. Elle a également la confiance des organisations publiques à l’instar du ministère des PME et de l’Artisanat du Congo avec lequel elle a co-organisé, en août 2015, la Brazza Fashion Night. But de cette opération exceptionnelle : mettre en lumière le potentiel économique des filières textiles et mode originaires d’Afrique.

Persuadée que la richesse de la culture africaine a le pouvoir de changer l’image du continent, Grace Kelly Azizet accompagne aujourd’hui des femmes entrepreneures dans leur développement. La princesse qui a accepté de répondre à nos questions accompagne également des institutions publiques et privées dans la structuration des industries créatives afin de contribuer à “la construction et au rayonnement de marques africaines fortes et responsables”.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Grace Kelly Azizet : Oui, je suis convaincue de l’émergence économique du continent africain. L’Afrique est une terre vierge où tout reste à faire Nous avons la chance d’avoir une jeunesse nombreuse et créative, il faut l’aider à faire germer ses idées et grandir. De nombreux entrepreneurs sur le continent et issus de la diaspora s’inscrivent dans une modernité à l’africaine en imaginant des entreprises innovantes qui construirons les économies de demain. Je pense à des exemples comme Vérone Mankou de VMK Groupe qui a créé le premier smartphone imaginé et produit en Afrique, et des femmes comme Magatte Wade de Tiossan qui génère un chiffre d‘affaires important grâce à la mise en lumière de produits de beauté inspirés par les savoir-faire ancestraux sénégalais, ou à la valorisation de boissons locales comme le Bissap avec la marque Adina, sa première aventure entrepreneuriale. Aujourd’hui, il est possible de créer des emplois sur le continent si on ose croire en ses rêves et qu’on travaille dur pour les réaliser. Je suis convaincue que cette émergence ne sera possible que si nous réussissons à changer les mentalités sur le continent en encourageant la jeunesse africaine à prendre son destin en main.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Tout d’abord, je crois que le levier culturel est un critère primordial dans la croissance économique du continent. Avant d’espérer émerger, nous avons besoin d’éduquer nos sœurs et frères, parfois même nos parents, à être fier d’être Africain, apprendre à valoriser nos savoir-faire, nos produits en développant une culture de l’excellence qui, à terme, nous aidera à construire un nouveau système de pensée. Ensuite, nous grandirons quand le facteur féminin sera représenté dans l’économie. Beaucoup de sociétés africaines étaient matriarcales (Ashanti, Fani, Fang, Baïnouk, etc.) qui ont construit des royaumes et sont des exemples à suivre pour nos sociétés dites modernes. Il convient à chacun de trouver un équilibre dans le foyer, mais je suis convaincue que la femme jouera un rôle déterminant dans le développement du continent si elle ose prendre sa place. Enfin, je crois à l’action collective et à la force du groupe. Il faut savoir travailler avec les autres pour grandir, il faut être prêt à apprendre pour mûrir, les pays africains doivent s’ouvrir. Ouvrir leurs frontières, permettre une meilleure cohésion sociale entre les pays frontaliers, se spécialiser dans quelques secteurs et mettre en place des partenariats stratégiques forts avec des économies complémentaires.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Moi Présidente, j’attaquerais prioritairement à un chantier qui à mon sens est à la base du vivre ensemble comme le droit à l’eau potable pour tous. Et par eau potable, je veux dire pouvoir boire et utiliser une eau saine partout, à toute heure du jour ou de la nuit. C’est un besoin humain fondamental qui ne devrait jamais être remis en question. Ensuite, je mettrai en place une loi qui faciliterait l’accès au financement et exonèrerait totalement de charges sociales chaque entrepreneur dont le projet contribue au rayonnement du Made in Gabon. En dernier lieu, je convoquerais des représentants de la jeunesse gabonaise, des entrepreneurs, des activistes écologistes et quelques acteurs culturels autour d’un dîner pour écouter ce qu’ils pensent du Gabon.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?

Je trouve que le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique est une initiative louable sur un continent où les informations sont souvent inexistantes. L’opacité des marchés et l’informel qui règnent en maîtres rendront ardus la mission du CAVIE, mais il reste une nécessité. Je félicite toute l’équipe pour ce projet d’avenir que je suivrai avec attention.

Propos recueillis par la Rédaction

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