Pour des réformes du secteur financier sierra-léonais

(Africa Diligence) En 2013, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que le PIB de la Sierra Leone a atteint 4,6 milliards USD et que 52,9 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. De 2008-2011, l’union européenne a consacré 1600 milliards d’euros (soit 13 % de son PIB annuel) au sauvetage de son secteur bancaire. Malgré les efforts pour l’améliorer, les spécialistes en intelligence économique d’Africa diligence pensent que le secteur financier sierra-léonais a besoin de réformes importantes.

Le secteur financier est constitué essentiellement du secteur bancaire et du secteur de l’assurance, chacun de ces deux secteurs étant placé sous le contrôle d’une autorité de régulation distincte. En 2011, la Sierra Leone a adopté une stratégie complète de réforme du secteur financier, qui visait à renforcer le contrôle bancaire, à promouvoir la concurrence, à améliorer l’accès au crédit auprès des banques commerciales et à améliorer le système des paiements. La banque centrale a relevé le niveau minimum des fonds propres pour toutes les institutions financières agréées, afin de renforcer la stabilité du système financier. En dépit des améliorations significatives et de l’expansion impressionnante, le secteur financier demeure toujours contraint par des coûts élevés de financement, des frais d’exploitation importants, un niveau de crédit faible au secteur privé, une infrastructure limitée au niveau des succursales bancaires, et un manque de concurrence dû à une forte concentration dans le secteur bancaire.

La majorité de la population sierra-léonaise n’a pas accès aux services financiers formels et l’industrie de la micro-finance se trouve encore à un stade initial de développement. Deux banques de développement opèrent dans le pays : la National Development Bank et la National Cooperative Development Bank. Ces deux institutions sont principalement engagées avec le secteur de la micro-finance dans les centres urbains. Les associations rotatives d’épargne et de crédit (AREC) sont courantes dans tout le pays et servent de mécanismes permettant aux populations de faire des économies pour payer les frais médicaux, la dot et les frais de scolarité. La discipline en matière de crédit est assurée par le biais de sanctions au sein de la société.

En 2013, il a été constaté que le secteur financier sierra-léonais a connu une forte expansion au cours des cinq dernières années. Ce qui s’est traduite par une forte augmentation du nombre d’établissements bancaires et financiers suite aux hausses significatives des investissements directs étrangers (IDE). L’on a observé parallèlement un accroissement du nombre de services et produits financiers. La densité du secteur financier est également très faible, en raison de l’absence d’un marché boursier viable et de l’absence d’un système de notation du crédit souverain. Des progrès notables ont été enregistrés dans la mise en conformité des directives prudentielles avec la loi bancaire de 2011, tandis que l’activité de surveillance et de contrôle est assurée par la Banque de Sierra Leone.

Le pays affiche un faible taux d’accès au crédit, notamment pour les populations rurales démunies et, en particulier pour les petits exploitants agricoles et les petites et moyennes entreprises (PME) en raison du niveau élevé des taux d’intérêt. Les banques commerciales ont une capacité limitée d’évaluation du risque de crédit. Les droits de propriété sont insuffisamment protégés, les moyens légaux d’obtenir le remboursement de sa dette étant limités et peu d’informations accessoires sont disponibles sur les créanciers. Les taux d’intérêt des prêts commerciaux ne cessent cependant de baisser, passant de 22 % en 2010 à 15 % en 2013, grâce à la récente politique du gouvernement consistant à limiter les emprunts sur le marché financier. Les restrictions sur les financements à long terme sont importantes et freinent la croissance des entreprises nationales et les flux d’IDE au niveau régional.

(Knowdys Database, avec Banque mondiale, Making finance work for Africa et Perspectives économiques en Afrique)