La pression monte sur les concurrents d’ICE et du Nyse

[Africa Diligence] La fusion entre ICE et Nyse Euronext pourrait relancer les grandes manœuvres. Nasdaq, Deutsche Börse et LSE condamnés à réagir pour ne pas être marginalisés.

Au lendemain de la fusion entre ICE et Nyse Euronext, qui doit donner naissance à la troisième Bourse mondiale, tous les regards se tournent vers trois acteurs.

Nasdaq

Dans un marché en pleine recomposition, où « tout le monde cherche un partenaire pour danser », il y a fort à parier que les prochains mois verront de nouveaux rapprochements. Et comme le nombre d’acteurs rétrécit, Nasdaq sera probablement impliqué. La question est de savoir dans quelle position. Déjà présent en Europe du Nord, l’opérateur américain pourrait être tenté de se renforcer sur le Vieux Continent pour profiter des nouvelles réglementations qui vont déboucher sur une demande accrue de compensation des produits dérivés. Le Nasdaq s’est déjà posé en acheteur potentiel en s’associant l’an dernier avec IntercontinentalExchange pour reprendre Nyse Euronext, mais s’est cassé les dents sur le département de la Justice. Maintenant que son ancien partenaire a emporté le morceau, le Nasdaq est bien seul. Et fait désormais plutôt figure de cible : le jour de l’annonce de l’achat du Nyse par ICE, l’action du Nasdaq a bondi… Parmi les acquéreurs potentiels, le plus évident serait CME, l’opérateur du Chicago Board of Trade, qui affiche une fière capitalisation boursière de 17,5 milliards de dollars et dispose donc de moyens confortables. Il répondrait ainsi au joli coup d’ICE.

London Stock Exchange

Les spécialistes du secteur n’estiment pas que le mariage d’ICE et de Nyse Euronext oblige le London Stock Echange (LSE) à bouleverser sa stratégie. La Bourse de Londres vient de négocier deux opérations de croissance externe. Il y a d’abord eu le rachat, l’an dernier, des 50 % qu’elle ne détenait pas encore dans le spécialiste d’indices de marché FTSE International. Et il y a surtout eu, cette année, la prise de contrôle de la chambre de compensation LCH.Clearnet pour 463 millions d’euros, une opération qui fait actuellement l’objet de négociations en vue d’une révision du prix à la baisse pour tenir compte d’un durcissement réglementaire. « Ces deux opérations permettent au groupe d’être en phase avec la tendance actuelle d’intégration verticale des métiers de marché », explique Christophe Nijdam, analyste chez AlphaValue. Cela dit, si l’offre d’ICE aboutit à la mise en vente des Bourses européennes d’Euronext comme Paris et Amsterdam, la plate-forme de marché londonienne, déjà propriétaire de la Bourse italienne, ne pourra pas ne pas regarder le dossier. Le rapprochement de Nyse Euronext et d’ICE pourrait cependant avoir un impact plus direct sur le London Stock Exchange. La compensation d’une partie des transactions négociées sur Nyse Euronext est en effet effectuée par LCH.Clearnet. Le marché s’attendait à ce que la Bourse américaine change d’opérateur, mais l’entrée d’ICE, qui développe son propre service de « clearing », pourrait changer le calendrier,

Deutsche Börse

Après plusieurs échecs pour se marier avec un autre grand du secteur, que ce soit le LSE à Londres ou dernièrement Nyse Euronext, l’opérateur boursier allemand Deutsche Börse doit chercher son salut en premier lieu par la croissance organique. Son modèle d’activité en silo lui a déjà permis de décupler ses ventes en quinze ans. Le groupe de Francfort capitalise sur les plates-formes de négoce d’instruments financiers (actions et dérivés), le règlement livraison de titres et les analyses de données. Reste que la perspective d’une cession de la Bourse Euronext réveille le fantasme d’un rapprochement futur avec la Börse pour construire un grand ensemble sur les marchés « cash » en zone euro.

Jean-Philippe LACOUR, Lucie ROBEQUAIN et Nicolas MADELAINE