Enveloppe agricole au Burundi: quels enjeux ?

Diversifier l’économie nationale en faisant de l’agriculture un axe de compétitivité : telle est la nouvelle stratégie de développement adoptée par Bujumbura. Face aux enjeux, les autorités burundaises viennent pratiquement de doubler le montant alloué à l’agriculture et à l’élevage dans le budget 2012. La part consacrée au secteur agricole et à l’élevage s’élève désormais à 12%.

Annoncée il y a quelques jours par le deuxième vice-président du Burundi, Son Excellence Monsieur Gervais RUFYIKIRI, chargé des questions sociales et économiques, cette information devrait réjouir les différents acteurs intervenant dans ces secteurs.

Gervais RUFYIKIRI a fait comprendre que la hausse de la part accordée à l’agriculture et l’élevage s’inscrivait dans le cadre des efforts visant à stimuler ce secteur porteur de croissance.

Notons que l’enveloppe agricole est en perpétuelle augmentation au pays du Président Pierre NKURUNZIZA puisqu’elle n’était que de 2% en 2010. Et les enjeux sont colossaux.

Les 12% du budget national restent d’ailleurs faibles pour un pays où l’agriculture occupe plus de 90% de la population active dont 51% de femmes.

L’agriculture représente un peu plus de 95% des recettes d’exportations du Burundi et sa contribution au produit intérieur brut (PIB) du pays est estimée à plus de 50%.

Bon à savoir sur le Burundi

La croissance s’est établie à 3.9 % en 2010, restant inférieure, comme les années précédentes, à l’objectif fixé par les pouvoirs publics, qui était de 4.5 % pour 2010. Ce résultat s’explique par la situation politique incertaine, qui découle elle-même d’une série d’élections dans un environnement politique fractionné, ainsi que par de mauvaises conditions climatiques. La croissance devrait atteindre 4.5 % en 2011 et 5.2 % en 2012, si les choses s’améliorent sur ces deux fronts.

La politique budgétaire est la même qu’en 2009, avec des niveaux de recettes et de dépenses similaires. L’investissement public a augmenté de 10 %, grâce à l’expansion des infrastructures sociales. Conjuguées à une légère baisse des dons, ces dépenses publiques plus élevées ont creusé le déficit global, qui est passé de 2 % du PIB en 2009 à 3.2 % en 2010. Les fortes hausses des crédits à l’État ont fait gonfler la masse monétaire. Les tensions qui en ont résulté sur les prix intérieurs ont été compensées par la hausse de la production de denrées alimentaires et par une baisse des prix de ces produits. Au total, l’inflation intérieure s’est élevée à 7.1 %, contre 10.7 % en 2009. Au fil des ans, le déficit commercial chronique du pays a été en partie absorbé par les transferts courants, qui se présentent en général sous la forme de flux d’aide. Étant donnée l’ampleur de ces transferts en 2010, le déficit de la balance courante a diminué malgré un net creusement du déficit commercial.

Les transferts d’aide au profit du Burundi pourraient reculer sur les deux prochaines années, à cause de la crise économique qui touche les partenaires traditionnels et en raison d’une gouvernance médiocre. Cette baisse éroderait la capacité de l’État à fournir des services de base. La stabilité financière à long terme du Burundi passe par de nouvelles sources de financement, de préférence intérieures, ainsi que par l’allocation et l’utilisation plus efficaces des ressources.

Le Burundi ne parviendra pas à une croissance forte et soutenue s’il ne stabilise pas son environnement politique, tout en renforçant un secteur privé embryonnaire et en développant ses ressources humaines. Pour relever les niveaux d’investissements et les flux d’aide, le pays devra remédier à l’insécurité qui a suivi les élections de 2010. Afin de renforcer le secteur privé, le deuxième vice-président du Burundi s’attache à améliorer le climat des affaires. Cependant, le secteur privé ne prospèrera pas si des mesures supplémentaires ne sont pas mises en œuvre pour moderniser une agriculture en déclin, qui assure la subsistance de la grande majorité des Burundais. Les efforts d’extension des infrastructures éducatives et sanitaires contribueront à résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

L’instauration de relations économiques avec des nouveaux partenaires offre des opportunités inédites, qui aideront le Burundi à diversifier ses marchés et ses sources d’aide. La Chine est le principal partenaire émergent. Elle bénéficie du soutien diplomatique du Burundi, mais rien n’indique que cette coopération soit motivée par les intérêts commerciaux chinois. Le Burundi continue de dépendre de ses partenaires traditionnels, qui financent une grande partie de son budget. Il ne semble donc pas y avoir de concurrence entre ses partenaires. Les besoins du pays sont si considérables que des partenariats supplémentaires seront les bienvenus.

Steven Addamah avec AD et PEA