Ouaga la rebelle ou comment la réalité sort du cinéma

[Africa Diligence] Ouagadougou est aussi bien la capitale du Burkina Faso que celle du cinéma francophone d’Afrique. La ville qui s’est révoltée le 30 octobre 2014 n’a eu de cesse de se rebeller au gré des FESPACO (Festivals Panafricains du Cinéma). Une série travaillée par la politique intérieure du Burkina et la géopolitique africaine. La réalité sort du cinéma…

Ouagadougou incarne l’Afrique qui émerge

Le FESPACO a été fondé en 1969 à Ouagadougou dans le but de : i) favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain, ii) permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, et iii) contribuer à l’essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que moyen d’expression, d’éducation et de conscientisation. L’engouement suscité auprès du public et des cinéphiles d’Afrique a permis d’institutionnaliser la manifestation en janvier 1972 avec, à la clé, un grand prix dénommé Etalon de Yennenga. Depuis, Ouagadougou n’a de cesse d’incarner une Afrique qui émerge.

La guerre Mali a fortement marqué l’édition 2013

Le « Premier festival de Cinéma Africain de Ouagadougou » s’est tenu du 1er février au 15 février 1969 en présence des représentants de cinq pays africains: Burkina Faso (à l’époque Haute-Volta), Cameroun, Côte d’Ivoire, Niger et Sénégal, ainsi que la France et les Pays-Bas. Au total : 24 films (dont 18 africains) y sont présentés devant près de 10.000 spectateurs. Depuis sa première édition, le FESPACO est intimement lié à la politique intérieure du Burkina Faso et plus généralement à la géopolitique africaine dont il raconte les péripéties. Pour de nombreux analystes, la guerre au Mali, par exemple, a fortement marqué l’édition 2013.

Doter le cinéma africain d’une force de frappe

Cette dernière édition a également été marquée par la Déclaration solennelle de Ouagadougou proclamée par 6 pays lors du colloque sur le « Cinéma et politiques publiques en Afrique ». Le but de la manœuvre : doter le cinéma africain d’une « force de frappe » à l’image de l’évolution socio-économique actuelle du continent. Parmi les réformes annoncées : i) l’accès à la compétition officielle pour les films de la diaspora, ii) la revalorisation des primes pour les lauréats et iii) l’intégration des films de format numérique dans la compétition long métrage.

Le FESPACO a besoin de plus d’investisseurs

Le FESPACO bénéficie du concours financier de plusieurs organisations multilatérales (OIF, PNUD, UNESCO, UNICEF et UE) ainsi que de l’aide bilatérale de l’Allemagne, du Burkina Faso, de la Chine, du Danemark, de la Finlande, de la France, de la Hollande et de la Suède). Mais cet apport reste insuffisant. Le FESPACO a besoin de plus d’investisseurs publics et privés pour raconter, dans les salles obscures, ce que l’Afrique sera demain, à la lumière du jour.

La 24ème édition du FESPACO se tiendra du 28 février au 7 mars 2015 à Ouaga la Rebelle.

(Avec Knowdys Database, FESPACO et WPA)