Renault ou le Tchernobyl de l’IE à la française

Lettre à la Communauté francophone de l’intelligence économique (IE) – Chers consœurs et confrères, n’eussent été les terribles évènements du Japon, nous aurions pu dire, sans risquer d’être qualifiés de cyniques, que la vraie fausse affaire d’espionnage de Renault sonne pour nous comme le Tchernobyl de l’intelligence économique à la française. Le fait est.

En quelques semaines, l’affaire Renault nous a offert les « coupables » dont ont toujours rêvé ceux qui nous paient, accéléré l’inauguration d’une chaire d’IE dans l’une des plus prestigieuses universités de France, aidé à remplir quelques carnets de commandes, et suscité des centaines d’interviews et d’articles de presse dans les principaux médias francophones.

Professionnels de l’IE, nous avons tous profité de cette effervescence qui montrait enfin aux yeux de l’opinion combien nous sommes indispensables aux entreprises (et à nos fleurons industriels en particulier)  face à l’exacerbation de la concurrence dans l’ordre international. Professionnels de l’IE, nous devons tous faire face à l’explosion de cette incroyable affaire et tirer ensemble toutes les conséquences qui en découlent, et dans les meilleurs délais.

J’entends d’ici certains répliquer qu’ils ne sont guère concernés par « cette escroquerie au renseignement » qu’il est du reste malheureux d’associer à  de  l’intelligence économique. Je les rejoins. C’est d’ailleurs au nom de ces «survivants » que je suggère l’organisation en France des « états généraux » de l’intelligence économique francophone.

Je mets des guillemets à ces « états généraux » car j’estime qu’il est de la responsabilité, non pas de l’Etat, mais bien des associations et des syndicats professionnels de les organiser. J’emploie l’adjectif « francophone » car ce qui a cours en France, y compris en « intelligence économique », peut avoir un effet contagieux sur les pays ayant en partage le français.

Notre  plus grande erreur serait de rester calfeutrés, chacun chez soi, attendant que le nuage de honte qui nous accable passe. Car plus rien ne sera comme avant. « Une seule dent vous fait souffrir et c’est toute la bouche qui enfle», dit un proverbe africain. Pour l’instant, on ne peut pas pire qu’avec Renault. Mais demain peut être meilleur si on apprend d’aujourd’hui.

Confraternelles salutations,

Guy Gweth

Fondateur de Knowdys