La perception de l’Histoire dans les arts et lettres d’Afrique

[Africa Diligence] L’émergence de l’Afrique, si elle a lieu, devra nécessairement passer par les arts et la littérature. Un enjeu crucial pour les nations avant-gardistes. Du 14 au 16 mai 2016, la Bibliothèque nationale d’Algérie a abrité un colloque international sur la représentation de l’Histoire dans les arts et les littératures africaines. Un bon début !

Organisé par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), ce rendez-vous littéraire a été l’occasion pour les nombreux intervenants invités de revenir sur la place qu’occupent la grande Histoire de l’Afrique et les petites histoires des Africains qui la racontent, la transcrivent, la fabulent, la transcendent, la véhiculent, la vivent et la transmettent dans leur art ou leur écrit.

Autour de Benaouda Lebdai, professeur à l’université du Maine et modérateur des rencontres, Amina Bekkat, Afifa Bererhi, Nadia Sebkhi, Farid Benyaa, Arezki Mellal – pour ne citer que ceux-là alors que la liste des intervenants est bien plus longue –  ont tour à tour exposé leur écrit ou détaillé leur travail de recherche sur cette thématique de “l’interaction, voire cette fusion entre fiction et réalité historique” dans les écrits, l’art, le cinéma ou toute autre production africaine. Mais comme le dit si bien Julien Kilanga, de quelle Afrique s’agit-il ? Qu’est-ce qu’un roman africain ? Quels en sont les critères ? Qui a le droit d’écrire sur l’Afrique ? Et s’il écrit c’est pour dire quoi ? La grande Histoire de ce continent ou les petites histoires individuelles des petites gens qui représentent ces petits pays qui ont fait cette grande Histoire ?

Et les exemples à citer étaient à profusion lors de ces journées qui ont convoqué entre autres, Murambi, le livre des ossements, de Boubacar Boris Diop qui fut prétexte à Rim Mouloudj pour étudier la représentation du génocide rwandais ; L’étrange destin de Wangrin, d’Amadou Hampâté Bâ, qui permit à Nathalia Naydenova de prouver que la littérature peut enseigner l’histoire d’une civilisation ; Le roi de Kahel, de Tierno Monénembo, récit à travers lequel Meriem Zeharaoui a montré que par l’histoire individuelle d’un personnage donné, ici Kahel, on peut raconter l’Histoire de tout un peuple, ici les Peuls et la conquête africaine.

Ces journées qui ont vu aussi la présentation en avant-première du film d’animation Tales of Africa – qui englobe six histoires autour des contes récoltés d’Afrique centrale et de l’Ouest – ont permis à son réalisateur Djilali Beskri de raconter un peu la genèse de ce remarquable travail artistique, né d’une volonté d’aller de l’avant dans un domaine qui le passionne en fédérant les talents et les capacités de jeunes auteurs bédéistes d’Afrique.

Ce colloque international a pris fin et fut ainsi un rendez-vous fédérateur autour de l’Afrique, sa littérature et ses arts… Sera-t-il fructifié en servant de point de départ d’Alger vers d’autres histoires d’Algérie et d’Afrique ou juste une feuille de route à remettre dans un tiroir ?

La rédaction (avec Samira Bendris)