Uranium – L’incroyable pari iranien de Bangui

Pendant que Barack Obama réunissait 47 pays à Washington les 12 & 13 avril 2010 autour de la sécurité nucléaire, Ahmadinedjad tenait un sommet parallèle. Parmi les 8 ministres des affaires étrangères présents à Téhéran, figurait le Général centrafricain Antoine Gambi…

Par Guy Gweth

Durant 48 heures, les participants à la conférence iranienne ont – à  leur manière – discuté du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques […]. Aux Occidentaux qui continuent de batailler aux Nations Unies  pour arracher des sanctions dures contre le programme nucléaire iranien, Ali Khamenei a tenu à réaffirmer que l’utilisation des armes nucléaires est « haram » (c-à-d interdite par l’islam).

Insuffisamment décryptée, la participation de la république centrafricaine (RCA) au sommet de Téhéran suscite des interprétations négatives au sein d’une partie de la classe politique et des représentations diplomatiques à Bangui. S’appuyant sur la visite du Président Bozizé à Caracas en septembre 2009 et de deux déplacements au Venezuela de Sylvain Ndoutingai, ministre des mines, certains services étrangers ont vendu « la menace » d’un « axe Bangui-Caracas-Téhéran-Pyong-Yang » de trafic d’uranium à des « médias amis » qui se plaisent à la relayer. A ce stade, on notera qu’aucun de ces médias n’a révélé l’objectif stratégique des attaques de la LRA, début février 2010, contre les populations de Nzako (localité minière située à 60 Km de Bakouma, où Areva exploite de l’uranium, à l’est du pays), encore moins les enjeux géostratégiques sous-jacents.

Outre les représentants de l’ONU, de l’AIEA, de l’OCI et de la RCA, le Sommet de Téhéran a réuni les ministres des affaires étrangères d’Arménie, d’Irak, du Liban, d’Oman, de Syrie, du Turkménistan et du Swaziland, des vice-ministres de Russie, du Qatar, des Emirats arabes unis, ainsi qu’un « assistant spécial du ministre chinois des Affaires étrangères ». Les analystes relèvent que Pékin et Moscou étaient représentés à Téhéran et Washington au même moment…

On peut comprendre l’extrême difficulté des autorités de Bangui à communiquer sur la stratégie en cours, mais encore faut-il parler le même langage que les alliés et avoir sa propre histoire à faire raconter.