Un ancien patron du Renseignement français crée un cabinet d’intelligence économique

Le préfet hors cadre Bernard Squarcini va monter sa structure de conseil en intelligence économique. L’ancien patron de la direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), débarqué et qui a quitté ses fonctions le 31 mai dernier, bascule dans le privé. Il va notamment travailler pour Bernard Arnault et le groupe LVMH.

Ce n’est pas la première fois que le groupe de luxe utilise les services de structures spécialisées en intelligence économique. Dans son livre, L’Ange Exterminateur (Albin Michel), paru en 2003, Airy Routier révélait les différents contrats qui liaient le groupe de luxe à l’agence Kroll largement utilisée dans le cadre de la guerre que PPR et LVMH se sont livrés notamment pour le rachat de la marque italienne Gucci.

Bernard Arnault a toujours mis un soin particulier à s’entourer des meilleures éminences grises. Des têtes bien faites issues de tous les bords de l’échiquier politique et capable d’être des relais efficaces à tous les échelons du pouvoir. A droite, le groupe dispose de puissantes connexions grâce à Nicolas Bazire, numéro trois du groupe mais surtout ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur et visiteur du soir de Nicolas Sarkozy. Il y a bien sûr aussi Bernadette Chirac qui ne rate aucun conseil. Jusqu’à son départ cet automne, le groupe avait aussi fait appel au service de Patrick Ouart, ancien conseiller justice de Nicolas Sarkozy. On peut aussi citer Yves-Thibault de Silguy, ancien conseiller économique de Jacques Chirac à Matignon, qui conserve un excellent carnet d’adresses à Bruxelles en tant qu’ancien commissaire européen (1993-1995).

Le dossier Hermès en ligne de mire ?

Mais à gauche, le groupe n’est pas totalement désarmé. Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l’Elysée sous Mitterrand siège toujours au conseil de LVMH. Depuis que la gauche est au pouvoir, Marc-Antoine Jamet, le secrétaire général du groupe, est plus que jamais un pivot essentiel. Cet ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius est aussi un proche d’Henri Emmanuelli. Il vient, cette année, d’être élu à la tête de la fédération du parti socialiste de l’Eure. Il dispose aussi d’un carnet d’adresse non négligeable dans les médias notamment audiovisuel. Enfin Christophe Girard, le directeur de la stratégie mode du groupe, n’est autre que le maire socialiste du 4ème arrondissement, également maire adjoint de Paris en charge de la culture et conseiller régional d’Ile de France.

Pourquoi, fort de personnalités aussi qualifiées, LVMH aurait-il encore besoin des services de Bernard Squarcini ? « Bernard Arnault aime s’entourer des meilleurs dans leur domaine, répond un proche, n’oubliez pas que le dossier Hermès n’est pas totalement bouclé ». Il y a un volet judiciaire qui a été ouvert à la suite de la plainte déposée par Hermès en juillet. Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Paris et un juge d’instruction pourrait être nommé courant janvier. Il y a aussi un volet économique. Bernard Squarcini pourrait récupérer des informations précieuses sur les intentions des héritiers Hermès. Toujours bien utile pour prendre encore quelques participations au capital du sellier.

Thiébault DROMARD

Source : Challenge.fr