L’économie africaine de 2008 à 2030: l’optimisme pointe à l’horizon

 

Au Tchad et au Kenya, on peut valablement opposer les cas du Liberia, de la Sierra-Léone et, peut-être, celui du Togo, voire celui de la Côte d’Ivoire. Le pire n’est pas toujours inéluctable en Afrique.

Bien sûr, la crise de la fourniture d’énergie électrique en Afrique du Sud laisse dubitatif. Les attentats d’Aleg et de Nouakchott font craindre une poussée d’actions terroristes en Afrique de l’Ouest où la stabilité et la croissance économique commencent à prendre racine. De fait, rien ne semble plus pouvoir entamer le climat de confiance et d’espoir dans lequel baigne actuellement  le continent.

La conscience de leurs responsabilités
Michel Camdessus, ancien Directeur général du Fonds monétaire international, qui définissait il y a quelques années l’Afrique comme « le défi systémique » du monde, professe aujourd’hui que l’économie de l’Afrique va croître en 2008 plus qu’elle n’a crû en 2007. Signe des temps : l’Allemagne vient de renouer avec le Togo, un pays à la tête duquel se trouve l’un de ces nouveaux dirigeants dont on dit généralement qu’ils ont, plus que leurs prédécesseurs, conscience de leurs responsabilités et de leur mission historique, et qui adoptent des politiques macro-économiques et structurelles plus performantes. La Banque Africaine de Développement (BAD) vient de rendre publique une étude réalisée par un panel de haut niveau qui, en se fondant sur les «changements opérés dans les politiques et […] l’amélioration de la gouvernance et de la gestion», a dégagé une «vision optimiste de ce que l’Afrique peut devenir à l’horizon 2030», un continent «stable, intégré et plus prospère», qui occuperait «la place qui lui revient au sein de la communauté mondiale». La Chine, le Brésil, l’Inde accourent au chevet du continent où ils veulent faire de plus en plus d’affaires. Georges Bush vient d’effectuer sa troisième tournée sur le continent dont est originaire l’un des deux candidats à l’investiture du parti démocrate pour l’élection présidentielle de novembre prochain. Le chef de la Maison-Blanche place cette visite sous le signe d’un engagement africain croissant des Etats-Unis.

Des efforts colossaux
L’Afrique elle-même semble soudain se réveiller. Elle n’a pas craint de dire qu’elle ne voulait pas des Accords de partenariat économiques (APE) que l’Europe lui propose, sous leur forme actuelle. C’est d’ailleurs dans l’Afrique profonde que gît l’espoir. Des efforts colossaux, peu médiatisés, sont en train d’être entrepris, partout sur le continent, pour rationaliser, accroître l’efficacité, l’efficience, la gouvernance, pour optimiser – pour faire le lit du développement en créant un environnement favorable à l’investissement. L’entreprise, en Afrique, est de plus en plus consciente de l’impératif d’améliorer sa gouvernance, comme en témoigne l’entrée en bourse, à Euronext, de la société ivoirienne SIMAT. Selon l’Institut international de la finance (IIF, Washington), le cadre sud-africain de la gouvernance de l’entreprise s’est nettement amélioré et pourrait prochainement satisfaire à 80 % des critères de performance de cette institution pour se classer parmi les plus performants dans les pays émergents. L’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) se démène dans la discrétion pour améliorer la sécurité juridique et judiciaire des affaires en Afrique. Elle travaille également à promouvoir l’arbitrage comme mode de règlement privilégié des différends relatifs au commerce et aux investissements. L’arbitrage étant devenu un enjeu économique mondial, l’Afrique francophone s’est dotée, avec l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage du 11 mars 1999, d’un instrument propre à relativiser sa mauvaise réputation insécurité juridique.

Petit à petit, l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) travaille à minimiser l’incidence de la dégradation des infrastructures sociales, en particulier au niveau des collectivités locales, où leur utilité est la plus évidente.

Une aubaine pour l’Afrique
L’UEMOA, la BAD et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) viennent de recommander une révision des textes juridiques et fiscaux relatifs à l’exploration et à l’exploitation des mines africaines fabuleusement riches afin de mieux attirer les investissements disponibles pour ce secteur (…) L’envolée des cours des matières premières est une aubaine pour l’Afrique. Le pétrole n’est pas le seul produit qui se vend bien […]

Aliou Diongue